Chambre de Zelda

Le dimanche matin

Je suis assise sur le bord de ma fenêtre, les pieds dans le vide. Enroulée dans ma couette, j'attends les premières lueurs du jour.

Je n'ai pas retrouvé Zephyr. Mais l'école est tellement grande, et il y a tellement d'élèves...je suis surement passée à côté sans le voir. Du moins, c'est ce que je me dis pour essayer de ma rassurer.
Je perds facilement mon sang-froid. Je panique à la moindre occasion, boostée par mon loup intérieur. Alec a très bien pu péter un câble à cause de Joy, chez Lodbrock. Walker s'est peut-être fait renvoyé pour un motif qui ne concerne pas Zephyr.
Mais même si c'est moins fort qu'hier, j'ai toujours la désagréable impression qu'il s'est passé quelque chose de grave. La dernière fois que j'ai ressenti ça...je n'ai pas envie d'y repenser.

Je soupire. Je vais attendre, voir si je croise Zephyr aujourd'hui. Et si ce n'est pas le cas, je demanderais de ses nouvelles à Alec.

Le soleil rouge apparaît petit à petit à l'horizon. Je me concentre dessus, pour pouvoir oublier le reste.

Le dimanche matin

Une envie de fumer pressante me réveille, et me fais sortir de ma chambre. Je me dirige vers le jardin, juste en dessous des dortoirs des Earth. Le soleil va bientôt se lever.
De dos contre la porte, j'allume ma clope. J'aspire longuement, éteins le briquet, et souffle, laissant s'échapper la fumée. Une mèche de cheveux me tombe sur les yeux. Je passe mes doigts du sommet de mon crâne jusqu'à l'arrière, histoire de discipliner ma crinière.
C'est alors que j'aperçois une fille, les jambes dans le vide, regardant le lever du soleil. Je la reconnaîtrai parmi des milliers: Zelda MacAglaral. Je l'observe en tirant latte sur latte. Elle n'a pas l'air de m'avoir remarqué. Je laisse tomber le mégot au sol, et l'écrase de la pointe du pied.

Je monte pas à pas les escaliers. Arrivé devant sa porte, j'hésite. Pourquoi ce besoin de la voir, de bon matin? Je ne comprends pas. Mais je ne cherche pas à comprendre. J'apprécie cette fille, point final.

Je toque deux petits coups à sa porte. Au pire, à pars me congédier, que risque-t-elle de me dire?

Le dimanche matin

Deux petits coups toqués à la porte m'arrachent à ma contemplation. Je regarde l'heure sur mon réveil. Pourquoi quelqu'un viendrait-il me voir si tôt? Je ramène mes jambes dans la chambre et m'enroule un peu plus dans la couette. J'ouvre la porte.

-Jael? je murmure, surprise.

Il me sourit, et me dit qu'il m'a aperçu d'en bas, quand il fumait. Il me demande si il ne reste pas un peu de place pour lui sur le rebord de la fenêtre. Je cligne deux fois des yeux, encore plus surprise.

-Si tu ne critiques pas mon pyjama, y a moyen que tu puisses rentrer, je lui dis en lui rendant son sourire.

J'ouvre la porte, le laissant entrer. Puis je la referme derrière nous, tout doucement, pour éviter qu'elle grince. Jael se tient au milieu de ma chambre, et semble la détailler. Je ne sais pas si il voit quelque chose dans la pénombre, mais en tout cas, il a l'air fasciné par ma déco. Je le pousse dans le dos jusqu'à la fenêtre.

-Dépêche, on va le louper!

Je passe devant lui, et grimpe sur le bord de la fenêtre. Je me colle le plus à droite possible, pour qu'il est de la place.
Le soleil est apparût dans sa moitié à peu près. Les oiseaux commencent à chanter, et une brise légère remonte jusqu'à nous. J'inspire à plein poumons pour éliminer les derniers soupçons d'inquiétude en moi.

Le dimanche matin

Je souris, c'est plus fort que moi. Elle est encore plus jolie que dans mes pensées. Même pas coiffée, et enroulée dans sa couette. Je l'ai surprise. J'aime surprendre les gens.

-Je t'ai vu pendant que je fumais, en bas. Il te reste une place pour moi?

-Si tu ne critiques pas mon pyjama, y a moyen que tu puisses rentrer, me dit-elle, un sourire amusé sur les lèvres. Je rigole doucement. Elle m'ouvre la porte, et j'entre dans sa chambre pour la deuxième fois. Je n'y vois pas grand chose, mais je distingue des posters, et un bureau un peu en désordre. La porte de sa petit salle de bain est entre-ouverte.
Zelda me pousse soudain par le dos en direction de la fenêtre. Etant perdu dans mes pensées, je sursaute.

-Dépêche, on va le louper! me dit-elle. J'esquisse un sourire amusé, tandis qu'elle passe devant moi et prend place sur le rebord de la fenêtre. Je grimpe à mon tour, et m'assois à sa gauche. Je ramène les mèches qui me gênent les yeux en arrière. J'entend Zelda prendre une grande inspiration, un peu saccadée, comme si il avait récemment pleurer. Je l'observe. Elle a rouvert les yeux, et je remarque qu'elle a comme des traits dessous. Fatigue ou tristesse?
Je regarde devant moi. C'est vrai que ce cadre est idyllique. Zelda a la vue sur le jardin de l'école. Par delà s'étend la forêt. Le soleil forme une boule rouge qui s'élève lentement dans le ciel.

-On dit que l'avenir appartient à ceux qui se lève tôt, je lance en regardant le lointain. Si se lever tôt pour cette citation, c'est ça, alors pas de doutes: on a vraiment l'impression que le monde peut nous appartenir. Je marque une pause, et plonge mon regard dans celui de Zelda. Ça ne te donne pas cette impression, toi?

Je te vois baisser la tête, et réfléchir à ta réponse. Je sors mon paquet de cigarette de ma poche, en attendant ta réponse.

Le dimanche matin

-Ça ne te donne pas cette impression, toi?

Je baisse la tête pour réfléchir. Je le vois attraper une cigarette, et l'allumer. La dernière personne ayant fumer ici, c'est Zephyr. Je relève la tête, et fixe l'horizon à mon tour.

-Moi, c'est pas l'avenir que m'évoque le soleil qui se lève. Je souhaite juste qu'il se lève et inonde de lumière une nouvelle journée, et efface les ombres et les noirceurs de celle d'hier. Un peu comme s'il aiderait à tourner une page.

Je te prend la cigarette des doigts, et en aspire une bouffée. Je ne sais pas de quelle marque il s'agit, mais j'adore ce goût. Je sens que tu me regardes.

-Je suis assez pessimiste ces derniers jours, je te dis en rigolant, un peu gênée.

Comme pour changer de sujet, je secoue ma main devant moi. Je rend la cigarette à Jael, qui depuis toute à l'heure, m'observe.  Je le regarde, un sourire en coin, et la tête penchée sur le côté.

-Mais on ne va pas se contenter de parler du soleil, hein?

Le dimanche matin

Zelda me prend la clope des mains, et tire dessus. Je souris, intrigué. Je ne savais pas qu'elle fumait.

-Je suis assez pessimiste ces derniers jours, elle me dit en rigolant pour cacher sa gêne. J'esquisse un sourire, mais ne dis rien. Je jure avoir vu de la tristesse passer dans ses yeux. Elle me rend ma clope, que je porte à ma bouche en suivant. Je l'observe. Plusieurs émotions traversent son visage en l'espace de quelque secondes, sans que je sois capable de les identifier.
Elle se retourne vers moi, tête penchée et sourire en coin.

-Mais on ne va pas se contenter de parler du soleil, hein?

Je souris, et recrache la fumée. Quelque chose te préoccupe, mais tu veux penser à autre chose. Je réfléchis à une phrase qui pourrait te faire garder ton sourire. Se lancer sur un sujet qui te mette à l'aise...

-T'as raison, je te répond. Je te propose un truc: on va faire un jeu. Partante?

Je te vois plisser les yeux et sourire. Tu acquiesces.

-Ok, c'est simple, j'ajoute. On se pose des questions bidons, chacun son tour, sur les goûts de chacun.

Je pouffe.

-C'est pas vraiment un jeu. Mais au moins, on parlera d'autre chose que du soleil.

Je te propose ma clope, que tu prends avec un sourire.

-Bon, je me lance, dis-je d'une voix assurée. Alors voyons...parfum de glace préféré?

Le Dimanche Matin

Un jeu? Je souris. L'idée me plaît. Je prend la cigarette entre mon index et mon majeur droits, et je tire dessus doucement. Ouf. Ça râpe la gorge.

- Alors voyons...parfum de glace préféré? me demande Jael.

J'éclate de rire.

-Ah ouais, questions bidons ça rigole pas!

Puis j'ajoute, sans hésiter:

-Noix de coco.

Je lui refile la clope. Je le regarde la mettre à sa bouche. Il est vraiment beau, avec ses cheveux mi-longs qui lui tombent sur les yeux, et son style un peu rock. A le voir comme ça, on aurait plutôt dit qu'il était en Fire. Mais son caractère plutôt cool auraient trop déteint dans cette section.

-A mon tour! Je te regarde en plissant les yeux. Attention...musique préférée?

Le dimanche matin

J'attrape mon MP3 dans mon autre poche, lui file un écouteur, et enfonce l'autre dans mon oreille droite. La batterie de Blur retentit, et Song 2 commence. Je vois Zelda bouger la tête au rythme. Elle avoue ne pas connaître.
Nous parlons musique, parfum de glace et guitare jusqu'à ce que le soleil ait suffisamment grimpé dans le ciel pour le rendre bleu. Je regarde le réveil: 9h48. Mes potes vont me chercher si je ne me bouge pas.
Je saute de la fenêtre jusque sur le plancher de la chambre. Je me retourne, vers toi, et te prend la main. Je dépose mes lèvres dessus, et la garde un moment dans la mienne pendant que mes yeux pénètrent ton regard. Je m'y perdrai volontiers. Je te fais mon sourire le plus séduisant que je possède.
-Merci pour cet agréable début de matinée, mademoiselle. Puisse le destin nous amener à nous revoir très vite. Je veux vous entendre jouer de la guitare encore une fois.
Je passe ma main dans tes cheveux,  et te mets une mèche derrière l'oreille. Tes yeux s'agrandissent, et tu me souris, un peu surprise par mon geste.
Je te fais un clin d'oeil, et sors de ta chambre.

Zelda MacAglaral...tu me plais, vraiment.

Le dimanche matin

Il tend sa main, et me met une mèche derrière l'oreille. Je n'ose pas bouger, et je le regarde, surprise. Puis il me fait un clin d'oeil, et referme la porte derrière lui. Je souris en me mordant la lèvre inférieure. Adorable, vraiment. Il a dit vouloir me revoir. Pourquoi pas? Je m'étire les bras. Notre conversation m'a un peu changer les idées.
Je sors de la fenêtre, et balance ma couette sur mon lit. Je rentre dans ma tout petite salle de bain, et me déshabille. Je tourne le bouton de la douche du côté extra chaud. Puis je rentre, mouillant mon corps dans son intégralité.
...
Sortie de la douche et séchée, j'attrape un jean, que je retrousse au dessus des chevilles, un débardeur blanc, et mes inséparables Vans bleu marine. Il fait beau dehors, mais il y a beaucoup de vent. Une vague d'espoir monte en moi: avec un peu de chance, Zephyr aura sorti son cerf-volant pour aller défier le vent. A cette image de lui se débattant avec des ficelles, je rigole.
Je me surprend à me speeder, pressée de voir si je pourrais le trouver dehors. Je n'arrive pas à me détacher de la désagréable sensation qu'il lui est arrivé quelque chose.
Je sors de ma chambre et claque la porte derrière moi.

Contrôler.

Zelda MacAglaral

Après avoir laisser Aaron au terrains sportifs, j'arrive dans ma chambre. Je balance mon sac de sport sur mon lit, et j'entre dans ma salle de bain pour me déshabiller. Un coup d'oeil dans le miroir m'indique que j'ai une belle coiffure post-coïtale, et que vu nos échanges assez sportifs, il vaut mieux passer sous la douche. Je me déshabille, et me glisse sous l'eau froide qui me fait un peu crier. Puis je la laisse s'emparer de mon corps, et laver tout. J'attrape le savon à ma droite, et commence à la faire mousser sur mes seins.
J'ai toujours ce sentiment de frustration quand je repense à notre au revoir. J'ai la sensation d'avoir oublier de lui dire un truc tout bête, tout simple. Un peu comme un "je t'aime".
Je me stoppe net, les yeux grands ouverts.
Un "je t'aime"? Pourquoi je pense à un "je t'aime"?
Je me retourne et me met la tête sous l'eau. Bordel, je sais ce que c'est, ce sentiment que je n'arrivais pas à définir quand j'étais avec lui. Quand il me prenait dans ses bras, et m'embrassait, me faisait l'amour. Tout le temps se sentiment d'étourdissement, de rêve, d'euphorie.
C'est ça.
Je suis amoureuse d'Aaron.

Je sors de la douche, et enroule ma serviette autour du corps. Je pose mes mains sur chaque bord du lavabo, et me regarde fixement dans le miroir.
C'est pas possible. Ça va trop vite. Trop rapide. Pourquoi faut-il que je m'accroche aussi rapidement aux gens? Je prends d'énormes risques, toujours, mais pourquoi? Je croyais que j'avais réussi à sinon faire fuir, au moins atténué la Zelda d'avant. Mais non, elle est toujours là, et amoureuse en plus! Je soupire bruyamment. Et si Aaron me repoussait quand il verra ce que je suis? Comment est-ce que je ferais pour reprendre une vie normale, après tout ce qu'on a fait, tout ce qu'on s'est dit?
Il faudrait que je me contrôle. Que je contrôle ses transformations, parce que je ne veux pas qu'il est peur de moi. Si je pouvais me transformer en loup, rien que par volonté, ce serait plus simple. Je désire être loup...nouveau ça aussi.
A ces mots, mon corps se met en tressauter bizarrement. Je me recule, horrifiée de voir que la transformation arrive.

-Non! Non non non, je souffle, paniquée. Mes bras et mes jambes se raccourcissent à vue d'oeil, et ma tête s'allonge en un museau long et fin. Je ferme les yeux, prête à ressentir la douleur. Mais rien ne se passe.
Je tombe brusquement sur mes quatre pattes, et ouvre mes yeux en grands. Je suis transformée. Je n'ai pas eu mal. Et je suis consciente. Ma conscience humaine est consciente. Méfiante, je me mets à penser très fort que je désire redevenir humaine. Je contrôle mon énergie sur mon corps entier.
Et la transformation s'inverse, se passant sans douleur.
Je me retrouve assise contre le mur, nue, et la mine abasourdie.
J'ai réussi. Je contrôle mes transformations. Mais comment est-ce possible? Je passe une main sur ma tête, fiévreuse.

...

Je ne sais combien de temps s'écoule pendant que je réfléchis, assise par-terre.
Je finis par me lever, et enfiler un sweat noir, un leggins noir, et mes baskets. Je sors de ma chambre en trombe, toute excitée, mais surtout nerveuse. Je ferme à clé derrière moi, et pars en courant dans les couloirs du dortoir. Direction la forêt.

L'appel de la liberté, fin.
Zelda MacAglaral

J'entre incognito dans ma chambre aux petites lueurs de ce dimanche matin.
J'ai les jambes courbaturées, et le visage en feu. Mais ce n'est rien comparé à l'immense extase que je ressens en moi.
J'ai passé ma journée à courir, en loup. J'ai traversé la forêt, et je suis arrivée super loin. Tellement loin que je pouvais voir la grande barrière des montagnes, avec leurs sommets enneigés. J'avais largement dépassé les limites territoriales imposées par l'école. Mais je m'en foutais, je me sentais tellement libre! Je suis restée assise au bord d'une falaise, à attendre que la lune se lève. Je voulais voir ce que ça faisait de voir la lune en étant loup. Je me demandais si c'était comme dans tous les reportages, et les livres documentaires que j'ai pu voir et lire à la bibliothèque.
Mais non.
C'était encore plus beau que ça. J'ai hurlé, de toutes mes forces. Mais en réalité, le hurlement des loups, c'est comme un chant destiné à la lune. J'avais la conviction qu'elle m'entendait, et me répondait avec sa lueur. Elle était comme une déesse, la déesse de la nuit, celle à qui moi, louve Alpha, je devais fidélité. C'était vraiment particulier de vivre ça dans ma seconde peau.
Mais alors que j'étais occupée à louer ma déesse, d'autres hurlements se sont joint à moi pour élever nos voix encore plus haut. C'était magique de constater que d'autre loups étaient là, de l'autre côté de la falaise, quelque part dans les montagnes. C'était magique d'entendre leur hurlements se joindre à moi, et me suivre dans mes paroles. J'avais l'impression d'avoir une meute. Chose que je pourrais jamais avoir en réalité.
Malheureusement, j'ai du faire demi-tour, et rentrer à l'école. Je ne m'inquiétais pas de savoir si le Passeur ou Maugrey allaient se rendre compte de ma disparition, parce qu'en réalité ils ne se rendent jamais compte de rien. C'est assez drôle.
Mais je devais rentrer, c'est tout.

Je me dirige vers la salle de bain, mais en voulant me déshabiller, je contemple mon visage. J'ai des égratignures partout, et du sang séché. La prochaine fois, je serais plus vigilante sur les ronces... et les branches griffantes.
Je me regarde d'un air ébahi. J'en reviens pas que je vive ça. Que je vive tout ça. Cette école, cette vie, ces pouvoirs... Je me suis enfin trouvée, il faut croire.

Une fois douchée, j'enfile un T-shirt gris large, et je m'affale sur le lit pour m'endormir comme une masse.