Couloir du dortoir.

LE CRI.


Sven Weiss

Il est tard. C'est le moment où jamais. J'ai pas oser entrer dans le dortoir parce que Martin semble être en pleine dépression. Certainement en train de regretter d'avoir briser notre amitié. PARCE QUE OUI, JE SUIS UN AMI INDISPENSABLE. Une fois qu'on m'essaye, on ne peut plus me lâcher… Quand je dis "quand on m'essaye" ça veut dire quand on me prend à l'essaie hein. JE NE ME FAIS PAS ENFILER PAR MES AMIS. Jamais de la vie. Même si je suis certain que Martin fantasme sur mon corps. Et je le comprends parce que moi aussi.. QUOI ?! J'AI PAS LE DROIT DE FANTASMER SUR MOI-MEME ? JE SUIS BANDANT. Quand je me vois dans le miroir, je jouis. Non mais je ne résiste pas à mon sourire.. Par contre, je suis pas hyper sympa avec moi-même.. A CHAQUE FOIS ! A chaque fois que j'essaye de me lécher la pomme.. BLAM. J'ME PRENDS UNE VITRE. J'suis plutôt inaccessible comme mec, ouais, ouais. C'est mon côté artiste militant qui ressort. C'est un peu comme la métaphore du poisson chat. NON MAIS ATTENDEZ PAS QUE JE L'EXPLIQUE HEIN. J'AI DIT ÇA PARCE QUE CA PETE. CA ENVOIE DU BEURRE SALÉ.  Et ouais, j'ai des expressions bretonnes. A TOUS LES RAGEUX QUI ME TRAITENT DE FAUX BRETON, JE VOUS DESCEND. NO RAGE ON VA TOUS SE SAOULER AU JUS DE POMME. ALLEZ ! Ouais je dois limiter l'alcool parce qu'en ce moment, quand je transpire, y a des relances odorantes de chouchenn.. Je passe direct pour un alcoolique, c'est vraiment pas cool.

Bon, revenons au sujet de base.. COMMENT CA Y EN AVAIT PAS ? BIEN SÛR QUE SI. C'EST JUSTE QUE PERSONNE NE SUIT. A QUAND C'EST POUR ECOUTER LES COMMÉRAGES DU QUARTIER LA Y A DU MONDE. MAIS POUR ECOUTER LA VIE D'UN PAUVRE HOMME.. LA LE PEUPLE DESERTE. BANDE DE DESERTEURS ! BORIS VIAN !

Donc, je suis sorti du dortoir après avoir espionné Martin. AGENT 007 ICI. Et je me suis dirigé vers le dortoir des Earths. Prêts à accomplir un nouveau THUG LIFE. Je ne sais pas encore ce que je vais pouvoir faire chez eux, j'improviserai sur le coup. Mon talent d'artiste devrait suffire à assouvir mes pulsions de voyou que je tente désespérément de refouler.. ON PEUT PAS TOUT REFOULER. AU BOUT D'UN MOMENT CA BLOQUE ! Y A UN PANNEAU STOP QUI SE MET EN PLACE ET QUI NOUS RENVOIE À LA FRONTIÈRE.

J'arrive alors devant le dortoir des Earths, j'ouvre discrètement la porte avant de courir dans le couloir en hurlant.

-  SILEEEEENCE.. CA POUSSE !


Je me retire alors dehors par où je suis venu. Je m'arrête devant leur bâtiment, peu satisfait. Ouais, la vanne était moyenne. Disons que j'avais pas de chute.. Et qu'il faut reconnaître la référence de l'émission de jardinage sur France 5.… BON. Je ferais mieux la prochaine fois. ON PEUT PAS ETRE BON TOUS LES JOURS. Je sors alors mon paquet de clope et mon briquet et m'en allume une en me dirigeant vers le centre de l'école.

Le Cri.

Zelda MacAglaral

Il fait trop chaud, je n'arrive pas à dormir. J'ai les fenêtres grande ouvertes, laissant la lueur de la pleine lune s'infiltrer dans ma chambre. Je me lève, et m'accoude à la fenêtre. Une brise chaude souffle, dans le but impossible de rafraîchir la terre.
Je dirige mes yeux vers l'astre majestueux qui trône parmi les milliers d'étoiles. Le ciel étoilé d'été ne vaut pas celui d'hiver, mais on s'en contente largement.
Je suis tirée de mes pensées par des pas d'éléphants précipités dans le couloir, et un hurlement de supporter de foot débile:

- SILEEEEENCE.. CA POUSSE !

Je souffle, désespérée. Un mec sort par la porte du dortoir, en bas, à ma droite. Il se retourne et s'arrête devant notre dortoir, les poings sur les hanches. Si je pouvais voir sa tronche, nul doutes qu'il aurait l'air satisfait de lui. Il sort alors un paquet de clope de sa poche, et s'en allume une. Au moment où il se retourne et s'apprête à partir, je lui lance d'une voix narquoise:

-Hé, le comique! Si tu ne veux pas que je t'étrangle avec une liane pour ta blague archi-pourrie, paye ta clope!

Je le vois se retourner vers moi. Avec un sourire narquois, je me hisse sur le bord de la fenêtre, et m'y assoies, les jambes dans le vide.

Le cri.

Zelda & Moi.

-Hé, le comique! Si tu ne veux pas que je t'étrangle avec une liane pour ta blague archi-pourrie, paye ta clope!

Je me retourne vers la voix qui semble se diriger vers moi. MAIS QUI PIAILLE A CETTE HEURE-CI ? Y A VRAIMENT PLUS DE RESPECT DANS CE MONDE ! Je me retourne donc pour apercevoir une jeune fille qui monte à sa fenêtre pour s'y asseoir, oklm. Je pose mes mains sur mes hanches en bombant le torse, pour faire genre je suis un homme hyper viril. J'ai pas entendu tout ce qu'elle m'a dit mais c'était à base de comique, liane et payer ma clope. Je suppose qu'elle a dû dire que j'étais aussi comique qu'une liane qui paye des clopes.... BON. C'EST PAS SUPER CRÉDIBLE MAIS JE M'APPELLE PAS SHERLOCK. J'AI LE DROIT DE PAS RÉSOUDRE TOUTES LES ENQUÊTES OUESH. Bon, elle doit certainement vouloir une clope.. MAIS JE TE L'ENVOIE COMMENT MALINE ? J'suis pas comme ces Airs arrogant qui peuvent voler jusqu'au fenêtre.. D'ailleurs les AIR, parlons-en ! J'AI RIEN A DIRE DE PLUS DESSUS MAIS LE SEUL QUE JE CONNAIS EST EN TRAIN DE SE TAPER MON PARTENAIRE DE CHAMBRE ET CA ME MET MAL A L'AISE. DU COUP, VOILA. OUAIS J'AI PLUS D'ARGUMENTS, QUI CA GÈNE ?!

- EH. JE TE LA PAYE COMMENT ? Non parce que tu vois je vole pas moi. Je peux essayer mais même si je vais m'acheter des ailes je suis pas certain de pouvoir m'envoler. En plus il faut d'abord que j'aille jusqu'au galerie, que je négocie pour les avoir à moitié prix parce que je ne roule pas sur l'or.. Mais ça, c'est la troisième étape parce qu'il va d'abord que je les trouve dans un magasin. Et même dans le centre commercial du Passeur je suis pas certain d'en trouver.. Et puis ensuite il faut que je revienne ici avec mes ailes. Va falloir que je m'entraîne pendant deux jours.. Et le temps que je sois prêt tu auras déjà pu fumer deux paquets de Winfield. OUI PARCE QUE CE SONT LES MEILLEURS CLOPES SUR TERRE. Avec les Kent évidemment.. Mais les Winfield ce sont les meilleurs. JA-MAIS tu ne goûteras meilleur ! Bon, sinon, elle est où la solution pour te payer une clope ? PARCE QUE MOI JE COMPTE PAS TE LA LANCER. Même si je suis un homme hyper musclé et hyper fort.. VOILA. Je vais pas user de mon IMMENSE force pour lancer une clope.. Hein... Ouais...

Je le regarde en roulant des muscles.. Bon ok, j'en ai pas non plus à marée mais je me trouve hyper sexy comme ça. NON JE NE DIS PAS CA POUR ME CONSOLER, LÂCHEZ MOI. Ouais, TU ME LÂCHES FRANÇOIS, TU ME LÂCHES OU SINON JE TE LÂCHE ! TU L'AURAS VOULU. JE TE LÂCHE.

Le Cri

Sven et moi

Je souris, amusée. Ce type est super étrange. Et gueulard. Une vraie boule d'énergie.
Je rigole un peu quand il achève son long discours sur les ailes qui ne peut pas avoir. Puis je le regarde, toujours avec un grand sourire. Il est tourné vers moi, mains sur les hanches, torse bombé, dans une position de berger fier de sa montagne.

-Attrape une clope de ton paquet, et tend la main devant toi, je lui dis d'une voix de velours.
Si je pouvais voir l'air de son visage, je pense qu'il aurait levé un sourcil et aurait pris un air dubitatif. Néanmoins, il s'exécute, et sort un paquet de sa poche.
Je lève la main à mon tour, et concentre tout mon énergie sur celle-ci. Je visualise le sol, et l'endroit exact, sous sa main à lui. Je la visualise...et une espèce de liane sort du sol en se contorsionnant. Mi-serpent mi-plante, le truc se dresse au-dessus du gars, lui prend délicatement la clope des doigts, et grimpe jusqu'à moi. Je prends la clope en souriant, et la liane disparaît dans un *POP!* scintillant.

-Merci! je lance au gars toujours en bas, en lui adressant un signe de tête.

Finalement, il l'aura vu, ma liane. Je glisse ma main sous ma fenêtre pour attraper le briquet sur l'étagère, et grille le bout de ma clope avec. Si c'est une Winfield, je n'en ai jamais goûter. J'aspire dessus, et laisse la fumée toxique ramper dans ma gorge, jusqu'à mes poumons.
Divin.

Le cri.

Zelda et moi.

En voyant la liane disparaître, un fin sourire se dessine au coin de mes lèvres. Elle est donc capable de créer des lianes capable de soulever des objets, intéressant. Je suis certain que ce don peut être exploitable de bien d'autres manière tout aussi plaisantes. Un petit rire joueur s'échappe de mes lèvres en la regardant fumer. Une main vient se poser sur ma hanche alors que je l'observe d'en bas.

- Merci ! Me dit-elle.

Je lui réponds un "de rien" d'un bref signe de tête avant de continuer mon observation. Je me demande à quel point ses lianes peuvent être fortes et solides. Sont-elles capables de soulever le poids d'un être humain ? Mes yeux parcours le sol un instant avant de revenir sur elle.

- Peux-tu me faire monter jusqu'à toi à l'aide de ce don ?
Mon malin sourire reste accroché à mes lèvres. Je trouve réellement ce don intéressant. Mais, peut-être qu'elle attendra quelque chose en retour ? Si c'est le cas je ne vois pas en quoi mes dons peuvent l'intéresser. Je dois trouver autre chose qui puisse attirer sa curiosité. Le fait d'être imperméable ou de transformer l'eau en glace ne l'intéressera pas. Elle ne trouvera pas en quoi je peux l'aider.. A moins de mettre mon talent d'artiste à profit et de réaliser une sculpture d'elle dans la glace, je ne peux rien faire. Je m'autorise quelques secondes de réflexion avant de trouver une idée.

- Est-ce que tu aimes bien la mer ? Car si c'est le cas, je pense pouvoir t'amener naviguer lorsque j'aurai trouver un bateau. Sans vouloir venter mes racines de suédois, je peux t'assurer que j'ai le pied marin. Si tu acceptes d'utiliser ton don pour me faire monter à ta fenêtre, je t'amenerai en mer.

Une balade en bateau le long des rives de la plage n'est pas forcément une idée très original, je le conçois. Mais elle peut tout de même être une idée plaisante. Qui n'aime pas voyager en mer et se rêver pirate l'espace de quelques heures ? BON. OK. CEUX QUI ONT LE MAL DE MER ET/OU ACCESSOIREMENT PEUR DE L'EAU. MAIS QUE TOUS LES AUTRES LEVENT LA MAIN. Franchement, il n'y a rien de mieux que mer pour s'évader et penser à autres choses. Oublier chacun de ses soucis et se laisser porter par les flots messieurs dames, c'est ça la vie. La vraie !

- Qu'est-ce que tu en dis ?

Je la regarde, la main sur la hanche en attendant une réponse qu'elle soit auditive ou gestuelle, peu importe.

Le cri.

Sven et moi

- Qu'est-ce que tu en dis ?
Je le regarde en clignant des yeux. Ma clope est suspendue du bout de mes doigts, à mi-chemin de mes lèvres. La mer? Un tour en bateau? Il a voulu m'épater avec tout ça? Un petit rire amusé prend ma gorge d'assaut quand il pose une main sur sa hanche, fier de lui. Hors de question que je le fasse monter jusque ici. Pas envie de devoir me le coltiner, ce marin improvisé et à moitié dragueur du dimanche.
Je passe une mèche derrière mon oreille, et aspire sur le filtre de ma cigarette à moitié entamée.

-J'peux pas te faire monter jusqu'à moi, ne rêve pas: les plantes ne sont pas aussi dociles que ça, je lui dis d'un ton sérieux.

J'avoue que c'est à moitié un mytho. Si je veux, je peux très bien le faire monter. Mais j'ai utilisé trop d'energie dans ma récente transformation, et dans l'invocation de la liane. Et oui, les enfants, on vous a menti: cette école ne fait pas de nous des super-héros aux pouvoirs illimités. Les super-héros, ça n'existent pas toute manière. Un peu de sérieux, voyons! Soyons rationnels.
Pour en revenir à ce gars, là en bas, j'avoue, j'ai voulu l'épater à ma manière, moi aussi, avec ma liane. Mais c'est seulement parce que ce n'est pas le premier débile qui sort une blague sur les earths que je croise. Et voilà, cet énième crétin a eu la chance de me voir à l'oeuvre.
J'écrase ma cigarette sur le bord de la fenêtre, et laisse le mégot fumant sur le rebord.
Mon regard se dirige vers l'inconnu, toujours en bas. Je secoue la tête en souriant. Après tout, qu'est-ce qui me dit qu'il est vraiment un débile enrichit à la testostérone? Au fond, il a l'air drôle. Et puis, je m'ennuie ce soir. J'ai envie de rire un peu, de ne penser à rien.
Je me penche alors vers lui.

-Une balade en mer, hein? je lui dis en penchant la tête sur le côté. Pourquoi pas. Mais je change le deal. Si je ne peux pas te faire venir à moi, c'est moi qui viendrais à toi. Bouge pas!

Je balance mes jambes dans le vide, et saute de la fenêtre. Je lance mon bras droit en l'air, et une sorte de plante-corde éclate de ma paume pour s'accrocher au rebord de ma fenêtre. Je descends rapidement, et atterri sur mes deux pieds avec la classe d'un certain homme-araignée bien connu. La plante-corde disparaît dans un *pop* similaire à la liane. Je souris, un peu étonnée de voir l'étendu assez vaste de mon pouvoir. Je pose mes mains sur mes hanches. Improvisation to-tale pour une arrivée au poil. La grande classe!
Je me retourne vers le gars. Je m'avance vers lui, et arrive à sa hauteur en deux petits pas. Je lui souris d'un sourire d'enfant qui découvre une barbe-à-papa pour la première fois de sa vie. Pour l'effet femme fatale et sûre d'elle, je repasserai...

-T'es plus grand que je l'imaginais, dis-je en passant ma main de mon front jusqu'au sien.

Je le dépasse, et marche les mains dans le dos. Puis je me retourne, en souriant.

-Et si on parlait de la manière dont vous comptez vous y prendre pour choper un bateau, et m'emmener sur les flots, capitaine?

J'esquisse un sourire de BN avec mes lèvres, et attend de voir sa réponse.