• Chambre 05.

3ème année. Messages : 124 Date d'inscription : 15/07/2015

De retour au bercail.

Moi-même.

Je traverse silencieusement les couloirs, mon sac sur le dos. Comment ais-je pu oublier que nous étions en vacances ? Sérieusement, qui est capable d’oublier qu’il est en vacance ? Je crois bien que je suis le seul spécimen de cette espèce.. Cela m’aura au moins permis de faire la connaissance d’un autre élève. Même si je pense que j’aurai tout aussi bien pu m’en passer.. Ce n’était pas une rencontre vraiment exceptionnelle ni réellement intéressante même si elle m’aura apporté un peu plus de vocabulaire en anglais. Je suis obligé de reconnaître, même si j’ai trouvé ce petit asiatique étrange et complètement con, qu’il a fait preuve de gentillesse en me proposant son aide.. Je n’aime pas vraiment reconnaître la part de bonté des gens car pour moi bonté rime souvent avec hypocrisie. Je suis certain qu’il y avait un but caché ou qu’il attendra de moi quelque chose en retour. Autant dire qu’il peut se brosser car ce n’est pas demain la veille que je vais lui offrir quelque chose gracieusement. Je ne suis pas ce genre d’homme qui ont le coeur sur la main, je trouve que c’est la meilleure manière de se faire avoir par autrui.

En arrivant vers le bâtiments des Waters, j’ouvre la grande porte pour me glisser à l’intérieur. Le bâtiment est ancien et le sol et recouvert de dalles sur lesquelles résonnent chacun de nos pas. La première fois que je suis arrivé ici, cela me faisait très peur. Je détestais les dortoir et cette ambiance presque lugubre qui s’en dégage. Je ne pouvais pas marcher le long du couloir sans me sentir anxieux et stressé au possible. Je haïssais cette sensation étrange que procurait l’endroit.. Envelopper par un silence très lourd rompu par l’écho de mes pas incertains et hésitants. Au tout début, ça a été vraiment dur de s'accoutumer à ce décor plutôt étrange.
Je passe ma main sur les murs en avançant vers ma chambre. Ces murs sont très anciens et ça se ressent à leur toucher car on peut y sentir des morceaux d’ancienne tapisserie qui ont été arrachés avec force et obstination. Je dis obstination car à certain endroit du mur, on peut sentir que la personne chargée de retirer la tapisserie à eu un peu de mal et à donc abîmer le mur en forçant. Il y a de nombreux petits endroits très abîmer comme ça où l’on peut sentir l’acharnement et de cette personne qui devait certainement en avoir plein le cul en fin de journée. Et je la comprends. Les couloirs sont immenses et identiques dans chaque bâtiments. Si elle a dû se taper les quatre dortoir de long en large pour retirer l’ancienne tapisserie qui à mon avis devait être de mauvais goût.. Je pense qu’à sa place j’aurai certainement préféré me pendre que d’avoir à faire ce travail là. Ça doit sembler tellement interminable.. Surtout si derrière lui il y avait la directrice qui s’amusait à l’encourager en lui lançant des mots doux tel que “Astique on va pas y passer la nuit !” ou encore “[i] Mai qui m’a foutu des incapables pareil, j’y crois pas !|/i]”. Ca ne devait vraiment pas être facile, franchement je leur tire mon chapeau. Rénover une école aussi grande à dû demander un travail réellement colossale.

J’arrive vers ma chambre, la chambre numéro 05. Ici, les chambres sont mixtes et peuvent contenir jusqu’à environ quatre personnes. Ca dépend de la taille des chambres et de la classe certainement. Par exemple, je suis actuellement en troisième année donc étant le seul troisième année en Water je n’ai pas besoin d’avoir une chambre avec six lits pour moi tout seul. Je me suis donc retrouvé chambre 05, c’est une chambre plutôt spacieuse équipée de trois lits. J’ai décidé de prendre celui qui était le plus proche de la fenêtre car j’aime bien regarder le paysage quand la lumière commence à disparaître. Et également car c’est un point stratégique pour fumer mais je trouve que ça fait quand même moins classe de dire ça. C’est vrai quoi, je suis en water, un minimum de poésie, merde !
J’entre donc dans ma chambre et décide de rejoindre mon bureau, je m’y installe confortablement et ouvre l’un des tiroirs pour récupérer un bloc à dessin et des crayons de papier. Non je ne suis pas un Fire, mais j’aime quand même dessiner, si ça pose un problème je vous emmerde. Y en a marre que ce soit les seuls à pouvoir s’exprimer artistiquement parlant.

Je laisse ma main me guider sur le papier à grain avec une fluidité déconcertante. J’ai l’impression que mes gestes ne sont pas réellement les miens. Je me laisse simplement guider au rythme de mes pensées, sans fausse note, sans dérapage, juste des traits s'entremêlant, se surpassant et fondant les uns avec les autres dans une certaine harmonie afin de créer ensemble quelque chose de nouveau. Petit à petit, un visage commence à se distinguer sur la papier alors que ma mais chahute afin de créer une chevelure touffue, très après traits, la chevelure prend forme. Quelque peu timide au départ, elle finit par suivre le mouvement endiablé des traits du visage pour prendre de l’assurance. Les détails les plus fins commence à doucement prendre leur marque. Les ombres se glissent elles-aussi dans ce concerto de mouvement agités. Une fois les ombres en place, les détails s’étant fait oublier reviennent plus sûrs d’eux que jamais afin de se distinguer du reste. Les éléments s'enchaînent les uns après les autres jusqu’à ce que la feuille prenne une allure bien noircie. Ma main s’arrête alors d’un coup sec, la danse est terminée. Je pose mon regard sur cette nouvelle création et d’une main je prends la feuille et la tiens à distance afin de pouvoir prendre un peu de recul et repérer les moindres détails de ce portrait.

- Te voilà donc transformé en dessin, petit asiatique de la bibliothèque.

A l’aide de stylo à encre noir, je viens, au bas de la feuille indiquer la date et le lieu de notre rencontre. Oui, je me suis crée une sorte de petit répertoire de dessin, à chacune de mes nouvelles rencontres je dessine le portrait de la personne en rentrant dans ma chambre et y assigne la date et le lieu de cette rencontre. Je pense que j’ai commencé à faire ça uniquement parce que je n'avais pas de modèle pour mes portraits et j’aime bien capturer les émotions et les expressions d’une personne pour les immortaliser sur un simple feuille de papier. Le dessin fonctionne à ce niveau là comme la photo, il permet d’empêcher quelque chose de vivant de bouger et l’immortalise à jamais pour qu’il ne soit plus permis d’oublier cette chose. Une rencontre est une chose que je ne veux pas oublier, peu importe les conditions ou les différents types de personnes que je pourrais croiser. Que ces gens me plaisent ou pas, j’ai ce besoin de les reproduire sur papier et de les conserver. On pourrait me prendre pour u psychopathe mais je dirais plutôt que je suis simplement un homme qui doute de sa mémoire et qui a besoin de conserver les choses de manière matérielle pour ne pas les oublier.

J’attrape alors une sorte de classeur en cuir dont l’ouverture est maintenue fermée par une cordelette brune. Je la délasse en défaisant le noeud et glisse à l’intérieur ce nouveau portrait. Il ira rejoindre les autres que j’ai déjà fait. Parmi eux se trouve un portrait de chaque membres de ma famille et de tous les gens que j’ai pu croiser depuis que j’ai commencé à faire ceci il y a maintenant six ans. Je range mon crayon et refais le noeud afin de fermer mon classeur et le repose à sa place dans mon deuxième tiroir.
Je me lève alors et range la chaise de mon bureau avant de sortir de ma chambre, il fait bien trop beau pour rester enfermé aujourd’hui. Je trouverai bien un endroit où aller me poser pour profiter de la chaleur..