Special for me

Special for me

J'essaie d'ouvrir les yeux, mais mes paupières sont lourdes. Je ne distingue pas bien ce qui se passe.
Je ne reprend conscience que quand je ne sens plus ses bras autour de moi, et qu'il me pose.
J'ouvre les yeux en grand. Je reconnais mon lit, et ma chambre. Je le vois se retourner pour partir. Non! Je ne veux pas qu'il me laisse seule.

-Zephyr!

Il se retourne, surpris.

-Reste, s'il-te-plaît, je lui demande d'une voix très faible.

Special for me.

Zelda MacAglaral

- Reste, s'il-te-plaît.

Je me retourne alors vers elle, doucement et me rapproche de son lit. Je m'assoies près d'elle et laisse ma main se perdre dans ses cheveux, caressant ses mèches avec douceur. Je la regarde d'un air concerné. Je ne veux pas qu'elle souffre, je me doute que ce qu'il s'est passé dans la forêt à dû lui faire très mal. Son corps doit certainement hurler à la douleur et elle ne le montre pas. Sa voix est faible, certes, mais nullement éteinte.

- Je reste là, ne t'en fais pas.

Je dis ceci en la regardant droit dans les yeux. Elle a le même regard brillant et profond que ce loup blessé. Je sais que le doute n'est plus permis, mais tout de même.. Il va falloir que je m'y habitue.

Je le regarde. Je ne sais pas quelle tête je dois avoir pour qu'il est cet air inquiet, mais je n'ai certainement pas une mine radieuse.
Il faut que je lui parle. D'abord pour ma transformation, mais aussi pour la soirée bal masqué. J'inspire. Mes côtes me font super mal, alors je grimace.

-Ne t'inquiètes pas. J'ai toujours mal à chacune de mes transformations. Même si c'est de moins en moins pire.

Sa main me caresse la tête. J'apprécie ce moment de douceur, ça me fait vraiment du bien après tout ce que mon corps a enduré.
J'ai décidé. Je vais d'abord lui expliqué pour ce "pouvoir".

-Cela fait quatre ans que ce... pouvoir... s'est manifesté chez moi, je commence d'une voix faible. Je possède des aptitudes de Earths, comme faire pousser des plantes,et des trucs bidons comme ça, mais j'ai toujours eu une affinité avec les animaux. Depuis toute petite, je les attire tous sans le vouloir. C'est parce que j'ai toujours eu ce pouvoir en moi, et les animaux le sentaient: je suis une louve Alpha.

Je marque une pause, plus pour me ménager que pour lui laisse le temps d'ingurgiter mon explication.

-C'est réputé pour être au-dessus de la hiérarchie de toutes meutes. Je suis le Maître absolu des forêts, je lui dit avec un sourire en coin.

Pendant un moment, je ferme les yeux. La douleur est à son comble: il faut que je reste calme quelque minutes. Je lui attrape sa main qui fourrageait dans mes chevaux, et serre les dents. Ça passe plus vite que je m'y attendais. Je rouvre les yeux, et sans lâcher sa main, j'essaie de m'asseoir. Je constate alors que je entièrement nue, hormis le pull que je porte, et qui n'est pas à moi. Je rougis un peu.

-C'est toi qui m'a enfilé ça?

Zephyr acquiesce. Je ne sais pas si il dit quelque chose ensuite. Je viens de voir son teint blafard, et ses yeux épuisés. C'est simple: il a l'air exténué. Je fronce les sourcils. La même impression d'il y a quelque jours me serre l'estomac. Je pose ma main sur sa joue droite. Qu'est-ce qu'il lui est arrivé? Je ne dis rien, et le regarde, le même air sérieux sur le visage. Alec m'avait juré qu'il allait bien. Qu'il avait du avoir une mésaventure avec son pouvoir de téléportation non-contrôlé, mais qu'il allait bien. Je commence à sérieusement en douter. Mais si ça se trouve, il n'a pas cherché à me rassurer. Il ne voulait certainement pas que je sache. Mais que je ne sache pas quoi? Je sens au plus profond de moi que j'ai raison. Je laisse ma main retomber lentement, et je lui prend sa main. Si il n'est pas bien, je n'ai pas envie de remuer le couteau dans plaie avec ma curiosité. Je le regarde, le plus intensément possible.

-Merci Zephyr. Pour ton pull, et ta patience. Je suis désolée de te faire subir tout ça... et, si tu veux parler, je tiens à te dire que tu peux compter sur moi.

Je sais qu'il ne le fera pas. Du moins, c'est ce que je pense. J'inspire un grand coup. Il faut aussi que je m'explique pour autre chose, histoire d'enlever ce poids en moi. Je baisse le regard, intimidé par la profondeur du regard du bel asiatique. Mais surtout parce que ce que je m'apprête à dire me gêne énormément.

-Et...je m'excuse, pour vendredi soir. J'avais trop bu, et je calculais pas vraiment ce que je faisais. Je le pensais pas vraiment et regrette beaucoup...euh, je veux dire, le baiser était pas si mal, je te critique pas! Enfin, techniquement c'est moi qui t'ais embrassé, mais...

Je m'arrête, plus que gênée. Rah, quelle idiote, pourquoi il faut que je m'emmêle les pinceaux à ce moment de la phrase? Je garde les yeux fixés sur nos mains jointes. Je déglutit. Tant pis. Je suis trop avancée, je ne peux que continuer.

-Tout ce que je t'ai dit, dans les toilettes...que je devais m'éloigner de toi, que je risquais de tomber amoureuse...je marque une pause. Mon coeur bat la chamade. Je le pensais. Je tiens beaucoup à toi Zephyr. Plus que tu ne peux te l'imaginer. Tu es quelqu'un de spécial pour moi.

Je repense à ma panique, quand je ne le trouvais pas. A ma soirée, et ma journée avec Alec. Je suis bien loin de tout ça, maintenant.

-Tu dois sûrement pas comprendre pourquoi je te dis tout ça, là, maintenant. Moi non plus, je ne comprends pas très bien. Je crois que...c'est parce que j'ai peur de te perdre. De te voir partir. Parce que je sens que tu t'éloignes, et ça me rend triste, parce que je ne sais pas si c'est à cause de moi, et de ce que j'ai fais.

Je relève les yeux vers lui, et plonge mon regard dans le sien. J'ai ouvert mon coeur. Et je sais ce qu'il va me répondre. Je le sais, et je l'accepte. Parce que ça ne peut-être que comme ça. Il n'y a pas d'autres probabilités entre nous. Ce sera toujours Zephyr et Zelda, et par Zephyr et Zelda. La nuance du "et" n'est pas la même. Et à ce stade, il faut savoir la reconnaître.

Special for me.

Zelda MacAglaral

J'écoute attentivement tout ce que tu me dis, y portant un grand intérêt. Je ne dis rien, je ne cherche pas à t'interrompre. Alors que tu termines de parler, je regarde un instant nos mains l'une dans l'autre. Je m'en veux. Parce que je ne peux pas répondre à tes sentiments. Je peux les comprendre, du moins essayer de les comprendre. Je relève alors mon regard afin de le plonger dans le tien.

- Je ne me suis pas éloigné à cause de toi. Ce que tu m'as dit ce soir là, je l'ai compris et accepté mais pour moi.. Ca ne change rien à ce que je pense ou ressens pour toi.

Je fais une courte pause, il ne faut pas que je sois maladroit.

- J'ai trouvé en toi quelque chose. La première fois où on s'est rencontré.. Enfin, la deuxième si on ne compte pas le feu de camp où nous nous sommes juste aperçus de loin sans s'adresser un mot.. Le soir où j'ai atterri dans ta chambre. Ce soir là, je ne veux pas l'oublier, jamais. Parce que j'ai trouvé quelque chose de précieux. Je me sentais bien avec toi, assis l'un à côté de l'autre. J'étais serein, et crois moi c'est rare que mon esprit ne s'emballe pas dans tous les sens. Je ne pense pas être en mesure de répondre à tes sentiments. Avec toi, j'ai envie de créer autre chose. Peut-être quelque chose de plus fort que l'amour. Je n'aime pas ce concept de "tomber amoureux" d'une personne et de ne vivre qu'à travers ses yeux. Je trouve ça égoïste car tu te dérobes aux yeux des autres sans leur laisser le choix. Je ne veux pas être amoureux de toi Zelda, mais je veux bien qu'on refasse le monde tout les deux, main dans la main. Je ne veux pas t'enfermer et te garder pour moi seul, tu mérites tes ailes comme chaque être humains. Je me sentirais coupable si je devais te les arracher. Dans "tomber amoureux", il y a tomber, et ça, je ne veux pas que tu l'oublies. Je ne veux pas te voir tomber par ma faute. Je veux que nous nous élevions, parce que je sais qu'avec toi, je peux créer quelque chose de mieux que de l'amour. De plus puissant, plus fort et de durable. L'amour est éphémère, on s'éprend, on s'aime, on se jette, on pleure et on recommence ailleurs. Je ne veux pas de ça.

Je m'arrête un instant et regarde nos mains avant de serrer la tienne un peu plus fort.

- Je veux que tu tiennes ma main, que tu avances avec moi. C'est la seule promesse que j'ai envie de te faire.

Je viens alors me rapprocher de toi lentement avant de sceller nos lèvres ensembles. Je t'embrasse avec une tendresse folle tout en caressant ta main de mon pouce. Je me recule alors un peu avant d'approcher mes lèvres du creux de ton oreille.

- Ce baiser sera notre promesse, d'accord ?

Je me recule un peu plus, revenant à ma position initiale sans lâcher ta main.

- Si tu te perds, si tu as peur, si ton cœur souffre, si tu sens que ton corps ne te porte plus, je serai la pour te porter. La seule chose que je désires en échange, c'est que ce sourire que j'ai vu lors de notre première rencontre ne s'efface jamais.

Je lâche ta main pour venir caresser ton visage avant de déposer un chaste baiser sur tes lèvres. Je me relève alors, mes doigts quittant lentement ta joue. Ma main glisse alors dans ma poche, j'en ressors un petite plume d'oiseau que je pose dans l'une de tes main. Une fois ceci fait, je te regarde rapidement avant de me retourner, me dirigeant vers la sortie.

- Si tu acceptes de me faire cette promesse toi aussi, je veux que tu me montres cette plume la prochaine fois que nous nous verrons.

Sur cette dernière phrase, je quitte ta chambre sans un mot de plus.