Parler pour affronter la nuit.

Parler pour affronter la nuit

Après avoir quitter le bureau de Maugrey, je me dirige vers la fameuse chambre. J'ai récuperé quelques affaires dans mon dortoir afin de pouvoir avoir un minimum de confort. Je m'installe donc en grognant, déposant mes affaires sur le sol sans trop de délicatesse. Quelle idée de nous enfermer là.. Comment on pourrait arriver à aller mieux si on nous prive de liberté ? Franchement.. Qui a eu cette brillante idée ? Il faudra que j'aille le féliciter. Lowell a bel et bien gagné. Complétement. Je soupire en m'asseyant sur le lit, en face de ma pile d'affaire. J'ouvre alors mon sac, lentement. Je sais que je n'aurai pas dû, que c'est une mauvaise idée.. Mais au point où j'en suis de toute manière. Je sors un ours en peluche du sac et le prend dans mes mains. Je l'observe sans rien dire.

- Tu sais, petit ours, ton propriétaire est un fin stratège. Ça ne m'etonnerait même pas qu'il ait placé une bombe dans ton cœur. Avec lui tout est possible. Tout. Mais tu sais.. Je ne lui en veux pas vraiment pour ce qu'il a fait. Je n'y arrive pas. Je suis pathétique, n'est-ce pas ? Incapable d'être en colère contre l'homme qui.. Rit. Tu sais, j'ai appris pas mal de chose grâce à lui. On ne peut avoir confiance en personne. Les gens sont mauvais, ils ne te veulent que du mal. Derrière chaque sourire se cache un poignard éguisé. Une fois que tu donnes ta confiance, une fois qu'ils assurent tes arrières.. Ils te pognardent. Dans ce monde, l'amitié n'est qu'une illusion. Ça n'existe pas. Tout comme l'amour. Ne crois jamais en l'amour petit ours, car au moment où tu penses toucher au bonheur.. Une ambuscade se prépare contre toi.

La seule personne en qui je peux avoir confiance, je vis à ses dépends. La seule personne qui peut m'aider, je l'ai toujours emmené dans la galère. À chaque fois, à cause de ma stupidité, on a risqué nos vies. Et je le paye encore aujour'hui.

- Les gens qui te parle de redemptions vivent dans le mensonge.. Le pardon est une belle connerie. On ne cesse jamais de payer pour ses erreurs du passé. Jamais.

Je m'allonge sur le lit tout en tenant l'ours, ne le lachant pas du regard. Je sais très bien que ce n'est qu'une peluche. Un vulgaire jouet pour gamin. Mais ce n'est pas n'importe lequel.. Il s'agit de celui de Lowell Walker.

- Tu sais petit ours, je sais que tu n'es responsable de rien.. Mais je ressens comme une furieuse envie de t'arracher la tête..

Je pose alors l'ours à côté de moi en soupirant. Il n'y est pour rien, il n'a même pas d'âme ni de conscience. Comme son proprietaire d'origine. Je continue de l'observer avant de fermer les yeux..

- Alec, je sais que tu ne m'entends pas. Mais la nuit approche et je n'aime pas ça. Tu sais comme je hais la noirceur de la nuit, comme je deteste cette sensation. Je marque une pause afin de prendre une grande inspiration.. Tu sais, je m'en veux d'être toujours dans tes pattes.. Je ne suis certainement pas le cousin que tu aurais voulu avoir. J'essayerai de devenir quelqu'un de bien, je te le promet. Je veux que tu sois fier de moi.. J'ai encore un long chemin a parcourir pour arriver jusqu'à là, je le sais. Mais je ferais de mon mieux. Je suis trop faible. Je ne sais même pas me défendre seul.. J'ai toujours eu besoin de toi. Tout le temps. À chaque instant. Parce que je ne suis pas sûr de moi, je doute beaucoup.. Et puis je suis maladroit. Très maladroit. Alec, si je te promets que je deviendrai quelqu'un de bien.. Est-ce que tu accepteras de me pardonner ? Je me sens perdu sans toi. Lowell me disait la même chose que toi.. Qu'il va falloir que je me débrouille sans toi parce que tu ne seras pas toujours là.. Comment veux-tu que j'y arrive.. ?

Je garde mes yeux clos et me frotte le visage à l'aide de mes mains. Je me sens vide  épuisé. Mais je ne veux pas dormir. Si je dors, je vais encore faire des cauchemars. Je suis un lâche, je sais. Je suis méprisable.. Je fuis même le sommeil parce que j'en ai peur. Lamentable. Minable. J'ouvre les yeux.. Je suis seul. Complétement seul. Il n'y a que Petit ours et moi. Je pose une de mes mains sur lui avant de laisser mes larmes rouler le long de mes joues avant de s'écraser sur les draps.

- Viens me chercher, Alec.. Viens me chercher.

Je parviens à atteindre les couloirs sombres de l'école. A l'aide une flamme créée par mes soins, je l'éclaire pour apercevoir la salle donnée, grâce à ce cher Dredon. Pour une fois qu'il sert à autre chose qu'à lécher les bottes de Maugrey. Enfin arrivé, je prends la poignée et ouvre délicatement la porte pour la refermer derrière moi. Avec un peu de feu, je la fonds, de telle sorte qu'on ne puisse plus rentrer.

En me retournant j'aperçois Zephyr et le scrute de haut en bas. Mon cher cousin, qu'avait-il fait? Que ce que Lowell avait fait de toi pour que tu finisses interné tel un fou dans un asile? Je me rapproche, ma main me servant de bougie et aperçois son visage. De mon autre main, j'essuye ces larmes qu'il fait couler lors de son semi sommeil. Dans un murmure je prononce son nom mais il ne réagit pas.

-Zephyr, dépêche toi. Ce n'est pas Dieu qui te parle dans ton sommeil, c'est moi, Alec. Quoi que ça revient un peu au même...

En disant cela, j'allume les bougies présentes dans la piece pour me libérer de me mes mains et ranger ses affaires dans un sac. Zephyr ne semble toujours pas bouger. Il doit être bien trop épuisé, surtout s'il s'est passé ce que je pense qui s'est passé. Je ferme son sac et me rapproche encore de lui, lui enlevant une mèche qui tombe sur ses yeux. Je lui descends sa couverture pour qu'il puisse me voir et confirmer qu'il ne s'agit pas d'une blague, mais bien d'une évasion digne de celles qu'on voyait à la télé étant petiots. Il ne réagit toujours pas. Que faire? Je prends le sac derrière moi et le mets à mon dos. De mes deux bras, je mets ses membres autour de mon cou et je soulève son corps pour l'emmener avec moi, en toute précipitation. On transplane donc vers un des hôtels de la galerie marchande.

De retour en prison.

-Tu vas rester là-bas combien de temps?

Le ton de sa voix est sec, glacial. Je fronce les sourcils et croise les bras afin lui montrer que moi non plus ça ne m'enchante pas d'être coincé là dedans sans pouvoir sortir. Parce que lui, il s'en fiche, il peut vagabonder à droite ou à gauche alors que moi je dois rester la dedans nuit et jour. Je soupire un instant avant de lui répondre.

- J'en sais rien. Quand Maugrey aura décidé que je n'étais plus fou.

Je ne vois pas en quoi cette chambre est un dispositif de protection. J'ai plutôt l'impression que c'est l'école qu'elle cherche à protéger de nous en nous exilant ici. Comme des fous. A croire que l'école possède son propre asile. Je me mets à rire légèrement, c'est Lowell qu'elle aurait du envoyer ici. J'aurais pu passer le voir tout les jours et lui jeter des aiguilles à chaque fois que je passerai devant sa piole.
Malheureusement ici, la justice se fait à l'envers. Finir en prison parce qu'on est incapable de se défendre, c'est quand même triste.

Après m'avoir ramené ici, Alec se retire. Rentrant dans son dortoir. L'escapade fut courte mais importante. Je ne sais pas combien de temps nous allons rester ici en captivité. Je pose mes affaires dans un coin, je rangerai plus tard, et je me dirige vers mon lit. Je remarque que l'ours en peluche et resté là. Je me tourne vers lui et passe ma main sur son pelage doux.

- Je pense que je t'ai adopté petit ours. Tu appartenais à la pire personne que j'ai pu croiser de ma vie mais.. Je ne peux m'empêcher d'avoir de l'affection pour toi.

Je termine ma phrase par un soupire. J'attrape l'ours en peluche et le serre contre moi avant de fermer les yeux.

Zephyr Ó Broin

Après une journée dans cette chambre sans en sortir, je me sens vidé. Qu'est-ce que fais là ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je le vis comme une sorte de punition.. Oui, une punition. Être ici sans pouvoir en sortir me ronge. Je deteste être enfermé. Je me sens mal, comme un animal en cage. J'ai beau retourner ne problème dans tous les sens possible.. Je ne comprends pas la décision de la directrice. En quoi nous tenir loin de tout est un moyen de nous "aider" ? Nous aider à quoi d'ailleurs.. À nous rendre plus fou ? Si c'est le cas, c'est plutôt réussi.
Je me tourne et me retourne en cherchant le sommeil qui ne viendra pas. Le sommeil ne vient jamais. Je n'ai même pas envie qu'il vienne.. Mes cauchemars me font peur. C'est le principe d'un cauchemar, je sais bien, mais j'ai l'impression que ça va au delà de la peur. Il me suffit de fermer les yeux pour tout revivre. Dans les moindres détails. Je soupire d'agacement. Je n'aime pas la solitude.
Ce soir, je suis seul. Je ne sais pas où est Lura, la jeune fille que Maugrey a eu la bonne idée d'enfermer dans la même galère que moi. Je ne la connais pas, mais j'ai envie de la connaître. J'ai envie de comprendre pourquoi c'est elle que Maugrey à choisi. Pourquoi sacrifier cette jeune fille en l'enferment ici avec moi ? Je ne la connais pas. Je ne l'ai vu que deux fois dans ma vie. La première à l'étang après un de mes voyages dû à ces foutus éternuement. Je n'ai pas vraiment pu lui parler.. Et je ne me souviens pas avoir déjà entendu sa voix. Je l'imagine avec une petite voix douce. Quelque chose d'apaisant.. Ou de meurtri. Il doit bien y avoir quelque chose qui cloche avec elle si Maugrey pense que nous pouvons nous aider. La seconde fois où j'ai pu la voir, elle était assise sur cette chaise en bois, face au bureau de la directrice. La non plus, il ne me semble pas avoir entendu sa voix. Ou alors, j'étais tellement furieux contre cette idée stupide que je ne l'ai pas entendu. Je ne sais plus. Je ne sais pas.
Mon regard reste figé, fixant le plafond. J'ai eu le temps de le détailler toute cette après-midi. Mon dieu.. Je veux sortir d'ici, je veux allé marcher quelque part. Parler à quelqu'un d'humain. Raconter ma vie à un ours en peluche devient sérieusement pesant. J'ai l'impression de retomber en enfance et c'est quelque chose qui me fait vraiment peur. Ça me fait penser à Lowell. Il a certainement raison, je ne suis pas fait pour le monde adulte.
Il faut que je sorte d'ici. Cet ours va me rendre fou. Je ne supporte plus les deux billes de verres noires lui servant d'œil. Il me fait penser à Lowell lui aussi et ce n'est vraiment pas le moment.. Vraiment pas. Je me demande bien comment Lura a réussi à s'échapper d'ici..
Je me lève alors et ouvre la fenêtre. Je m'installe sur le rebord et observe le ciel. J'ai envie de m'envoler mais le ciel noir me fait trop peur. Cette noirceur pourrait m'envelopper et me dévorer. Je reste donc assis là, impuissant. Le regard rivait sur le ciel. Je sens alors mon cœur se serrer et cette envie de vomir qui me reprend. Je sais que ce n'est pas vraiment une réelle envie. Juste l'image de tout mon dégoût qui anime mon corps. En fin de compte, je ne suis rien de plus qu'une marionnette. Un simple objet animé par un semblant de vie. Un frisson traverse alors mon corps.

-Il n'y a plus d'étoile dans le ciel. Dis moi maman, où es-tu ce soir ?

Ma gorge semble se nouer. J'ai envie de partir, mais je n'ose pas sauter. Le monde est trop sombre et je n'ai pas de lumière pour m'en sauver. Je suis la définition même de pathétique. Je regarde le temps glisser sous mes yeux, sur mon corps.. Et je le laisse filer sans essayer de l'arrêter.

Après le réfectoire.

J'arrive dans la chambre en douceur. Zephyr est là au bord de la fenêtre et semble pensif. A vrai dire, c'est la seule chose qui lui reste à faire dans cet endroit sinistre: penser. J'observe la chambre en coup de vent et aperçois deux lits parfaitement faits et vides, comme s'ils n'avaient jamais été utilisé. Je m'approche de Zephyr en essayant de ne pas l'effrayer. Ma main chaude caresse son visage qui, au toucher, semble glacial. Je le regarde et sans son autorisation je le porte à son lit pour fermer la fenêtre ensuite ainsi que les rideaux. J'allume la lumière et la rends faible pour ne pas que cela agresse les yeux.

-Tu vas attraper froid en restant comme ça, malheureux! Tes éternuements vont recommencer et tu vas râler encore, lui dis-je en rigolant.

Mon sourire s'efface car celui de Zephyr ne semble pas bouger d'un poil. J'essaie de détendre l'atmosphère mais c'est assez difficile. Je l'étire et me craque le dos, ainsi que les mains. Je me laisse tomber sur l'autre lit, place mes mains derrière la tête et croise les jambes attendant désespérément un son sortir de sa bouche.

Je laisse Alec me porter jusqu'a mon lit et ne réagis pas pour l'instant. Bizarrement ce soir, je n'arrive pas à revenir à la réalité. Je reste bloqué dans mes pensées. Il faut que je les chasse. Je secoue alors rapidement mon visage avant de me rendre réellement compte de la situation. Mon cousin est là. J'ai entendu sa voix il y a quelques secondes sans réellement comprendre ce qu'il a dit. Peu importe.
Je me redresse doucement et l'observe. Il semble être de bonne humeur, c'est une bonne chose. Je n'ai pas le droit de mettre à mal l'humeur de Alec. Je baisse les yeux, cherchant quelque chose à dire.. De positif obligatoirement. Reflechis Zephyr, reflechis. Quelque chose de doux, leger.. Tout mais pas sinistre. Je grogne légèrement, me prenant la tête entre les mains. Je ne vais pas rester une heure à reflechir pour rien, je me lance. Ça passe ou ça casse..

- Il a fait beau aujourd'hui..

Ça casse. Bravo l'imagination. Rien de plus chiant que les sujets sur la météo.. Je laisse échapper un soupire. Rattrape toi. Rattrape toi. Et vite si possible.. Pourquoi rien ne me vient jamais quand j'en ai besoin ? Je râle contre moi-même. Je suis pourtant rempli d'idées d'habitude !

- J'aurais bien voulu te parler de cerf-volants, de leur beauté, leur légereté.. Mais ça me fait chier les cerf-volants. Y a rien de plus con qu'un truc que tu envoies en l'air. Encore si c'était télécommandé et que tu pouvais choisir sa destination, pourquoi pas. Mais là, la moitié du temps ça fini coincé dans un arbre ou la corde se casse et impossible de le récuperer.. Non vraiment, ça me fait chier.

Niveau sujet positif on repassera. Y a des jours comme ça, il faudrait retirer le droit de parole, et de penser, à certaines personnes. Exemple : Moi. Non sérieusement, heureusement que je m'étais mentalement ordonné de choisir un sujet positif pour me rattraper.. Sinon je veux même pas imaginer la gueule du sujet que j'aurais pu lancer. Je passe mes mains sur mon crane et le frotte, me décoiffant par la même occasion. Allez Zephyr, essaye de penser correctement. Comme une personne normale. De quoi parle les gens normaux.. De leur histoires d'amour ? Ouais enfin dans mon cas ça reviendrait à parler du néant. Il doit bien y avoir d'autres sujets exploitables.. Quelque part. Je soupire à nouveau, frustré. Je suis de plus en plus vulgaire et je soupire plus qu'avant. Je deviens ce qu'on appelle un connard moyen. C'est une mauvaise chose.

- Tu as une idée de sujet de conversation ou d'un truc qu'on puisse faire ? Non parce que ça sert à rien que tu viennes me voir si c'est pour se faire chier comme des rats morts.

Zephyr me parle du beau temps de dehors alors qu'il fait nuit. Je trouve cela étrange. Il ne doit pas avoir grand chose à dire. Il enchaine avec sa théorie des cerfs-volants mais il semble les jeter de sa vie. En plus d'avoir pris sa virginité, Lowell lui aurait-il pris sa légèreté, son insouciance et son optimisme? Il en fallait un entre nous de Candide, mais il s'avère qu'on soit à présent tous les deux Martin. Je regarde le plafond sans rien dire. A quoi bon répondre? Mais il commence à reparler, insinuant que je ferais mieux de partir si on n'avait rien à dire. Je fronce les sourcils, me sentant agressé par son ton. Je me relève et m'avance vers lui d'un pas décidé. Je lui prends les épaules et le secoue violemment.

-Je sais qu'on est tous différents face aux situations mais réveille toi bon sang! Je ne te demande pas d'être aussi fort que moi, car comme moi tu sais que c'est impossible mais bouge toi! Tu as traversé une épreuve rude et difficile, bien. Comme beaucoup de personnes. DONC MAINTENANT TU VAS ME FAIRE LE PLAISIR DE REMONTER CETTE PUTAIN DE PENTE! Tu ne vas pas t'acharner sur ton sort comme une victime. Tu en es certes une, mais qui ne l'a pas été une fois dans sa vie ? Tu ne vas pas tombée si bas et je sais que tu ne le veux pas! Sois un homme, un vrai. C'est avec les expériences qu'on arrive à se forger un caractère et tu ne peux pas me dire qu'on en a pas assez vécu. Donc MERDE à la fin!

La lumière a cessé d'éclairer. J'ai certainement été trop fort mais il en a besoin. Il a besoin qu'on lui dise les choses. Je me redresse et me passe une main dans les cheveux en les tirant un peu entre mes doigts. Je respire un grand coup. J'aurais pu le frapper à ce moment mais je n'allais pas le brusquer plus. Je me tourne dos à lui.

-Maugrey a eu tort de t'enfermer ici, je le sais. Ça ne changera rien et n'améliorera pas ton cas, au contraire. Soit tout ça est un complot de Lowell, soit elle est vraiment idiote, bien que j'ai un penchant pour la deuxième raison.

Je fais les cents pas dans la pièce et garde le silence. Les talons de mes chaussures résonnent 'sur le plancher. Je laisse échapper des "putain" de colère dans des murmures. Je dois dire quelque chose pour le rassurer, mais quoi? Je me retourne le cerveau pour lui sortir au moins une phrase de positif mais qu'il ne s'attende pas à un désolé, car je ne le suis pas. Je m'approche de lui mais me distance de quelques mètres. Je l'éclaircie la voix pour en faire sortir un ton bienveillant.

-Écoute, la vie est dure et n'est jamais rose. Il y a une phrase qui décrit cela mais je ne l'ai plus en tête. Peu importe. Je serais toujours là pour toi, pour t'aider dans n'importe quelle situation mais il faut que tu y mettes du tien. C'est comme toutes les relations, lorsque ça passe d'un côté, ça ne sert à rien. Tu n'es pas seul bien que tu puisses pensée le contraire. On est deux. Toi et moi contre le monde entier. Donc ne perds pas espoir. Jamais. La lumière qui brûler dans tes yeux, cette joie de vivre, elle reviendra. Il lui faudra du temps certes, mais on la réallumera. Ensemble.

Je me retourne et me dirige vers la porte, prêt à partir. Après ces discours, il m'en voudra toute la vie, je le conçois. Je baisse la tête, et traine des pieds. La lumière de la pièce réapparaît.

Je regarde Alec se diriger vers la porte et je ne peux retenir un petit rire. Petit rire qui se transforme rapidement en un rire proche de l'hystérie. Il ne dure que quelques secondes avant que je me relève et avance de quelques pas.

- Je ne suis pas une victime. Je n'ai rien d'une victime. Alors non, je ne suis pas aussi fort que le grand Alec, c'est certain. De toute manière, personne ne t'arrive à la cheville, n'est-ce pas ? Un nouveau rire vient me secouer avant que je ne puisse continuer. Non, personne. Absolument PERSONNE. Parce que tu es un héros.. Et moi une merde. Il faut toujours, dans un duo, le grand héros parfait que la foule acclame, et son compagnon complétement naze qui ne sert à rien. Je suis la seconde personne. Alors oui, la famille c'est important et bla, bla, bla. Je suis d'accord avec toi. Et tu sais que je t'aime bien plus que ma propre vie. Je m'en fiche de mourir pour toi. Ça ne me fait rien, parce que contrairement au héros, je n'ai rien à perdre. Et j'en suis fier. Très fier. Tu ne peux pas m'enlever cette fierté. Du moins, tu ne pouvais pas. C'est bête..

Je souris grandement et m'approche un peu plus de toi. Je sors alors un paquet de cigarette de ma poche, j'en prends une et te donne le paquet pour que tu te serves. J'attrape alors le briquet dans mon autre poche et allume ma clope. Je tire deux bonnes lattes et te regarde, toujours mon sale sourire collé au visage.

- Tu es beau, Alec. Vraiment très beau. Un homme viril, fort, avec beaucoup de qualités. Et surtout, tu forces au respect. Tu es bien le seul. On a traversé des galères horribles ensemble, oui. On s'en est toujours sorti, oui. Mais pourquoi ? Parce qu'on était deux. On était tout les deux putain. Je marque une pause et tire une autre latte. Tu auras beau me dire et me repeter que cette fois-ci aussi.. Je te dirais que non. Non, cette fois-ci on est pas deux. Mets toi à ma place, juste cinq minutes. Pas plus. J'vais pas te demander de descendre de ton trône beaucoup plus longtemps. Cette fois-ci, y avait pas Alec et Zephyr. Y avait juste Zephyr et Lowell. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses, c'est trop tard.

Je m'éloigne legerement de toi, tirant quelques lattes sur ma cigarette avant de me retourner vers toi brusquement.

- Tu sais ce que ça fait de se faire violer par un homme ? Tu sais ce que tu ressens quand toute ta fierté, ta dignité et tout ce que tu avais se barre en lambeau sans que tu n'es le temps de les récupérer ? Te sentir humilié comme jamais, réduis au stade de vulgaire proie ridicule. Tu as mal mais tu es incapable de dire où. Et tu peux pas en parler. Tu peux pas parce que tu es un homme et que tu as honte. Tu as honte de toi, de lui, de tout. Je baisse les yeux un instant avant de me mettre à rire en te regardant à nouveau. Avant, tu étais un sacré Don Juan, n'est-ce pas ? Est-ce que une fois dans ta vie tu t'es déjà demandé ce qu'une femme pourrait eessentir après que tu l'es utilisé et mis de côté ? Et bien, imagine si tu les avais violer, comme ça, juste parce que tu en avais envie. Clac. Tu ne trouverais pas ça jouissif de voir toutes ces femmes tomber les unes après les autres, détruites ?

Je calme mon rire qui essayait à nouveau de prendre le dessus et je tire trois autres lattes de ma cigarette en m'avançant vers la fenêtre pour regarder le ciel.

- Je m'en fiche que tu me vois comme un boulet, que tu es hontes de moi ou que tu me considéres comme un faible. Ça m'est égale. Rassure toi, cousin, je la remonterai cette putain de pente. Mais je suis le seul à choisir comment. Si tu as envie de me hurler dessus, fais le, je t'en prie. Si tu veux me frapper, ne te gênes surtout pas, d'accord ? Mais si tu ne me supportes plus, ne te forces pas à venir me voir. Je n'aimes pas les gens qui se forcent. C'est en se forçant à faire quelque chose qu'on en perd l'envie et le goût. Je ne suis pas un objet que tu peux garder près de toi quand je suis heureux et balancer quand ça ne va plus. J'espere que tu le sais.

J'écoute ses tirades en le toisant. Enfin il parle! Ce n'est pas trop tôt. Faut-il à chaque fois le pousser plus ou moins à bout pour qu'il s'ouvre? Je prends une cigarette de son paquet et l'allume. Décidément il ne comprend rien, pensais-je. Je le vois partir à la fenêtre. Cela signifie que la conversation est finie mais avant de m'en aller, je cherche quoi lui en dire. Son air satisfait me déplaît fortement.

-You know nothing, Zephyr. Je n'aime pas lorsque tu parles de moi comme ça. Je n'ai rien d'un héros et de tous les "compliments" que tu as pu enchaîner en un rien de temps. C'est toi et les autres qui voient cela de la sorte. Tout ce que je te dis c'est pour te faire réagir, et comme je m'y attendais, ça a marché.[b/]

Je m'avance un peu vers lui avant de continuer.

[b]-Je ne sais pas qu'est ce que ça fait de se faire violer mais de me mettre à la place des gens oui. A réagir comme cela, c'est toi qui inverse les rôles et me considère comme une merde. Mais ça ne fait rien. Notre cher et adoré Lowell Walker t'a ouvert les yeux. C'est bien. Bravo à lui. Il devrait même revenir faire un séjour ici et venir te féliciter de voir sa vérité en face. Je ne te considères pas comme un boulet ou objet qui n'est là que lorsque tu vas bien. Ca se saurait. Il n'y a pas, plus de nous? Très bien. C'est fini Zephyr. Ne compte plus sur moi. Mais peut-être me répondras-tu que ça n'a jamais été le cas. Ça m'est égal à présent. Je pourrais te frapper. Oh oui que je le pourrais mais peut-être que un coup de vent te fera tomber par la fenêtre et réglera le problème à ma place.

Je me frotte les mains et jette ma clope allumée au sol. Je me dirige une fois de plus vers la porte.

-Je m'en vais de ce pas, te laissant seul face à toi même, petit con.

Et je pars en direction de ma chambre après avoir claqué la porte derrière moi.

Je t'écoute parler sans rien ajouter. Tu n'as pas compris, ce n'est pas grave. Je ne vais pas perdre mon temps à ramper à tes pieds en me lamentant. Il n'y a plus de nous ? D'accord. Très bien, j'accepte. J'espere bien que Lowell reviendra, peut-être que si il touche à toi tu comprendras. Peut-être. Tu penses que toutes les qualités dont j'ai parlé n'existe que dans la tête des gens ? Très bien. De toute manière tu as toujours raison sur tout. Je ne me souviens pas t'avoir dit que le nous n'existait plus. J'ai dit que face à Lowell il n'y avait pas eu de nous, oui. Mais je n'ai absolument pas mentionner ou évoquer le désir de dissoudre ce nous. Si tu le comprends comme ça et que cette idée t'enchante, très bien. J'accepte. De toute maniere, ce n'est pas comme si j'avais le choix. C'est comme l'amour, à sens unique ça ne marche pas.
Le petit con viendra un jour te remercier de lui avoir ouvert les yeux.

Je laisse un soupire s'échapper de les lèvres avant de rejoindre mon lit. Je balance l'ours sur le sol, tu n'es qu'un petit con toi aussi, peluche de merde. Je grogne et ferme les yeux. Si le sommeil ne veut pas venir, alors je le forcerai. C'est pas grave.
Je ne suis pas dupe. Le sommeil ne viendra pas ce soir.. Je lache un énieme soupire avant de me lever pour quitter la chambre. Il n'y a qu'un endroit où je peux me rendre maintenant..

l'attente
Avec Prénom Nom

Pour rentrer dans ma prison attitré, je n'emprete pas la voie des eaux, mais la voix normale. La porte.
En arrivant, je découvre un ours en peluche au sol. Zephir ne semble pas etre la.. Encore sortie. Je trouve inutile de nous laisser dans un endroit clot, separé des autre mais en meme temps si ouvert..Je supose que cela est fait expres, juste pour nous laisser le temps de reflechir. Mon arrivé ici a été brutale mais comme celle des autres je suppose...
Je m'assoie sur le lit de Zephir
"pauvre petit chat" pensais-je.
Il vit ce que je subit depuis toute petite, c'est une chose dure a afronter c'est vrai.

Retour à la prison.

Lura M. Brook

Après avoir passer la journée à vagabonder un peu partout à cause de la nuit d'hier qui fut.. Compliqué. Je rentre vers cette fichue chambre privée, arrivant par la fenêtre après une petit séance de vol. Je me pose donc sur le rebord, heureux que personne ne soit venu le fermer entre temps et me glisse à l'intérieur. Je ferme la fenêtre derrière moi car l'air se fait de plus en plus frai.
Je me retourne alors et découvre Lura, la jeune fille qui a été enfermée ici avec moi, assise sur mon lit. Je l'observe un moment sans rien dire. Je me rapproche alors d'elle, à pas hésitant, avant de m'asseoir sur mon lit également.

Je n'ose pas parler, de peur de paraître idiot ou de la gêné. Déjà que je suis venu ici en troublant son silence, je ne vais pas en plus me permettre de le rompre complètement. Mon regard se pose alors sur mes mains avec lesquelles je me mets à jouer silencieusement.

Le chant du silence

Avec Prénom Nom

Je le regarde dépité. Je n'aime pas les gens d'ici, en fait, je hais tout contact avec la population. En particulier les contact physique.
Mais que puis-je lui dire ? Parler de ça..Impossible.
Les mots sont comme des lames de rasoir qui traverse notre gorge a chaque fois.
Je pose ma main sur sa joue. Ses yeux vifs me fixent d'un air d’incompréhension. Ils brillent, les larmes semblent lui monter aux yeux.
Je pose sa tête sur mon épaule, il est d'abord tendu mais fini par se laisser aller.
je fini par caresser sa chevelure noir en silence. Je lui offre ce silence a lui de voir si il souhaite le rompre ou non.

Le chant du silence.

Je sens sa main dans ma chevelure et je ferme les yeux. Le son du silence me plaît, je n'ai pas envie de le troubler. Cependant, il va bien falloir qu'on est une conversation un jour.. Est-ce que j'ai envie de parler ? Je ne crois pas.
Je reste un instant les yeux clos, profitant de cette proximité avant de redresser doucement la tête. Je la regarde, sans rien dire. On m'a souvent dit que l'on pouvait lire les paroles dans le regard d'une personne. Si c'est le cas, que veux-tu dire, Lura ? Est-ce que tu as seulement envie de me parler ? Je ne crois pas. Toi aussi tu préfères te terrer et attendre. Moi je le fais par faiblesses, mais peut-être que toi tu as une autre raison de le faire. Un autre histoire, un autre passé. Quelque chose d'autre à raconter. Je ne sais pas. Je ne parviens pas à y lire quoi que ce soit. Peut-être parce que tu ne veux pas. Peu-être que tu retiens les mots avec une telle force qu'ils ne peuvent pas se glisser dans ton regard. Tu sembles perdue, pensive. Je ne sais pas à quoi tu penses, je ne suis pas certain de vouloir le avoir. Parce que je ne pense pas pouvoir te comprendre. Qui serai-je pour oser dire que je comprends les gens ? On ne peut pas comprendre les gens, on formule des hypothèse, on suppose que l'on comprend. Mais bien souvent on se trompe. Et l'erreur nous est bien souvent fatale. Cette pensée me fait dériver sur Alec, si j'avais su accepter le fait que je ne le comprends pas, si je n'avais pas joué au con en essayant de le défier.. Peut-être que nous serions encore cousins. Je laisse un soupire s'échapper de mes lèvres. Il est trop tard maintenant et je le sais. On ne réalise nos erreurs que lorsque qu'on les a commises.

- Pourquoi tu es ici avec moi ?

Le chant du silence

Avec Prénom Nom

Je regarde mon petit chat sans comprendre.

"J'ai des choses a comprendre, comme toi. J'ai une haine a oublier, comme toi.. et je dois réfléchir avant d'avoir des relations saine avec les autres élèves..Comme toi."

Je baisse les yeux, j'ai l'impression de porter au creux de mon épaule un être fissuré en des milliers de morceaux..Et je sais combien c'est difficile de recoller ces foutus morceaux.

"Et toi que fait tu , J'veux dire je sais pourquoi tu es ici, mais tu vas ressortir avec quoi de plus au final ?"

Le chant du silence.

Lura M. Brook

- Et toi que fait tu , J'veux dire je sais pourquoi tu es ici, mais tu vas ressortir avec quoi de plus au final ?

Je regarde mes mains un instant. Ce que je vais y gagner ? Certainement rien. D'avoir perdu mon cousin et de m'être senti enfermé comme un animal dangereux pendant quelques jours. Rien, je n'y aurai rien gagné, je n'ai fait que perdre et je n'ai certainement pas terminé de perdre. Tant que je pourrais me tenir sur mes deux pieds, je continuerai sans cesse de perdre. Comme tout être humain. Face à la vie, nous ne sommes rien. Il suffit qu'on nous la retire pour que notre nom et notre visage sombre dans l'oubli. Personne ne se souviendra jamais de notre existence, les combats contre la vie sont perdus d'avance. On ne peut y gagner qu'une plus grande peur de l'humanité.

- Ce que je vais y gagner ? Une plus grande peur de moi et de ce qui m'entoure.

Je relève alors mon regard afin de détailler le visage de Lura. Je passe l'une de mes mains sur ma joue, la caressant légèrement.

- Je suis désolé mais je ne reste pas ici ce soir. Je me fiche bien que Maugrey me hurle dessus, j'ai l'impression de ne plus respirer ici. L'enfermement me rend fou. J'ai besoin d'oublier et de pouvoir vivre une vie normale.  Je ne veux pas rester ici toute ma vie parce que je suis instable au niveau émotionnel.  Je m'en fiche. On ne peut pas effacer des mauvais moments de sa mémoire en claquant des doigts, mais on peut choisir de passer outre.  

Je termine ma phrase par un soupire et je finis par me lever afin de me diriger vers la fenêtre et de me concentrer pour m'envoler.