La Taverne Lodbrock.

Je me mets en route vers le Pré-au-Lard du Rear World, c'est-à-dire aux galeries marchandes de notre monde. Bien entendu, j'avais pris ma bourse avec moi, en espérant que j'ai assez pour une bonne boisson, quelque chose de fort qui puisse me remonter un peu. Je marche le long de la rue, sur ces pavés de pierre et j'aperçois un écriteau avec écrit "Chez Lodbrock". J'aime bien le nom, cela fait Vikings, cela fait homme. Par simple curiosité, j'entre à l'intérieur, en ouvrant la porte, je laisse entendre un carillon à vent, signalant ma présence dans l'enceinte du bar. Il n'y avait pas grand monde. A vrai dire, à 16h de l'après midi, les gens sont souvent au boulot ou occuper à autre chose. Voir les copains dans ce genre de coin, c'est plutôt le soir, dans l'ombre. Il y avait une femme au comptoir, je m'avance vers elle et prends un tabouret. Je regarde tout autour de moi. Le bistro était entièrement en vieux bois, les murs, le plafond, les tables, les chaises. En face de moi, se trouvait des étagères en verre servant à poser les bouteilles, en dessous il y avait une glace. Je me regarde dedans et me recoiffe avec un peigne de poche. Un silence de mort se fait sentir. Je me prends les mains et pose mes bras sur le comptoir, regardant avec précision la serveuse essuyer des verres. Elle me regarde et me sourit, je lui souris en retour.

-Je peux vous aider? dit-elle en brisant le silence.

Je me sens soudainement un peu déboussolé, je ne m'attendais pas à l'entendre parler. En fait, j'attendais de savoir ce que je voulais avant d'engager la conversation mais il fallait que je me décide. Quelque chose de fort, pensais-je. Un café? Pas assez fort, mais cela me tente beaucoup. Un peu de carburant ne fait pas de mal.

-Un Irish Coffee, je vous prie, lui dis-je calmement.

Elle part vers la cuisine, je la vois encore. La cuisine était presque visible de tous. Du coup, je la regarde faire. Elle met à chauffer le whiskey avec un peu de sucre à l'intérieur dans une casserole. Elle partait sur de bonnes bases. Etant Irlandais, mais elle ne le savant pas, j'en attends beaucoup, je n'accepterai pas la moindre erreur. Elle prit une théière avec du café noir qu'elle verse aussitôt sur le whiskey chaud et sucré. Et elle remue, et remue. Elle revient au comptoir, sa casserole à la main et prit une chope qu'elle rinça à l'eau chaude. Elle se débrouille bien. Avait-elle du savoir faire ou est-ce juste une Irlandaise? Elle met la préparation dans ce verre et ajoute de la chantilly à la surface. Je frissonne un peu après cette action, cela est meilleure lorsque la chantilly est faite maison. Elle me donne la chope avec un sous-verre. Je toise cette boisson, la prends dans ma main et me mets à la sentir. Ca sentait bon l'Irlande, ça me rappelait ce beau pays que j'ai quitté jadis, c'est à dire il y a trois ans. Je remercie la serveuse après tant d'efforts et me décide avec beaucoup d'hésitation à prendre une gorgée. Le moment arrive enfin, je bois, et me rends compte que ce café est juste... Bon. Je pose le verre sur le comptoir, et me regarde à nouveau dans la glace. Je n'avais pas l'air con avec la chantilly qui restait sur ma barbe. Je me lèche les babines et finis mon verre cul-sec en poussant un grand "haaa" de satisfaction.

Venant de finir ma délicieuse boisson, j'en redemande une aussitôt. Et je l'observe encore, attendant que ce breuvage arrive jusqu'à moi. La porte se fait entendre ainsi que ce carillon. Je me retourne et regarde l'individu avec des yeux qui semblaient dire "on n'aime pas trop les étrangers par ici", comme ces fameux cowboys sortis de nulle part qui entraient dans le saloon en claquant les volets qui servaient de portes, avec une musique à l'harmonica en fond. Je relève mon regard et aperçois Zelda. Je ne l'aurais jamais imaginé dans ce genre d'endroit. C'est peut-être une taverne qui peut paraître conviviale mais cela n'en reste pas moins dangereux pour une fille de son âge, et pour une fille seule. Elle s'assit à côté de moi, mettant de l'eau sur le comptoir.

-Tu ne me déranges pas non. Je suis venu ici car j'avais besoin de compagnie.

Je la regarde droit dans les yeux et d'un geste de la main, lui remets une mèche en place. Elle semble avoir froid. Je m'ote mon pull-over et ma veste et lui passe. En tant que Fire, j'avais la capacité de me réchauffer. D'autant plus que le café et l'alcool, ça réchauffe assez, d'une certaine façon. Je prends ma deuxième chope et me mets à boire. Le capuccino de madame arriva. Avant qu'elle ne dise quoi que ce soit, je dis à notre chère hôte.

-Pouvez-vous mettre cela sur ma note s'il vous plait? Merci.

Je ne suis pas Crésus mais j'étais galant et respectueux de sa personne. Après tout elle le merite. Seul les jolies filles ont leur boissons offertes par un mâle. Bien que je me doute que venant de ma part, cela peut sembler louche alors que ce n'est qu'en toute amitié. Je savais au fond de moi que je n'obtiendrai rien d'elle, elle pouvait me trouver charmant mais rien de plus. Elle en a pour mon cousin, Zephyr et cela se voit à dix mille. Ses yeux brillent lorsqu'elle est en sa présence. Je finis mon verre et attends qu'elle finisse le sien. Je sors de ma bourses un bon billet payant la totalité des consommations.

-J'adore la pluie, dis-je à vive voix.

C'est vrai que d'entendre cela sortir de ma bouche et de cette façon semble bizarre mais ce n'était qu'une phrase pour meubler ce silence. Je me sens d'ailleurs ridicule et essaie de rattraper le coup.

-Ma mère me racontait souvent cette histoire sur les leprechauns. Ces farfadets ont pour eux seul, une marmite remplie d'or. Ils ont une somme si grande que tu peux t'offrir l'Irlande. Mais ces derniers sont plutôt rusés et ils cachent leur butin au pied de l'arc en ciel. Et la légende dit que si l'on parvient à les suivre sans se faire repérer, on peut leur dérober leur fortune mais malheur à nous si on se fait avoir.

Je me lève, prends la veste de Zelda sur mon avant bras et lui tends la main. D'un regard qui semblait être bienveillant et d'une voix calme je lui demande:

-Cela te dirait-il de chercher ce trésor avec moi? On aura un peu de route à faire mais je te garantie une bonne compagnie. Alors qu'est-ce qu'elle en dit la demoiselle?

Je m'arrête soudainement de parler et réfléchis. Avais-je vraiment envie de cette balade? La flemme me ronge et ce temps me déprime. J'avais oublié de souligner ce trait de ma personnalité; mes changements humeur plus ou moins fréquent. Si on devait y aller, ça serait après le déluge. Je me mets à me demander ce que j'allais faire quand je la laisserais seule. Probablement transplaner et me laisser guider au gré du vent.

-Finalement je n'en ai plus envie. Tu ne m'en voudras pas j'espère, ce n'est pas contre toi, bien que je reconnais qu'à chaque fois que tu es là, je m'échappe. Je rattraperai ce temps perdu, je te consacrerai une journée entière, c'est promis, lui dis-je d'une voix gênée et désorientée.

Je lui fais signe pour dire au revoir et je transplane en terre inconnue qui sait?

D'un geste de la main, il me remet une mèche en place. Je rougis, gênée, même si je sais qu'au fond ce n'est qu'un de ses réflexes de gentleman. J'ai tout de même un frisson quand sa main touche ma tête. Il a du croire que j'avais froid, car il ôte aussitôt son pull-over, et me le passe.

-Mais tu risques d'avoir froid toi... Je ne termine pas ma phrase. Bien sûr que non, il n'a pas froid. Il est en Fire, et ça ne m'étonnerait même pas que son corps s'auto-réchauffe, un truc comme ça. J'enfile donc son pull: il est un peu large, mais il est super confortable, et me réchauffe assez vite. Mon odorat, sur-développé à cause de mes instincts de loup, me permet d'identifier son parfum: si je ne me trompe pas, c'est l'odeur d'un Axe. Bref, je sens le mâle. Et cette odeur me plait. La femme m'apporte mon capuccino. J'en bois une gorgée. C'est divin de sentir le liquide chaud couler dans ma gorge et me réchauffer petit à petit. J'en soupire d'aise.

-Pouvez-vous mettre cela sur ma note s'il vous plait? Merci, demande Alec à la serveuse.

Je le regarde, et lui esquisse un petit sourire:

-C'est gentil, merci.

Ce n'est pas que je n'ose pas lui parler. Il y a quelque jours, ce silence entre lui et moi m'aurait gênée. Mais, sans vanter mes qualités d'observatrice, je crois savoir qu'Alec n'est pas du genre bavard. Et puis, je sens aussi que dans ce silence, une connexion se fait quand même entre nous, plus forte que les mots. Je ne saurais pas expliquer pourquoi: je le sens, c'est tout. Même si là, il a l'air plutôt perdu dans ses pensées. Je pense soudainement à Zephyr. Est-ce qu'Alec est pareil avec lui?

-J'adore la pluie, me confie soudainement Alec. Je me tourne vers lui, un peu perdue par cet engagement de la conversation inattendu. J'ouvre ma bouche pour lui répondre, mais il continue sur sa lancée:

-Ma mère me racontait souvent cette histoire sur les leprechauns. Ces farfadets ont pour eux seul, une marmite remplie d'or. Ils ont une somme si grande que tu peux t'offrir l'Irlande. Mais ces derniers sont plutôt rusés et ils cachent leur butin au pied de l'arc en ciel. Et la légende dit que si l'on parvient à les suivre sans se faire repérer, on peut leur dérober leur fortune mais malheur à nous si on se fait avoir.

Je souris. Ce souvenir de sa mère, et cette histoire, je trouve ça attendrissant. Attendrissant parce que, pendant un instant, j'ai cru percevoir une lueur de tristesse dans ses yeux. Je ne sais pas si c'est parce que sa famille lui manque...ou parce qu'il n'a plus de famille. Puis je me souviens que Zephyr m'a dit qu'ils avaient perdus leurs parents respectifs étant plus jeunes.

-J'adore les légendes comme celle-là, je lui réponds. En Ecosse, nos légendes n'ont rien à voir avec celles de l'Irlande: les nôtres sont un peu plus flippantes.

Je rigole d'un petit rire sarcastique.

-Quand j'étais petite, j'adorais les chasses aux trésors. On en faisait souvent avec mon père. Et il les cachait tellement bien que la chasse pouvait durer des heures!

A ce souvenir, je souris tendrement. Ça faisait longtemps que je n'avais pas repenser à de bons souvenirs avec mon père. Alec me regarde, sans rien dire. Puis il se lève, attrape ma veste et me tend sa main.

-Cela te dirait-il de chercher ce trésor avec moi? On aura un peu de route à faire mais je te garantie une bonne compagnie. Alors qu'est-ce qu'elle en dit la demoiselle?

Surprise, je sentis mon coeur faire un looping. Mes joues s'étirèrent jusqu'à leur maximum pour dévoiler mon plus beau et grand sourire. Imprévisible. Encore une note pour mes talents d'observatrice: Alec est aussi imprévisible que Zephyr. J'adore quand les gens font des choses imprévues et décalées. Et comme dirait Rimbaud, "le beau c'est l'imprévu".

Mais de suite après, il semble se murer dans son silence et réfléchir. J'arrête de sourire comme une gamine débile, et le dévisage.

-Finalement je n'en ai plus envie. Tu ne m'en voudras pas j'espère, ce n'est pas contre toi, bien que je reconnais qu'à chaque fois que tu es là, je m'échappe. Je rattraperai ce temps perdu, je te consacrerai une journée entière, c'est promis, me dit-il, visiblement gêné.

J'en reste comme deux ronds de flans. Imprévisible, vraiment. Je détourne la tête.


J'avoue que suis vexée. Qui ne le serait-pas après une réponse comme celle-là? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'il change d'avis comme ça? Je déglutis, et garde la tête baissée.

-Ok, no problem. A une prochaine fois, hein, je lui dis d'une voix que je veux être la plus neutre possible, mais qui teinte ridiculement énervée. Je ne relève pas la tête pour le voir me faire un signe d'adieu et le voir partir. Je reste assise sur ma chaise, à contempler les traits d'usure du bar. Je ne devrais pas me vexer. C'est ridicule. Il a sûrement des choses plus importantes à faire.
Je n'aime pas quand une situation m'échappe comme ça. J'ai l'impression qu'il m'a fuie. Ce que je trouve ridicule, en soit, et c'est ridiculement ridicule de penser ça. Mais voilà: mes idées grises ont réussi à me faire déprimer.
Je me lève, et m'apprête à partir, quand je remarque qu'il a oublié de reprendre son pull-over, que j'ai toujours dessus. Je décide de l'enlever. Hors de question qu'on me voit avec ça dessus. J'enfile ma veste trempe, dis au revoir à la serveuse, et je sors dans la ruelle.
Il pleut encore, évidemment. Mais j'adore ce temps-là. Je décide d'aller chercher ma guitare dans ma chambre, et d'aller au fin fond de la forêt, contre mon arbre, pour jouer sous la pluie: mon remède quand quelque chose ne va pas.

Un samedi matin

J'ai finalement fini par me lever à 11h30. La soirée a été rude hier soir, et un peu arrosée, il faut le reconnaître. Je me douche, me démaquille, et enfile mon inséparable jean troué, mes fidèles Vans, et un T-shirt style marin. J'enfile un large collier avec une ancre au bout, et attache quelque mèches dans un style à la garçonne. Pour la féminité, je repasserais. Mais le fait d'avoir porté des talons hier soir m'a vacciné pour un mois entier, il faut croire. Bref, je ne suis pas prête de remettre une jupe de si tôt.
Contre toutes attentes, je n'ai pas mal à la tête ce matin. Je n'ai pas bu comme un trou non plus. Mais j'ai suffisamment bu pour en oublier le jeu de la soirée organisé par le Passeur, qui était d'essayer de démasquer les convives sans faire étalage de la découverte. J'en ai démasqué un, ça c'est sur. Mais au souvenir des toilettes, je me secoue la tête.
Un café. Il me faut un café, histoire de commencer la journée de bonne humeur. Je ne suis que rarement de mauvaise humeur, mais quand ça m'arrive, mieux vaut pas me chercher.
Je décide de me rendre chez Lodbrock. Avant de partir j'attrape mon sac à main, et le pull qu'Alec m'avait prêté, fraîchement lavé et repassé. On sait jamais, si je le croise là-bas.

La ruelle marchande est animée aujourd'hui. Samedi, pas de cours, les étudiants vont bon train dans les boutiques. Je traverse la rue, et entre dans le bar. La même femme quarantenaire (ou cinuquantenaire...bon, peu importe) m'accueille avec un grand sourire, que je lui rend. Je m'installe sur le même siège que la fois précédente, et pose mes coudes sur le bar. La femme me demande ce que je désire.

-Un café bien noir, s'il-vous-plait. Et est-ce que vous avez des croissants? Je lui demande, les yeux plein d'espoir.

La femme rigole un peu, et me dit qu'elle m'apporte tout ça sans soucis. Un petit déjeuner à la française pour commencer la journée. Bon, dans un bar à l'ambiance irlandaise, c'est un peu décalé...mais que demander de mieux?

En me relevant, je décide de partir à la taverne Lodbrok. C'est à présent la seule chose qui me reste à faire. Je marche dans les couloirs pour rejoindre ma chambre et y déposer ma guitare et mes cours. Je passe devant le panneau d'affichage. Lowell aurait été viré. Un sentiment d'énervement traverse mon corps. D'un pas plus rapide je continue ma route en direction des dortoirs. Une fois là-bas, je range mes affaires et attrape ma bourse. Je regarde par la fenêtre, la pluie avait cessé. Sans la moindre hésitation je transplane vers la taverne et arrive à la terrasse. C'est fou à quel point ce pouvoir ou ce don peut être pratique. Je ne me rappelle même plus comment je l'ai obtenu. Peut-être avait-il toujours été là au fond de moi.

J'entre, salue l'hôte et aperçois Zelda. Je m'avance vers le comptoir et demande quelque chose de fort: une fée verte. La barman me porte un regard étrange. Cet alcool n'est pas autorise mais allant régulièrement au bar, et ne demandant que très peu cette boisson qui peut jouer sur ma créativité, elle ne dit rien et s'exécute.

-Firaen, pouvez-vous me l'apporter au Thanatos, s'il vous plaît? lui demandais-je poliment comme à mon habitude.

Le Thanatos est une pièce qui a la réputation de ne pas être fréquentable. Rien que le nom en disait énormément. C'était une salle à lumière tamisée, où transpiration, fumées en tout genre et odeurs alcoolisées ne font pas bon mélange. Peu de personnes peuvent y accéder, encore moins les gens de mon âge mais je suis du genre à être privilégié. Cet endroit prend forme quand vient le soir, aux alentours de minuit mais je m'y rends à cette heure, car la plupart du temps, il n'y a pas un chat.

-Zelda, j'espère que tout se porte pour le mieux pour toi. Je n'ai pas oublié cette journée que je t'ai promis. Je tiens mes promesses bien que beaucoup peuvent contredire cette idée. lui dis-je en la regardant avec un regard doux.

Je regarde sur la chaise voisine et y aperçois mon pull lavé et plié. Je lui souris en récupérant celui-ci.

-Et je te remercie pour mon sweat mais tu pouvais le garder. Je ne suis plus à un près... Joy ne fait que me les prendre dans l'armoire alors que je lui en interdis l'accès mais tu sais comment elle est, elle n'en' fait qu'à sa tête. Après elle se plaint que je n'ai plus rien à mettre et me répète sans cesse qu'on doit faire les magasins pour refaire ma garde-robe.

Je baisse le regard et laisse apparaitre un sourire nostalgique alors que cela ne remonte pas plus loin qu'à ce matin. Je replonge mon regard dans les yeux de Zelda et en me dirigeant vers la salle, l'embrasse sur le front. Firaen s'en va dans l'entrepôt du bar.

J'arrive enfin au Thanatos et m'assis à une table abîmée par des coups de couteaux et tachée par des éclaboussures de sang, qui avec le temps, avaient noirci. Je balance mes jambes sur cette dernière et allume une cigarette, la première de la journée. L'hôte arrive vers moi et me dépose le verre en me détaillant. Je la regarde à mon tour.

-Ne vous en faites pas, lui dis-je, il n'y a rien de bien grave.

Et elle repart derrière son comptoir. Je m'avance pour récupérer mon verre et le descends aussi vite qu'il me soit apparu. C'est une chance que je sois Irlandais, sinon je ne tiendrais pas long feu. Je continue de fumer. La cigarette est vraiment une belle métaphore, pensais-je. Elle peut refléter les rapports humains. Au début vous l'allumez, vous succombez à son charme et vous la tenez en laisse. Vous vous y attachez un minimum et vous la consumez et arrive ce moment où vous finissez par la détruire. Et à ce moment là, lorsque vous en avez fini avec elle, vous la jetez et l'écrasez au plus bas, jusqu'à sa dernière lueur.

Cette pensée le fait soudainement penser à Zephyr. Lowell était à présent parti de l'école. Cela ne veut dire qu'une chose: qu'il a été trop loin, probablement avec Zephyr. De toute façon, dès que Lowell est dans les parages, ça fait parler de lui et fait tout un carnage mais là n'est plus la question. Je n'ai pas vu mon cousin depuis l'épisode du coin sportif. Où diable pouvait-il être à présent? Que lui était-il arrivé? Je commence à m'inquiéter pour de bon et à sentir la rage me monter. A un point, que l'ampoule qui n'éclaire que peu, se met à griller et à exploser sous mon énervement. Je me redresse d'un coup et tape des poings sur la table. Je me lève brusquement et balance la table de l'autre côté de la pièce et un "putain" assez expressif se fait entendre dans la salle principale. Je n'ai pas pour habitude d'être vulgaire ou quoi mais sous la colère, on peut s'attendre à tout. Je sens les veines ressortir de mes tampes et mes sourcils froncer. Mes poings étant tellement serrés, je sens les ongles me scier la peau. J'essaie de reprendre mon souffle et mes esprits mais cela me semble impossible. Des bougies sont présentes dans la pièce. Je ne les vois pas mais je le sais. Elles n'ont jamais bougé de place. On a beau être dans une enceinte magique mais il ne faut pas me prendre pour un con. En claquant des doigts, je les allume. J'espère juste que personne ne viendra. Ce n'est pas le moment et ce n'est pas prêt de l'être. Seul la vue de mon cousin sain et sauf peut me calmer à ce moment présent. Si seulement je savais où il se trouvait...

Un samedi matin

Son petit cul musclé a depuis longtemps quitté mon champ de vision que j'ai encore la bouche et les yeux ouverts en grands. Après m'avoir fait son petit discours du mec overbooké, Alec m'a déposé un baiser sur le front. En temps normal, ça m'aurait attendrie et rendue euphorique toute la journée. Mais là, ce n'est pas le cas. On dirait qu'il cherche à m'éviter. Mais s'il ne veut pas à faire à moi, qu'il le dise, histoire que j'arrête de m'extasier à chaque mot et chaque petites promesses qu'il me fait.
Depuis ce matin, mon instinct de loup est au start-up. Je sens qu'un rien peut m'irriter. Pourquoi? Il ne m'est rien arrivé qui ne me mette en colère, ou en danger. Et d'habitude, Alec n'est pas du genre à m'énerver pour rien. Vraiment pas.
J'en conclus donc qu'il est arrivé quelque chose. Je suis capable de ressentir ces choses, ces "tensions", parce que c'est le nom que je leur donne. Alec rentré dans le truc qu'il a appelé le Thanatos, je mord rageusement dans mon croissant, et bois une gorgée de mon café.
Soudainement, je sens mes poils se redresser sur ma nuque, et sur mes avants bras. Un frisson me parcours la colonne vertébrale. Un grognement m'échappe, que je camoufle en toussotant. Je ne suis pas encore à l'état de me transformer, mais mon loup intérieur gratte à la porte pour sortir, c'est certain. Et ça, ça me fait peur, car c'est quelque chose que je ne contrôle pas tout à fait. Et ça témoigne bien que quelque chose ne tourne pas rond. J'englouti mon croissant et mon café en vitesse, et attrape mon porte-monnaie.
Les ampoules se mettent alors à grésiller, me faisant sursauter. Bordel, qu'est-ce qu'il se passe? J'attrape la monnaie, et je remarque que mes mains tremblent comme jamais. L'électricité statique ambiante a grimpé en hausse en l'espace d'une minute. Je pose les pièces sur le comptoir, et me lève en vitesse de mon siège. Il faut que je sorte d'ici, avant que je ne me dompte plus. C'est alors qu'un grand fracas se fait entendre suivit d'un "putain" sonore dans la salle où se trouve Alec. Pour qu'il se mette dans un aspect de rage comme ça, il ne peut-être arrivé que quelque chose de grave. Du moins c'est ce que je sens. Je me rapproche de la salle où il se trouve, mais me stoppe, la main sur la poignée. La tension est plus forte quand je me rapproche. Elle m'attrape à la gorge, et stimule le loup en moi. Je me recule, haletante, quand soudain, j'entends la voix d'Alec:

-Si seulement je savais où tu es, Zephyr...

Mon coeur manque un raté. Il est arrivé quelque chose à Zephyr. Je recule encore, jusqu'à sentir le comptoir contre mon dos. Je souffle: ok, caaaalme. Arrête de paniquer. Calme tes sens. Maîtrise toi. J'expire lentement. Mais c'est plus fort que moi: j'ai besoin de savoir s'il est arrivé quelque chose à Zephyr. Je sors de Lodbrock en trombe, et cours jusqu'à l'endroit où je sais que je trouverai des réponses: l'école.

Je me ressaisis et decompresse. Je bous encore intérieurement mais cela ne se voit pas extérieurement. La lumière réapparaît. Je décide de remettre les choses en place et sors de la salle en me recoiffant, ni vu ni connu. Je m'avance au comptoir et paye notre chère Firaen.

-Je suis désolé du bazar que j'ai pu causé. Voici quelques pièces en plus pour les travaux à refaire par ma faute, et si besoin.

Je claque la pièce entre mes doigts pour quelle tombe et tourne sur le bar. Une chose manque ici. Ou plutôt une personne
Où est passée Zelda? Je fronce les sourcils et en lève un en regard l'hôtesse. En essayant les verres, elle me fait signe vers le dehors. Elle est partie. N'étant pas resté si longtemps que ça dans le Thanatos, j'en conclue donc qu'elle est partie en courant. Pourquoi? Je sors à mon tour pour rejoindre l'école.

Je rentre calmement dans la taverne. Mon etat exterieur est en total contradiction avec mon etat interieur. je commande en bar sans meme prendre la peine de regarder la serveuse.

"Un scotch.
Sans glace bien sur. "

Je m'installe au bar et me perd dans mes pensées. La serveuse pose mon verre délicatement sur le comptoir de bois. Je le prend a pleine main, avant de le boire par petite gorgée.

Je rentre dans la taverne, seul. Encore un besoin de solitude, pour réfléchir, et me retrouver avec moi-même. Je m'assoies au bar, à un siège d'écart avec une fille, qui m'est inconnue. Je regarde son verre: un scotch. Je fais un sourire en coin. Soit elle s'est faite plaqué, soit elle ne sait plus où elle en est.
La serveuse arrive de sa cuisine. Je lui commande un café, simple. Un truc qui qui se boit en même temps qu'une clope.
Elle me pose la tasse devant, je la remercie. J'attrape une clope dans ma veste, et la coince entre mes lèvres. J'allais me lever pour partir sur la terrasse, mais je remarque que la jeune fille à ma droite ne semble pas dans son assiette. Fichu sens d'altruisme. Je range ma clope dans son paquet. Je change de siège pour me mettre juste à côté de la demoiselle, et je fais glisser ma tasse jusqu'à moi.
La fille me regarde d'un drôle d'air. Je la regarde à mon tour. Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire...

-Une fille tout seule dans un bar, devant un scotch à cinq heures de l'après-midi, c'est souvent une fille pour qui la journée a été rude.

Je bois une gorgée, en observant sa réaction. Mais elle ne dit rien. Tentative d'approche loupée.

-Désolé de débarquer comme ça et de vous interrompre dans vos pensées, charmante demoiselle. Mon nom est Jael Conley. Dernière année en Earth. Puis-je avoir le plaisir de connaître le vôtre? je lui demande d'une voix de stewart en lui faisant mon sourire le plus large. Je lui tends ma main droite, et attend qu'elle me la serre.

Lura Brooke

Je regarde le jeune homme sans comprendre. Je souris et secoue la tete doucement.
Je fais signe a la serveuse de venir.

Désolé de débarquer comme ça et de vous interrompre dans vos pensées, charmante demoiselle. Mon nom est Jael Conley. Dernière année en Earth. Puis-je avoir le plaisir de connaître le vôtre?

"La meme chose".

En trente seconde a peine, elle me sert un nouveau verre. Je le regarde lentement,et reste bloqué sur mon scotch.

"J'avais dit sans glace."

De ma main habille je fait lever les glaçons a hauteur de mes yeux, ils tournent lentement dans le vide. Je penche la tete sur le coté et les observe longuement avant de les propulser violemment sur la porte menant aux cuisines.
Je tourne soudain la tète vers le jeune homme et souris. Je le fixe sans le voir, mes yeux sont voilés, dans le vide.

"Je sais qui tu es."

Mes yeux se baisse sur sa main tendue, il aimerai que je la serre je suppose. Je lui prend la main avec mes doigts habiles et l'abaisse sans la serrer d'une manière douce et fébrile sur sa cuisse. Je ne serre pas la main aux hommes. Leurs mains sont agressives et violentes. Puis je reviens a mon verre que je vide a nouveau d'un trait.

"Lura, de la section Water"

Je l'observe discrètement du coin de l’œil. puis je laisse échappé un petit rire d’épuisement :

"Besoin de réfléchir a son propos hein ?"

J'hoche la tête d'un air amusé.

"c'est dur de faire le point sur ses sentiments."

Ma voix est faible et limpide.

-Je sais qui tu es.

Elle me prend la main, et me la repose sur ma cuisse. Elle vient, entre autre, de me mettre un sacré vent. J'en perd mon sourire en coin, un peu surpris par sa réaction. Je crois que la règle "ne jamais se fier aux apparences" s'applique ici. Faudrait que j'arrête de voir chaque fille seule comme une demoiselle à sauver.
La fille vide son deuxième verre d'un trait.

-Lura, de la section Water.

Elle me dit ça sur un ton qui témoigne son ennuie profond. J'attrape ma tasse, et en bois une gorgée. Elle paraît sèche, et froide. Elle refuse le contact physique. Soit c'est moi qui ai été lourd dans mon approche (je le conçois, j'aurais pu faire mieux), soit cette fille a un problème avec les hommes en général.
Un silence s'établit en nous. Je m'en délecte, en même temps que ce café coule par petites gorgées dans mon gosier. Cette Lura va se mettre à parler d'une seconde à l'autre, je le sais. Et en effet, elle finit par lâcher un petit rire d'épuisement.

-Besoin de réfléchir à son propos hein ?

Je la regarde du coin de l'oeil, et la voit hocher la tête.

-C'est dur de faire le point sur ses sentiments, ajoute-t-elle d'une voix limpide.

J'avale la dernière gorgée de mon café. J'essaie de comprendre de quoi elle est en train de parler. Sa réplique cinglante insinue qu'elle sait quelque chose sur moi. Je me tourne lentement vers elle, pose mon coude sur le comptoir de façon à ce que je puisse appuyer ma tête dessus. Je la regarde, sans aucunes expressions.  Cette fille a bu un peu trop. Et je n'aime pas les filles qui boivent trop. Je devrais payer la serveuse, et m'en aller sans lui dire un mot. Mais je reste là, à la regarder nager dans la fierté de sa dernière phrase. Elle a tout de même quelque chose d'intriguant, cette Lura.

-Tu sembles vouloir dire que tu me connais. Mais, moi qui ne te connais pas, j'avoue que ça me fait un peu peur. Je dit ça en lui faisant un sourire moqueur. Peut-être es-tu une psychopathe qui m'espionne sans que je le saches? Les préjugés et les impressions fusent si vite quand on rencontre des gens pour la première fois.
Je m'approche d'elle, et lui prend une mèche de cheveux.
-Regarde, je constate que tu as des cheveux roses. Ou rouges...peu importe. Je peux très bien m'imaginer que tu as eu un passé difficile, lié à ta mère, ou ton père, et que tu as décidé de te teindre les cheveux en roses ou rouges pour ne plus lui ressembler. Ou peut-être n'es-tu qu'une fille superficielle, qui aime prendre soin de son apparence dans le but que tout le monde te trouve originale et t'admire. Il n'y a pas de mal à ça.
Je lâche sa mèche, et me passe une main dans les cheveux.
-Comme tu peux penser de moi que je ne suis qu'un pauvre connard arrogant qui se croit très observateur, et qui ne cherche qu'à te séduire, ou te montrer que je vaux mieux que toi. Alors que, peut-être, je m'intéresse vraiment à toi parce que je te trouve intriguante.
Je regarde un point fixe dans la salle, plongée dans la pénombre.
-Le monde est pleins d'idiots, et de connards finis. Mais on ne sait jamais tout de suite sur lequel on tombe quand on rencontre de nouvelles personnes.

Je marque une pause. Plus pour réfléchir quoi dire ensuite que pour la laisser méditer. Je me tourne alors vers elle, avec mon sourire en coin que je veux séduisant.

-Il serait dommage que je m'arrêtes de te parler alors que j'ai, peut-être, une mauvaise image de toi. Au fond, je sais que tu es une fille qui vaut le détour. Comme il serait dommage que tu es une mauvaise image de moi: je ne suis pas un connard fini. Enfin,  on ne me l'a jamais dit jusque là.

Ne voyant aucun panneaux "Interdits de fumer", j'attrape une clope et me l'allume.

Étant bien seul ce soir et n'ayant pas Joy à mes côtés, je ne pouvais la chérir et la chouchouter comme il se doit. Je décide donc de partir à la taverne Lodbrok. On ne change pas les habitudes d'un habitué d'autant plus que le dimanche soir il y a des concerts, sur la petite estrade du fond. Je transplane donc au bar et entre dans la place. Un jeune homme qui m'est complètement inconnu s'y trouve, accompagné d'une charmante jeune fille à la chevelure rouge. Je la reconnais immédiatement. J'avais essayé de lui parler au bord de l'étang. Elle semblait seule et silencieuse, je n'avais malheureusement pas réussi à la rassurer ou du moins à me lier d'amitié avec elle ce jour-là.

Je m'avance au comptoir et décide de m'asseoir à quelques chaises d'eux, ne voulant les déranger dans leur conversation. J'aperçois Firaen et je lui souris. Elle s'approche de moi et je passe ma commande à mon habitude.

-Une Guinness, s'il vous plaît.
-Comment te sens tu, Alec? Me demande-t-elle en me passant ma boisson.
-Eh bien, je me suis calmé depuis hier. Heureusement à vrai dire... lui dis-je un sourire gêné, en me passant une main dans le cou.

C'est une brave femme. Depuis que je suis à l'école, c'est une des seules personnes avec qui je me suis lié d'amitié. Les autres ne sont que des connaissances avec qui je peux parler de tout et de rien. Je lui parle et la respecte comme une mère, et elle s'occupe de moi comme un fils. Jamais je ne tolèrerai qu'une personne lui parle comme une moins que rien. J'ai beaucoup trop de respect pour les gens, que pour elle. Bien que cela peut plaire à certaines personnes, cela peut aussi bien être un problème pour d'autres. Les personnes polies et respectueuses sont de nos jours considérées comme lèche botte ou comme hypocrite alors que ce n'est que l'une des règles d'or pour vivre en société.

Je regarde mon verre, et d'un doigt, je prends la mousse pour la porter à ma bouche. Le concert vient à peine de commencer. Un groupe jouant des chansons celtiques. Je souris à l'idée que lorsque j'étais petit, je chantais ces airs à tue-tête sans avoir une réellement conscience des paroles. Mon sourire s'efface aussitôt. C'était le bon vieux temps, je suis déjà nostalgique alors que je débute ma vie. Je prends une gorgée de cette fameuse bière. Je regarde à ma gauche et aperçois l'homme fumer. Je lève un sourcil.

-J'autorise à fumer pendant les concerts. Bien que la musique soit forte, à l'extérieur c'est un peu dur de voir le spectacle, me dit Firaen en le souriant tout en essuyant des verres.
-Si vous insistez alors, lui répondis-je avec un rire léger.

Je sors donc mon paquet de cigarette, et me prends une clope que j'amène à se coller sur mes lèvres. En un claquement de doigts, je l'allume. Et l'enlevant de ma bouche, je me retourne sur mon tabouret pour profiter de ce concert folk.

J'ai attendu toute l'après-midi. Mais rien ne s'est passé. Et je n'ai toujours pas vu Zephyr.
Je me suis relevée, la nuit étant tombée. J'ai faim. Mais le réfectoire est fermé.
Sans convictions, je laisse mes pieds me traîner jusqu'à chez Lodbrock.
Arrivée devant la porte, j'entend de la musique. On est dimanche soir, il doit sûrement y avoir un concert. J'ouvre la porte, et de la musique celtique frappe agréablement mes tympans. Je m'avance dans la lumière tamisée. Je me rapproche du comptoir: Jael, qui est de dos, semble en grande conversation avec une fille que je n'ai jamais vu. Je commande un truc à grignoter et un capuccino à Firaen.
En attendant ma commande, je me retourne pour regarder le concert. C'est alors que je remarque qu'Alec est là aussi. Mais sans Zephyr. Je me mords la lèvre: ma fierté me retient comme elle peut pour ne pas que j'aille le voir. Je suis encore vexée de la dernière fois qu'on s'est vus. Mais c'est plus fort que moi.
Je m'avance d'un pas décidé vers l'autre bout du comptoir. Alec ne m'a pas vu arrivé. Je m'assoies doucement à côté de lui, et me penche près de son oreille.

-Il faut qu'on parle, je lui dit de ma voix la plus dénuée d'expression.


Le terme est inexact: en réalité, c'est moi qui veut lui poser une question. Mais je trouvais que cette phrase claquait. Je me trouve assez ridicule...mais j'espère qu'il ne se défilera pas, cette fois.

J'écoute tranquillement la musique qui a bercé toute mon enfance. C'est alors, voulant me retourner, je sursaute à l'entente de la voix de Zelda. Elle semble sérieuse et inquiète. J'espère que je ne l'avais pas vexé la dernière fois qu'on s'est croisés. Ce n'était nul mon intention. Je me positionne en face d'elle et lui souris.

-Je suis toute ouïe, lui dis-je calmement.

Je me doute de ce qu'elle peut me dire. Il n'y a que deux sujets possibles: Zephyr ou moi vis-à-vis d'elle. Mais je sens bien le cas Zephyr arriver sous mon nez. Je cesse de sourire et la regarde intensément. Je ne peux rien pour elle, et encore moins lui donner de réponse. Si je dois parler de lui, personne mieux que lui-même peut en parler.

-Je suis toute ouïe.

Alec cesse de sourire et me regarde intensément. Je ne le quitte pas des yeux. Je déglutit, j'essaie de prendre un air moins grave.

-Désolée de débarquer comme ça...c'est juste que, hier, je t'ai entendu péter un câble dans le Thanatos.

Il est hors de question que je lui parle qu'en réalité je ressens les choses grâce à mon 6ème sens. Pas parce qu'il me prendrait pour une folle, de toute façon dans cette école on a tout vu, mais je n'ai pas envie qu'il sache pour ma capacité de transformation. Personne n'est au courant à pars Maugrey, et Joy. Je ne sais pas de quoi j'ai peur exactement, mais je refuse d'en parler.

-Et comme je n'ai pas vu Zephyr depuis vendredi soir...

Je me tord les doigts, très gênée.

-Je voulais juste savoir si tu l'avais vu, et si il allait bien. Je suis assez inquiète, parce que...comme il éternue souvent et qu'il se téléporte un peu n'importe où...enfin, je voulais savoir si il ne lui était rien arriver de grave. A cause de son pouvoir.

Je souris, vraiment gênée. Je prend le risque de passer pour la fille raide dingue de son cousin (ce qui n'est pas trop loin d'être vrai), mais surtout "morte d'inquiétude" par son absence d'une journée. Je ne sais pas si Alec va y croire.
Mais je ne peux pas lui dire que j'ai couru dans toutes l'école à la recherche de Zephyr. Je ne peux pas lui dire que j'ai paniqué devant le panneau d'affichage. Je ne peux pas lui faire part de mes doutes sur ce Lowell Walker. Je décide de laisser tout ça de côté. Je veux juste observer sa réaction. S'il réagit normalement, pas d'inquiétudes. Mais sinon, ça ne fera que confirmer qu'il s'est vraiment passé un truc grave. Je déglutit, en attendant sa réponse.

Je la regarde et ne montre aucune expression à l'entente de Zephyr. Je connaissais toute l'histoire, du moins le plus gros et comme à présent je sais où il est et ce qui ressent malgré son mensonge, j'affiche un sourire sur mes lèvres et laisse sortir un petit rire de celles-ci. Je lui prends la main pour la rassurer et lui remets une mèche en place.

-Je ne sais pas où il est à présent mais il doit sûrement aller bien. Tu sais comment il est, il a dû mal à gérer son pouvoir. S'il faut, il est coincé dans un arbre à appeler à l'aide mais personne ne l'entend ni le voit.

Je me mets à rigoler de l'absurdité que je viens de dire. Ce genre d'événement serait capable d'arriver bien que là, ce n'est qu'un mensonge pour rassurer. Un mensonge facile à faire croire et qui ne parait pas gros. Je la regarde encore, d'un doux regard.

-Et pour ce qui est du Thanatos, ça m'arrive de m'énerver de la sorte mais pas de quoi s'inquiéter. Je savais que tu étais venue pour parler de Zephyr mais ne t'en fais pas, d'ici quelques jours il sera descendu de son arbre. Du moins s'il trouve l'intelligence de le faire.

Je rigole de nouveau et appelle Firaen pour lui demander une deuxième Guinness.

-Voyons Alec, tu n'as même pas encore fini la première! me dit-elle amusée.

D'un cul sec je finis mon verre et m'essuye la mousse avec ma manche. Je la regarde, défiant.

-Vous disiez?

Je lui souris et lui fais un clin d'œil. Ce soir, je n'ai qu'une seule envie. Ne penser à rien et m'amuser. Sur un air de I'll Tell Me Ma, j'attrape une des mains de Zelda pour la faire danser sur ce rythme de violon et de guitare.

Alec me sourit. J'expire soudainement en me rendant compte que j'avais bloqué ma respiration. Tout va bien, j'ai encore paniqué pour rien. Il m'attrape une main, et remet une mèche derrière mon oreille.

-Je ne sais pas où il est à présent mais il doit sûrement aller bien. Tu sais comment il est, il a dû mal à gérer son pouvoir. S'il faut, il est coincé dans un arbre à appeler à l'aide mais personne ne l'entend ni le voit.

J'éclate de rire avec lui. C'est tout à fait à l'image de Zephyr.
Puis il me lance un regard doux, qui finit de m'apaiser.

-Et pour ce qui est du Thanatos, ça m'arrive de m'énerver de la sorte mais pas de quoi s'inquiéter. Je savais que tu étais venue pour parler de Zephyr mais ne t'en fais pas, d'ici quelques jours il sera descendu de son arbre. Du moins s'il trouve l'intelligence de le faire.

Je le regarde pendant qu'il commande sa deuxième Guiness, et blague avec la serveuse. Je le crois, totalement. Il ne peut pas me mentir. Même si je ne sais pas exactement où est Zephyr, je suis persuadée qu'il va bien. Et que toutes ces sensations n'étaient que le fruit de mon imagination. Je commence à mettre un peu en cause le bon fonctionnement de mon instinct de louve. Défaillance technique, sans doute.
Je regarde vers la petite scène, où les chanteurs celtiques se lancent sur une musique entraînante. Je commence à bouger en rythme, appréciant les notes de la guitare et la voix grave du chanteur. Typiquement irlandais, j'adore.
Alec me prend soudainement une de mes mains, et m'entraîne à travers la salle. Puis il se met à me faire danser au rythme de la musique.
J'éclate de rire tandis qu'il me fait tourner dans tous les sens, et m'arrose de ses sourires. Ça vaut largement toutes les discussions qu'on aurait pu avoir. Je n'arrête pas de sourire et de rire jusqu'à la fin de la chanson. Puis, loin d'être fatigués, on repart de plus belle sur la chanson d'après. Je n'en peux plus de rire, j'en ai mal au ventre. J'entend son rire aussi. Vus de l'extérieur, on doit être ridicules à tourner dans tout les sens. Parce qu'on ne danse pas vraiment, on fait juste les cons. On ne pense à rien, et on s'amuse. Et c'est ça pour moi, faire la fête et se vider la tête.
La musique se termine, laissant les guitares et la batterie raisonner en même temps que mon rire dans la salle. Je regarde Alec, plus qu'essoufflée. Il m'a rendue heureuse et euphorique pour la semaine entière. J'enlace mes bras autour de son cou, et pose ma tête sur son épaule.

-Merci, je lui souffle toute souriante. T'es vraiment un mec énorme.

Après avoir chanté, dansé et rigolé, on s'arrête pour prendre notre souffle. Zelda s'agrippe à mon cou et me remercie en me complimentant. Le rouge me monte aux joues inconsciemment. Est-ce l'alcool et la chaleur qui me fait cet effet ou juste le fait d'avoir reçu un compliment? Je n'en sais trop rien.

Je la prends par la taille et la serre contre moi. En guise de remerciement je lui dépose un baiser sur le front et je remonte ma main le long de son dos pour caresser sa chevelure. Je place ma tête au creux de son épaule et lui murmure:

-Merci à toi, d'être venue et de ne pas m'avoir refusé ces vulgaires pas de danse. Sais-tu que je les connais en plus? J'ai détruit ma culture irlandaise en moins de vingt minutes avec ces idioties.

Je me mets à rigoler. Je me décolle de son corps et prends ses mains qui sont encore accrochées à mon cou. Je les amène à ma bouche et en fermant les yeux, les remplis de baisers.

-J'espère qu'après cela tu me pardonneras de toutes ces fois que je t'ai lâché. Mais cette nuit, je ne te lâcherai pas. Tu devras me supporter pendant quelques heures. Oui je sais, quel supplice!

Je lui souris. La musique de la troisième classe du Titanic se fait entendre. C'est tellement cliché mais si entraînant. Je reprends Zelda par la main pour la faire venir sur la piste. Je vois bien qu'elle ne connaît pas les pas. Cela me fait penser à cette même scène.

"But Alec, wait! I.. I don't know the steps!"
"Neither do I! Just go with it, don't think!

1h20. On a pas arrêtés de danser.
J'entraîne Alec avec moi vers le bar. J'appelle la serveuse, et commande deux Guiness. Je n'en ai jamais bu, mais je suis partante pour goûter. Elle ne met pas longtemps à nous servir. J'attrape les deux verres, et en tend un à Alec.

-On va dehors? je lui demande d'une voix assez forte pour couvrir le brouhaha du bar. En quelques heures, le bar s'est remplit de gens, venus pour danser ou boire, ou les deux en même temps. Il fait une chaleur étouffante, et ça sent la clope à plein nez.

-J'ai super chaud, j'ajoute en lui faisant mes yeux implorants. Et j'ai mal aux pieds en plus. Aller, viens, on va se poser deux minutes.

Sans attendre son avis, je l'entraîne avec moi dehors. En ouvrant la porte, un air frais fait voleter mes cheveux. Quelque personnes sont en train de discuter, et de fumer, profitant d'un moment de calme.
Je repère une table, avec deux chaises. Je pose mon verre là, et m'assoies en face d'Alec. Je soupire d'aise en laissant reposer mes pieds. J'attrape mon verre, et bois une longue gorgée de bière brune. Je lèche la mousse qu'elle a laissé autour de mes lèvres. Pas mauvais. Je dirais même super bonne. Je passe une mèche derrière mon oreille droite, et lève les yeux vers Alec. Je me mets à rigoler en voyant sa tête épuisée, et son souffle irrégulier.

-A nous deux, on l'a enterré, ta culture irlandaise!

Je continue de rire.


[Suite au réfectoire]

Sven Weiss

Après avoir quitté la forêt, je me dirige vers la galerie marchande en moon-walk. Oui, je suis un artiste complet. Rien ne m'échappe, peinture, chant, danse, poème, musique, littérature.. Oui, je suis un petit peu un artiste Multi-fonction, c'est vrai qu'on peut me qualifier de la sorte. Ayant envie d'une chopine Lancelot, la bière bretonne avant tout, je repère rapidement une Taverne. Placement de produit discret, okay.
Je m'avance donc en moon-walk vers la Taverne et donne un coup de hanche sur la porte afin de l'ouvrir. Seulement, n'ayant pas pris en compte la possibilité qu'au moment où j'allais tenter mon grand numéro de danse, une personne allait ouvrir la porte. Ma hanche se retrouve donc à cogner brutalement les parties génitales d'un homme qui.. Semble énervé et bien éméché. Face à ce genre de situation, il existe trois techniques pour s'en sortir :

◘ S'enfuir en courant et accessoirement en pleurant jusqu'à trouver un refuge.
◘  Avoir confiance en soi, retrousser ses manches et se battre comme un homme.
◘ Tenter de négocier à l'amiable.

J'opte toujours pour la troisième solution. Je m'éloigne donc d'un pas de l'homme et me masse les épaules, près à négocier.

- Très bien, monsieur, je pense qu'il s'agit d'un mal entendu. Voyez vous, je suis Sven Weiss, grand gagnant, médaillé d'or de bataille d'eau et je suis mondialement connu. Ne me cherchez pas car j possède des contacts très importants un peu partout dans le monde. J'ai d'ailleurs longtemps fait parti du cercle d'ami très privé de Martin Pêcheur. Eh oui, le gagnant du grand concours de t-shirt mouillé annuel. Cependant, notre amitié s'est brutalement arrêté un jour de mai.. Je m'en souviendrais toute ma vie. Nous revenions d'une journée entre ami à la Fistinière, et sur le chemin du retour.. Il m'a annoncé que nous ne pouvions plus vivre notre amitié car maintenant qu'il était champion de t-shirt mouillés et moi de bataille d'eau, nos univers étaient trop différents..

Je soupire, tentant de reprendre un peu de contenance.

- Vous voyez, je ne suis pas un homme comme les autres, je...

Avant que je n'ai le temps de continuer, l'inconnu me poussa avant de se retirer en lâchant un "Tu me saoules !". Quel grossier personnage insignifiant ! Il n'y a vraiment plus de respect dans ce monde.
J'entre dans la taverne et me dirige vers le bar, prenant place sur un tabouret. Un serveuse s'approche de moi, je lui souris avant de lui commander une bière.
C'est alors que mon regard se pose sur ma montre... Non. Malheur. Enfer et damnation. Je suis en retard !

- ANNULEZ LA COMMANDE. JE DOIS ME.RETIRER !

Sous le précipitation, je hurle ceci à la serveuse qui devait se trouver à quelques mètres de moi seulement. Oui, quand je suis stressé je hurle, c'est maladif chez moi.
Je me lève alors d'un bond et cours en direction de l'école, bousculant quelques personnes aux passages.

- PARDON, PARDON ! POUSSEZ VOUS, EXCUSEZ MOI ! POUSSEZ MOI, EXCUSEZ-VOUS.. Aïe ! Vous ne vous êtes pas excusé ! Ah.. Vous êtes muet ? Oh, je comprends mieux. M'enfin, ça ne vous dispence pas de politesse. Vous auriez au moins pu vous excuser en langage des signes.. Ah tout à fait, les cygnes sont des oiseaux majestueux ! Attendez
. Mais, vous êtes en train de me lever votre majeur avec une expression de contrariété bien marqué sur le visage.. Que dois-je comprendre ? Que la tour de Pise n'est plus ce qu'elle était ? En même temps, je vais vous dire, avec le tourisme de masse et toutes ces conneries qui sont en train de se developper nom d'un biniou, on est en train de perdre le monde ! Monsieur ? Pourquoi vous partez ?! OH MON DIEU, LES COURS. C'EST VRAI.

Je reprends ma course comme un dératé. Je dois me depecher si je ne veux pas finir ma journée dans le bureau de la directrice !

Titre

Avec Prénom Nom

-Tu sembles vouloir dire que tu me connais. Mais, moi qui ne te connais pas, j'avoue que ça me fait un peu peur. Je dit ça en lui faisant un sourire moqueur. Peut-être es-tu une psychopathe qui m'espionne sans que je le saches? Les préjugés et les impressions fusent si vite quand on rencontre des gens pour la première fois.
Je m'approche d'elle, et lui prend une mèche de cheveux.

Intéressante. Je l’écoute presque de manière totale. Il se penche soudain vers moi et entortille entre ses doigts une de mes meches rouges.

-Regarde, je constate que tu as des cheveux roses. Ou rouges...peu importe. Je peux très bien m'imaginer que tu as eu un passé difficile, lié à ta mère, ou ton père, et que tu as décidé de te teindre les cheveux en roses ou rouges pour ne plus lui ressembler. Ou peut-être n'es-tu qu'une fille superficielle, qui aime prendre soin de son apparence dans le but que tout le monde te trouve originale et t'admire. Il n'y a pas de mal à ça.

Plus son discours avance plus mes yeux se baisse. Dans ma gorge, une boule d'angoisse se forme. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas sa manière de penser.
Je croise mes mains sur mes genoux et l’écoute patiemment.
il lâche ma mèche, et me passe une main dans les cheveux.

-Comme tu peux penser de moi que je ne suis qu'un pauvre connard arrogant qui se croit très observateur, et qui ne cherche qu'à te séduire, ou te montrer que je vaux mieux que toi. Alors que, peut-être, je m'intéresse vraiment à toi parce que je te trouve intriguante.

Je ferme les yeux et compte ma respiration.. Je fini par chuchotter lentement :

"vous etes tous les memes apres tout.."

Malgres ma petite voix etouffée, il semble m'avoir entendue.

-Le monde est pleins d'idiots, et de connards finis. Mais on ne sait jamais tout de suite sur lequel on tombe quand on rencontre de nouvelles personnes.
Il serait dommage que je m'arrêtes de te parler alors que j'ai, peut-être, une mauvaise image de toi. Au fond, je sais que tu es une fille qui vaut le détour. Comme il serait dommage que tu es une mauvaise image de moi: je ne suis pas un connard fini. Enfin,  on ne me l'a jamais dit jusque là.

Il fini par allumer une cigarette. Je regarde la braise prendre feu petit a petit, j'ouvre son paquet et lui demande sans le regarder :

-Je peux ?

Il hoche la tête. Je vois son regard s'aventurer sur mes bras, encore abîmés et amoché par mes conneries habituelles.
Je repense a son grand discours..

- Et si je n'en valait pas le détour ? Et si finalement je n’étais qu'une petite égoïste qui ne pensais qu'a elle et son physique ? Si j’étais la petite prétentieuse a papa et maman qui avait tout et qui n'avais besoin de rien ?

Je lève mes yeux vers lui et je plonge mon regard dans le sien. Une confrontation d’âme a âme de cœur ouvert a cœur ouvert.

-Personne ne m'a apprit tu sais. Personne ne m'a apprit a me méfier des gens. J'ai appris toute seule. Aujourd'hui je suis condamnée. Condamnée a haïr et a détester. Il y a encore quelque temps le silence était ma protection. Aujourd'hui même cette protection a été brisé.

Je tire a nouveau une latte pour me calmer.

-Fais moi plaisir, ne perds pas ton temps.

Ces bras sont pleins de marques, comme s'il s'agissait de scarifications. Elle a du voir mon regard, quelle tire sur ses manches en suivant.

- Et si je n'en valait pas le détour ? Et si finalement je n’étais qu'une petite égoïste qui ne pensais qu'a elle et son physique ? Si j’étais la petite prétentieuse a papa et maman qui avait tout et qui n'avais besoin de rien ?

Elle lève les yeux vers moi, et semble vouloir toucher le fond des abysses de mon regard. Je l'écoute attentivement, sans broncher.

-Personne ne m'a apprit tu sais. Personne ne m'a apprit a me méfier des gens. J'ai appris toute seule. Aujourd'hui je suis condamnée. Condamnée a haïr et a détester. Il y a encore quelque temps le silence était ma protection. Aujourd'hui même cette protection a été brisé.

Je porte la clope à mes lèvres, et aspire. Mon regard reste fixé sur elle, mais je ne dis rien. Je l'observe. Elle a les mains qui tremblent, et semble à bout de nerfs. En effet, elle tire sur sa clope trois seconde après, pour se calmer semble-t-il.

-Fais moi plaisir, ne perds pas ton temps.

Sa voix déraille un peu. Ça lui fait mal de me dire ça. Je ferme les yeux, mon sourire coin s'affiche sur mes lèvres. Quelle idiote. Elle a prononcé exactement les mots qu'il ne faut pas. Ceux que, précisément, j'attendais. Tout ça, tout ce qu'elle a dit, pour moi, c'est un appel au secours flagrant. J'écrase ma clope dans le cendrier en face de moi. Puis je me retourne vers elle. Elle a la tête baissée, le regard perdu vers le sol. Je me penche à son oreille, mais en évitant de la toucher. Si j'ai bien compris, elle n'aime pas le contact physique.

-Au risque de te décevoir, je considère que je perdrais mon temps en passant à côté de toi et en t'ignorant après tout ce que tu viens de me dire. Je perdrai mon temps en pensant que tu vas te débrouiller seule, et que tu vas arrêter de te faire du mal. En disant ça, je regarde ses bras. Puis je la regarde par en dessous, de sorte à ce que je plonge mon regard dans le sien. Lura M.Brooke, sache que le jeune homme attentif et accessoirement beau gosse qui se tient devant toi s'appelle Jael Conley. Tu apprendras avec le temps ce que signifie ce nom pour la plupart de mes amis, et surtout pour les gens qui comptent pour moi.

Je me redresse, enlève les mèches de mes yeux en passant une main rapide sur ma tête. Je m'apprête à ajouter quelque chose pour continuer à gagner sa confiance, mais j'aperçois Zelda dans les bras d'un gars que je ne connais pas. Elle rit à gorge déployée, et semble s'amuser comme jamais. Je souris, content pour elle. Je me demande si elle aurait le même sourire si elle dansait avec moi. Mon coeur se serre en pensant ça, me prenant par surprise. Je pose ma main dessus, et essaie de garder la tête froide. Je ferme les yeux, et expire. Il faut que je sorte, et que j'aille réfléchir, tout seul. A mon grand regret, je vais devoir stopper ma conversation avec Lura. Je me retourne vers elle. Et je lui souris.

-Chère Lura, je dois te laisser. J'aurais aimé te poser plein de questions, et te parler plus, mais je me vois contraint de reporter notre conversation à plus tard.

Je glisse de ma chaise, et j'attrape deux billets que je tend à la serveuse.

-Pour mon café et les deux verres de la jeune fille, ainsi que votre rapidité au service.

Je regarde encore une fois Zelda. Puis j'ancre mon regard dans celui de Lura. Je commence par réflexe à vouloir lui attraper une main, mais je la baisse aussitôt.

-La prochaine fois que je te croise, crois-moi, je ne te lâche pas. Ce n'est pas une menace, ce n'est pas une promesse. C'est le destin, et crois moi, il dit souvent vrai.

Je lui fait un clin d'oeil, et m'en vais dehors. Je m'arrête sur la terrasse, et souffle un peu. Je ne sais pas où aller pour rejoindre ma solitude passagère tant convoitée. Je prend à droite, et longe la rue. On verra bien où ça me mène.

Titre

Avec Prénom Nom

Au risque de te décevoir, je considère que je perdrais mon temps en passant à côté de toi et en t'ignorant après tout ce que tu viens de me dire. Je perdrai mon temps en pensant que tu vas te débrouiller seule, et que tu vas arrêter de te faire du mal. En disant ça, je regarde ses bras. Puis je la regarde par en dessous, de sorte à ce que je plonge mon regard dans le sien. Lura M.Brooke, sache que le jeune homme attentif et accessoirement beau gosse qui se tient devant toi s'appelle Jael Conley. Tu apprendras avec le temps ce que signifie ce nom pour la plupart de mes amis, et surtout pour les gens qui comptent pour moi.

Je l'ecoute sans broncher. Et ferme simplement les yeux. Ce n'est vraiment pas ce que je voulais entendre. Quand je reouvre les yeux, Il plonge sans regard dans le miens. Génée je détourne le regard. Je ne veux pas compter pour toi, je ne veux pas te détruir comme tout ce que je touche.

Chère Lura, je dois te laisser. J'aurais aimé te poser plein de questions, et te parler plus, mais je me vois contraint de reporter notre conversation à plus tard.
Pour mon café et les deux verres de la jeune fille, ainsi que votre rapidité au service.

Quand je le vois tendre les billets, je me sens génée et redevable et je n'aime pas cette sensation.

La prochaine fois que je te croise, crois-moi, je ne te lâche pas. Ce n'est pas une menace, ce n'est pas une promesse. C'est le destin, et crois moi, il dit souvent vrai.

Je medite cette phrase en le voyant s'eloigner. il me fait un clin d'oeil mais je ne souris pas.
"si tu me promet de m'aider, promet moi aussi de ne pas me lacher."
Je salut la serveuse et retourne dans ma prison. J'ai des choses a apprendre.