Daevone Grant

Sydney, l'une des plus grandes villes d'Australie, mais aussi ma ville natale et théâtre d'un phénomène atroce...

On était sur le bateau de notre père, ma soeur, mon frère et moi. On naviguait paisiblement dans les eaux de la mer Tasman, un peu trop loin de la rive, il faut se l'avouer. Ma sœur finissait ses dérivés dans la cabine, tandis que j'étais assise sur le devant, regardant mon frère plongé dans l'eau. Je n'avais que 6 ans et lui 12, rien de tout cela n'aurait dû se passer. Alors qu'il nageait, une force le saisit, le maintenant sous l'eau. Il essaya de remonter quelques fois, mais ce combat été perdu d'avance. Je restais tétanisée sans pouvoir ni pleurer ni hurler. Je ne savais pas nager, je ne pouvais pas le sauvé, mais ma sœur aurait pu. J'avais les yeux rivés sur le sang qui se diluait dans l'eau et sur cet aileron que j'aperçus fuir à l'horizon. J'attendis assise plus d'une heure, presque incapable de respirer ou même de souffrir, mais enfin elle arriva. Je me souviendrait toute ma vie de l'air enjoué qu'elle avait emprunté quand elle m'a rejoint. Elle eu le malheur de me demander où était mon frère et ce fut comme un coup de poignard dans le ventre, comme une corde au cou. Pour la première fois, je fus capable de ressentir quelque chose. J'ai pleurer, pleurer, encore et encore à ne plus savoir m'arrêter. Je me suis relever brusquement et jeter sur les petites barrières du pont en espérant que je me sois assoupis un instant. Je me souviens plus de ce qu'il s'est passé après. Depuis ce jour, je suis aquaphobe, je n'ai jamais appris à nager et la seule sensation de me sentir dans un espace liquide où je n'ai pas pieds me fait paniquer. J'ai constamment ces images qui me reviennent quand j'ose fermer les yeux. Il m'est arrivé plusieurs fois de ne pas dormir à cause de ça. Je fus la plus atteinte dans la famille et mes parents décidèrent de déménager  pour Canberra. Il m'a fallut un an pour m'en remettre, enfin remettre est un bien grand mot, connaissant mon état passé, oui, on peut dire que je m'en sois remise. Pendant un an, j'ai refusé de manger, j'ai arrêté la danse, alors que c'était tout pour moi, je m'étais enfermée dans un mutisme quasi permanent, mais le déménagement m'a paru comme un déclic, un nouveau départ, certes je n'oublie pas ce qu'il s'est passé.

Bon passons à quelque chose de plus gaie. Je suis née dans une famille bien placée, mon père était architecte et ma mère agent immobilier. Tous deux gagnés plutôt bien leur vie. A l'âge de 4 ans, ma mère m'inscrit dans une école de danse sans que je lui donne la permission. Elle avait toujours rêvé de devenir une grande danseuse mais elle n'a jamais pu y arriver. Elle avait voulu que ma sœur en soit une, mais son refus était clair. J'ai alors fait mes deux premières années à Sydney avant de décrocher. Quand on fut arrivé à Canberra, mes parents divorcèrent, car il ne s'aimait plus, mais la raison on la connait tous, mon père avait trouvé plus jeune et ma mère avait trouvé plus téméraire. Que peut-on y faire ? J'ai alors noyé ma tristesse et mon désespoir dans ce que je faisais le mieux; danser. Il m'a fallut plus de 2 ans pour rattraper le retard et la perte que j'avais accumuler, mais je n'avais rien lâcher. Je séchais les cours pour la salle de danse ou le gymnase. De toute façon tout était mieux que de rester assise sur une chaise à côté de quelques pauvres imbéciles qui ne passent le plus clair de leur vie à vous rappeler que c'est vous qui auriez du mourir, parce que bien évidemment, une histoire pareille ne s’efface pas, non, elle s'étend, elle se répand, elle se déforme au creux des dents et lorsque vous êtes en êtes l'unique témoin, vous ne passez pas au de-là des non-dits et autres critiques, des insultes, des commérages et sous-entendus.

Je n'ai jamais eu d'amis, je suis incapable de m'en faire, mon esprit, mon corps le refuse, je suis condamnée à vivre dans une solitude maladive et destructrice. Je me dis que tout cela est ma faute, d'autres me disent que je serais morte si j'avais fait quelque chose. Ce qu'ils ne semblent pas savoir c'est que je le suis déjà intérieurement.

J'ai découvert mon don il y a 2 ans. Ma mère était partie pour un week-end de "relaxation" et ma sœur eu la merveilleuse idée de fêter ses 25 ans à la maison. Vous connaissez le topos. C'est enchaîné alcool, musique, promiscuité et tout ce qui va avec. J'étais pas à mon aise et comme il fallait s'y attendre, les voisins n'étaient pas d'accord avec ce qu'il se passait au bord de notre piscine. Ce fut très rapide. Deux agents ont débarqués dans le jardin, ont saisit ma sœur et l'ont emmenés. Dans l'affolement général, une des centaines de personnes invitées, m'accorda un magnifique coup de coude dans le dos, et sans que je me rendes compte de ce qui m'arrivait, je fus plongé dans l'eau chlorée. Tout c'est mis en place; La réalisation, la panique, puis la noyade. Comme le dit si bien Freud; “Au fond, personne ne croit à sa propre mort, et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité.”. Il avait raison pour une fois, je me sentais libre, je n'oubliais pas ma peur, bien sur, mais c'était différent...

Puis je vis cet homme vêtu de noir s'approchait du bord de la piscine alors que j'étais étonnamment encore consciente au fond de l'eau, cela devait faire presque une heure que j'étais là. Il me regardait avec des yeux vides de compréhension, mais il en avait assez pour me faire sortir de ma prison aquatique. Remarque, il n'en n'eut pas le temps, c'est comme si les forces sous-marines me poussées vers la surface. C'est seulement quand j'eusse réussi à en sortir, que l'inconnu me tendit la main, me laissant avec mes interrogations. La seul chose que je savais de lui était la petite étiquette qu'il tentait de camoufler en dessous de son manteau noir. Cette dernière laissait apparaître; Le Passeur...