Chambre d'Alec, finalement.

Je le sens se rapprocher derrière moi et me tenir. Je passe ma main sur son bras pour enlacer enfin mes doigts avec les siens. Il m'explique tellement de choses d'un coup en étant cash. C'est ce que j'ai besoin d'entendre et j'ai besoin qu'on me parle comme ça. Je me sens retourner sur le dos et je me laisse trainer et amener par Alec sur sa chaise, tout en l'écoutant. Après tout son discours, je souris, les larmes aux yeux. Il m'accepte vraiment. C'est tellement beau et ça me touche tellement que je ne peux m'empêcher de passer pour un con à être au bord des larmes après un tel réconfort. Je me baisse et pose mes coudes sur mes genoux et cache ma tête de mes mains pour ne pas qu'il me voit être faible, bien qu'il m'ait déjà vu dans cet état.

-Si seulement tout le monde pouvait penser comme toi Alec. 

Je me mets à pleurer pour de bon. Pas par chagrin, car il m'a remonté le moral mais par reconnaissance. Je serais prêt à lui sauter dessus et l'embrasser pour le remercier mais je risquerait de me faire jeter.

-Merci pour tout Alec, ça me va droit au coeur, lui dis-je avec une voix tremblante, sans le regarder.

Je me redresse et essuie ces larmes qui me trahiront à chaque fois. La cigarette me brûle les doigts et je la lâche en me serrant les dents. Je fais venir de l'eau à moi pour l'éteindre et me passer la main dedans pour me calmer la douleur. Je récupère la cigarette et la jette aussi par la fenêtre. Je regarde Alec dans les yeux.

-Est-ce que... Je peux rester cette nuit avec toi? Et... Dormir avec toi? lui demandais-je d'un ton hésitant.

Il va finir par croire que je profite de sa gentillesse mais ce n'est pas le cas. Je n'ai pas envie de repartir de sitôt. Voilà tout.

Je commence à prendre un débardeur et un boxer dans mon armoire que je balance sur mon lit et ressors la même chose, que j'amène à Maxence. Je lui pose sur le bureau et hoche la tête pour lui dire oui. Je me dirige vers mon lit tout en me déshabillant et finis nu. J'enfile les habits et m'étire. Je me rapproche à nouveau de Maxence et commence à lui ôter son haut. J'ai besoin de m'occuper de quelqu'un vu que je ne peux pas m'occuper de mon cousin. Je lui mets le débardeur et récupère le boxer en main. De ma main libre, je lui prends une des siennes et l'amène jusqu'à mon lit. 

Je le lâche et me jette sur mon lit en finissant sur le dos. Je passe mes mains derrière la tête et l'observe de haut en bas en souriant. Je croise mes jambes. Dire que j'ai couché avec lui. Je ne réalise toujours pas. Mon sourire s'élargit.

-Je t'attends hein. 

Je me redresse et lui attrape le bras pour le faire tomber. Je passe mon bras autour de son cou pour le laisser s'installer contre moi. Il n'y aura rien ce soir. Une autre fois peut-être. Même si j'en avais envie, l'effet de la drogue ne s'arrête pas net bien qu'ils soient presque entièrement partis. Je remets une de mes mains derrière la tête et lui caresse mes cheveux de l'autre. Je dépose mes lèvres sur sa chevelure et pose en suivant ma joue sur sa tête.

-Il faut dormir maintenant, lui dis-je en éteignant la lumière. 

Je cherche sa tête de mes mains en y trouvant son nez et ses lèvres. Je m'avance près de lui et l'embrasse délicatement. Il en a envie, je le sens. L'embrasser ne me tuera pas, vu que je l'ai déjà fait mais cela m'apportera une certaine affection. Je lui caresse le visage tout en continuant à l'embrasser, cette fois langoureusement. Je retire ma langue et lui mordille les lèvres avant de descendre jusqu'à son cou tout en lui donnant des baisers, pour ensuite remonter jusqu'à son oreille.

-Tu me remercieras plus tard, lui dis-je en un murmure avant de l'embrasser encore et de m'allonger en le prenant dans mes bras.

Je ne sais plus trop où donner la tête. J'allais me changer mais Alec commence à le faire pour moi et m'amène directement dans son lit en me faisant tomber. Je voulais l'embrasser mais je ne penser pas qu'il voulait plus. Mais finalement je me retrouve dans ses bras et j'en profite pour me blottir contre lui.

-Bonne nuit oui, dors bien! 

Mais aussitôt dit, il se redresse pour éteindre la lumière et commence à me toucher le visage puis à m'embrasser. Je lui caresse le doigt en le retenant avec l'une de mes jambes et me laisse faire mais je décide de l'embrasser moi aussi. Donnant donnant. 

«Tu me remercieras plus tard» me dit-il.

-Ne t'en fais pas Alec, quand tu veux alors, lui dis-je d'une voix joueuse.

Je souris à l'entente de cette phrase. Ai-je bien compris ce que tu veux dire mon cher Alec haha? Il se repositionne et moi de même. Je pose ma main sur son torse et ma tête au creux de son bras. Ca commence à me faire drôle d'être ainsi avec lui mais ce n'est pas déplaisant. Je commence à m'endormir pour finir complètement assommé par le sommeil.

J'ouvre les yeux et m'étire pour remettre mes membres en fonctionnement. Je détourne la tête vers Maxence et souris en lui embrassant la tête. J'essaie d'enlever mon bras sans le réveiller et à pas de loup, je me dirige vers mon armoire pour y prendre un bermuda bleu canard, un polo blanc et un boxer. Je m'en vais dans la salle de bain et décide de prendre une douche froide me lavant de la tête aux pieds. Je reste ainsi pendant une bonne demi-heure. Oui, pire qu'une fille je sais mais c'est l'un des endroits fars pour penser.

Je pense à ce que je vais faire. Je peux rester avec Maxence et me promener avec lui toute la journée mais ce programme se fera s'il en a envie et je ne pense pas qu'il refusera. J'aimerais voir Zephyr mais je dois encore le laisser se reposer. Il faudra que j'attrape Martin pour savoir s'il a vu et comment il va. Ceux ne sont que des détails mais des détails d'importance. 

Je m'accroche une serviette autour de la taille et m'avance vers le miroir du lavabo. J'essuie à l'aide de mon avant bras, la buée. Je me regarde et me passe une main sur ma barbe. Faudrait que je me rase un de ses quatre mais pas encore, je vais attendre un peu. Je me passe de l'eau sur le visage, attrape ma brosse à dents avec le dentifrice et me brosse les dents, bien évidement. Oui, La Palisse n'aurait pas dit mieux. Je fais toutes les actions possibles et nécessaires pour ce brossage. Je me sèche pour enfin enfiler mes habits et je ressors de la salle de bain. Des goutes d'eau venant de mes chemins glissent le long de mon dos.

Je me tourne vers Maxence qui dort encore et je me penche pour lui poser un baiser sur la joue, que je caresse avec ma main. Je me redirige vers ma commode pour y sortir une tenue qu'il pourrait mettre en cette journée. Je dépose ceci sur ma table de chevet et prends une cigarette dans le tiroir en attendant qu'il se revienne. Je me pose dos au rebord de la fenêtre et souris en le regardant. Il bouge un peu et semble tapoter le lit pour me chercher.

-Ne t'en fais pas Maxence. Je ne me suis pas enfui comme un voleur, lui dis-je en souriant.

Je me retourne pour jeter ma cendre et m'avance vers lui d'une d'une démarche confiante. Je l'embrasse sur ses fines lèvres et laisse échapper un "bonjour" tout en souriant et l'embrasse encore.

Je commence à me réveiller et à m'étirer tout en souriant sous la relaxation et le bien que ça fait de se réveiller. Je cherche dans la lit la trace d'Alec, mais mon sourire s'efface lorsque je sens qu'il n'y est pas. C'était donc ça. Tant de gentillesse foutue en l'air, car peut-être qu'il n'assume pas. Ou peut-être avait-il autre chose à faire. Une voix brise ce silence, que je croyais profond. Ha Alec, je me retourne vers lui en souriant, rassuré. Il s'approche de moi et m'embrasse à nouveau. Je lui rends son baiser en lui disant bonjour à mon tour. Je le prends par le bras pour le faire assoir à mes côtés. Je pose ma tête sur son épaule et lui prends sa cigarette des mains et en prends une bouffée.

-Comment vas tu? Tu veux faire quelque chose aujourd'hui? Je te suis, où tu iras j'irais.

Je lui souris, reprends une taffe et lui rends sa cigarette. Je l'embrasse dans le cou avant de me lever. Des vêtements sont là. Je le questionne du regard. Il semblerait que ça soit pour moi. Je souris et le remercie avant de partir dans la salle de bain. Je me lave, me prépare de fond en comble et reviens tout propre devant Alec.

-Bon, le temps que tu décides on y est encore donc tu vas me suivre. On va aller du côté de chez Swann, tu sais à l'accrobranche qu'ils ont intallé, avec le coin sportif de l'école avec la forêt.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je le tire avec moi en dehors de la chambre pour aller dans le jardin.

Suite Jardin-Cour > Espace réservé aux activités sportives.

Me voilà enfin dans ma chambre. Je ne sais pas quoi faire. Je décide de m'allonger sur mon lit. Je me prends une cigarette et pense. Je pense à cette journée que j'ai passé avec Maxence. J'ai vraiment passé du bon temps. Cette homme me satisfait vraiment sexuellement parlant. Plus que Joy ne l'a fait en tout cas. Je me demande comment il a fait avant car il n'était pas vierge la première fois qu'on l'a fait donc sûrement qu'une autre personne était au courant de son cas. Mais qui? Je ne saurais dire. 
Je ne m'intéresse pas vraiment aux gens ou alors à ceux qui semblent mériter cette attention. Je commence à me faire un bilan de mes rencontres. Commençons par le commencement. Joy; elle ne m'intéresse pas et ne me divertit pas intellectuellement parlant. Je la trouvais banale et elle a su me confirmer cela. Je repense à lorsqu'elle m'a drogué. C'était vraiment un coup de lâche à manipuler mes gestes sans que je n'ai le temps de faire ou dire quoique ce soit car je ne suis pas dupe malgré les apparences. Jamais je ne me serais laissé faire, ni avoir, par simple expérience. 

Ensuite il y a Zelda. C'est une fille tout à fait adorable qui a une certaine joie de vivre mais je n'ai jamais réellement eu de conversations sérieuses avec elle pour voir comment elle pense. Il faudrait que je la revois d'ailleurs pour prendre de ses nouvelles. Puis il y a eu Jael. Mon ordre de rencontre n'est pas vraiment suivi mais Jael après Zelda ça sonne bien, vu qu'il m'en a parlé. Ce type semble être intéressant. Ses tirades imagées semblent révélées qu'il y a quelque chose en lui, une certaine expérience de la vie. Peut-être pas aussi tragique et dure que la mienne, sans me prendre pour un héros mais il y a quelque chose à en tirer. Il faudrait que je le revois aussi.

Puis il y a Lowell que j'ai rencontré. C'était un spécimen ce gars là mais pas au point de lui porter vraiment toute mon attention bien que pendant un instant j'ai cru qu'il pouvait m'intéresser. Il a fait du mal à mon cousin et jamais je ne pourrais lui pardonner. Comment le pourrais-je? Depuis des années on touche à ma famille et ces deux dernières fois, étaient les fois de trop. Mais heureusement qu'il y a Martin pour lui. La seule raison pour laquelle je m'intéresse à lui c'est car il est proche de Zephyr et qu'il le rend heureux d'après ses dires. Il faudrait aussi que je le revois pour lui demander des nouvelles. De lui, facultativement mais surtout de mon cousin sauf si je le vois la semaine prochaine.

Après il y a Maxence. C'est quelqu'un d'intéressant aussi, je le sens. Avec lui non plus je n'ai pas réellement eu de conversation importante si ce n'est la fois où j'ai essayé de le remettre sur pied après sa transformation. Et enfin il y a Aaron. Il semble être gentil mais je dois apprendre à plus le connaitre. Lorsque nous ne sommes pas nous-même en face des gens c'est difficile d'en tirer des conclusions.

Je me repasse en tête tout le monde que j'ai pu croiser. Il ne me semble pas en avoir oublié si ce n'est que mon cousin. Mais Zephyr, je le connais depuis que je suis né. Ce n'est pas la même chose. Avec tout ce qu'on a vécu ensemble je ne peux que l'aimer et lui accorder ma confiance. Je n'ai rien à dire de plus. Je ne veux pas me dévoiler à son sujet. 

Je dois arrêter de faire des bilans de mes rencontres car je réalise bien des choses. On ne dirait pas comme ça mais pourtant c'est le cas. Peut-être que je devrais m'ouvrir plus aux autres mais la vie m'a montré qu'on est mieux seul que mal accompagné et je n'ai pas de temps à perdre. J'en ai perdu suffisamment. J'éteins ma cigarette qui avec ces pensées s'est consumée rapidement et la mets dans un paquet vide qui me servira de cendrier. Je ferme les yeux et décide de dormir un peu.

Je me réveille à cause des rayons de soleil que ma fenêtre laisse pénétrer. Mes yeux s'ouvrent petit à petit mais je n'ai pas envie de sortir de mon lit pour autant. Je regarde ma pièce dans tous les recoins pour savoir quoi faire de ma journée. Peut-être que je devrais sortir voir des personnes comme Zelda, Jael ou bien Zephyr. Je n'ai toujours pas de nouvelles et apparemment elles ne viendront pas à moi. Mais il faut que je trouve d'abord la motivation de bouger.

Je referme les yeux et tente de me rendormir mais en vain. Une fois réveillé c'est assez compliqué de répartir dans les bras de Morphée. Je reste donc éveillé et me redresse pour pouvoir me lever plus facilement. Il faut que je m'habille. Qu'ai-je donc? Un simple haut à motif marin me moulant avec un pantalon noir et des chaussures habillées. Ça fera l'affaire. Je me lève avec difficulté et vais me chercher tout ça pour partir dans la salle de bain pour une bonne douche et faire ma toilette.

Je ressors nickel et me prends une ceinture. Je n'ai toujours pas choisi mon programme de la journée et j'ai un sérieux manque de motivation. Peut-être que quelqu'un viendra ici, autre que Maxence. Pas que je n'ai pas envie de le voir, loin de là cette pensée mais je me lasse vite des gens et je n'ai pas envie de m'en lasser. Je récupère mon sac, toujours rempli des mêmes choses: bourse, cigarette, cahier et stylo et un flingue pour une certaine sécurité. Ne me prenez pas pour un américain à cause de cela, ce serait une insulte. Disons juste que nous sommes jamais trop prudent et il m'a servi si souvent. Je me dirige à l'extérieur, cigarette en bouche. J'irai où mes pas me guideront.

Adieu

Dernier post.

J'ai à présent fini de préparer mes affaires. Je dois partir, il le faut. J'aurais voulu le faire d'une autre manière mais ça aurait été trop dur et je suis peut-être trop lâche. Je n'ai plus rien à faire ici. Je ne devrais pas m'en aller mais la direction m'a donné l'autorisation, à mon plus grand plaisir, comme à mon plus grand malheur. Je n'ai rien à faire ici, j'ai fini mon cycle même si on voulait me faire redoubler. Je pense à certaines personnes. Notamment la jeune fille que j'ai rencontré il n'y a pas longtemps. Il semble que je sois un des seuls qui est venu lui parler et voilà que je quitte cette endroit. Que pourrait-elle en penser? Mais peu importe. Si je dois faire des adieux à quelqu'un, ce n'est qu'à une personne; Alec, avec qui j'ai passé le plus de temps et qui compte peut-être le plus pour moi. Je pourrais aller voir Aaron et Zelda aussi mais Alec, c'est tout une autre relation que je n'ai pas avec ces derniers. Je décide donc de partir en direction de sa chambre.

Je pénètre dans le domaine et la contemple une dernière fois des yeux. Je ne reviendrai plus ici, je ne peux même pas le toucher ou quoi pour lui dire à quel point je suis désolé de partir. Je m'avance vers son bureau pour y sortir un papier et une plume. S'il faut faire des adieux, ça sera par écrit, je n'ai le choix. Il ne me reste que très peu de temps avant que Dredon m'amène sur la terre ferme, pour vivre enfin cette vie active que j'attends depuis maintenant cinq ans. Peut-être que je retrouverai mes parents, ou peut-être que je devrais continuer à faire comme s'ils n'avaient jamais eu de fils. Je ne saurais dire et je ne peux contacter les gens d'ici pour donner des nouvelles. Je m'assoie donc sur sa chaise et commence à rédiger quelque chose. Je ne suis vraiment pas doué pour ces choses-là mais je me forcerai.

"Alec,

Je ne sais pas si tu es au courant mais je m'en vais définitivement d'ici. Je tenais à tout prix à te dire à quel point tu as été la personne qui m'a toujours aidé et je t'en remercie. Tu as été un bon ami, comme un frère et un bon amant aussi. C'est un peu gênant de dire ça comme ça si on relit cette phrase... Je n'ai pas vraiment de raisons à donner car ça s'est fait très soudainement. Je ne sais même pas ce qui me pousse à partir et pourquoi maintenant mais il le faut. J'aimerais cependant te revoir et vivre encore une journée comme si on mourait demain, mais lorsque tu liras cette lettre, je ne serais déjà plus de ce monde. J'en suis vraiment désolé. Je crois que c'est tout ce que je peux te dire. Que rajouter de plus? Il n'y a rien à dire. Peut-être juste un merci pour tout ce que tu as fait pour moi.

Je te laisse ci-joint une photo de moi, pour que tu te rappelles de moi. Ça me rendrait malade qu'après tant de chose tu m'oublies. Peut-être que je ne suis pas la première personne qui se balade dans ton esprit quand tu es seul mais j'aimerais quand même que tu te rappelles de mon image.

Eh bien voilà, c'est la fin. J'espère que tu passeras ici une autre année, agréable si possible. J'aimerais que tu dises de ma part -désolé de t'utiliser comme ça mais je dois vraiment faire vite et comme je t'ai dit, je t'ai choisi pour pouvoir faire mes adieux- à Zelda et Aaron que j'ai été content de les connaître et qu'ils me manqueront aussi, même s'ils ne se rappelleront peut-être plus de moi.

Sur ce, je quitte l'établissement ainsi que ta chambre définitivement.
Merci encore, je regrette de partir, j'aimerais bien rester, juste pour toi si tu veux savoir. Peut-être que quand tu sortiras d'ici, tu essayeras de me contacter.
Maxence Chevalier (je resterai toujours sur la terre d'où je viens, toujours à Eze, en France. Ça peut toujours servir d'avoir cette information.)"

Je d'adosse à la chaise comme épuisé par ces mots alors que ce n'est rien d'extraordinaire. Je sors de mon sac une photo que j'accroche à la lettre et que je plis comme une enveloppe. Je décide de la parfumer. Je ne sais pas si l'odeur sera là pour longtemps, mais au moins il la sentira lorsqu'il lira ceci. Mon cœur commence à se serrer. Je sais que c'est bientôt l'heure d'y aller mais je n'ai pas envie. Je me sens soudainement si vide, si nostalgique, en colère et heureux à la fois. Je ne saurais décrire plus ce que je ressens. Je me lève pour partir vers la porte, que je referme derrière moi. Je baisse la tête, n'ayant pas vraiment le cœur à rire. Je passe une dernière fois dans ma chambre pour y récupérer mes affaires et aperçois Le Passeur derrière moi.

-Dredon, je suis prêt. Nous pouvons y aller, lui dis-je d'une voix faible.

Avant de repartir voir Zephyr

Moi-même.

Je transplane donc jusqu'à ma chambre pour récupérer du matériel ainsi que respirer un peu. L'odeur qui sortait de ce trou était assez désagréable en soi mais qui aimerait renifler une odeur de mort et de cadavres en décomposition? Je ne pense pas que beaucoup de personnes supporteraient cela si ce n'est celles à qui il leur manque l'odorat. Je scrute ma chambre du regard pour être sur que rien n'a changé ou qu'une personne mal intentionnée veuille à nouveau y laisser sa trace. Bien entendu je ne vise personne en pensant à cela. Mon regard se porte sur mon bureau où il semblerait qu'une lettre y soit déposée. Je me dirige donc vers cette table et prends le morceau de papier dans mes mains.

Une senteur des plus agréable attire mon attention. Tout en fermant les yeux, je porte la lettre jusqu'à mon nez pour pouvoir sentir ce parfum qui enivre mes sens, me laissant frissonner sur le moment. Je reconnais aussitôt l'odeur de Maxence mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi j'ai le droit à une lettre de sa part. Peut-être est-ce une sorte de piège, comme si on écrivait à sa place, ou peut-être est-ce seulement lui. Je m'empresse de l'ouvrir et m'assois sur ma chaise pour commencer à la lire.

Je sens soudainement mon cœur se serrer. J'ai beau la relire mainte et mainte fois, je n'ai pas rêvé ou halluciné. Il est bel et bien parti et je n'ai même pas été présent pour lui dire adieux, ou même au revoir comme cette lettre semble l'insinuer. En un rien de temps, je viens de perdre une des personnes qui m'étaient le plus chère dans cette école. Une des personnes avec qui je me sentais le mieux, avec qui je me sentais bien et avec qui, j'aurais envisagé plus tard, de me mettre avec lui, si cela ne le dérangeait pas mais je peux désormais foutre tous ces plans en l'air et continuer à vivre comme s'il n'était pas là, ce qui compte être difficile. Je n'ai pas besoin des gens pour vivre, je peux très bien me débrouiller seul mais lorsque le peu de personnes que t'apprécient décide de s'en aller sans savoir réellement pourquoi, ça dérange.

Je baisse la tête et attrape la pièce jointe à la lettre qui n'est rien d'autre qu'une photo de lui. Je la fais passer entre mes doigts tout en la fixant du regard. C'est la seule image, la seule photo, le seul souvenir visuel que j'aurais de lui à présent malgré les souvenirs qui rodent dans ma tête. Il ne veut pas que je l'oublie dit-il. Mais comment puis-je l'oublier? Ce n'est pas comme si c'était la personne avec qui j'ai pu couché à deux reprises et avec qui j'ai passé d'agréables moments. Je ne sais même pas comment je me sens actuellement. Si je ressens de la haine car il n'est plus là et que c'est une personne de plus à ma liste que je perds, ou si c'est de la tristesse car justement je ne le reverrai plus, si ce n'est que dans un an, si d'ici là je suis toujours en vie et si j'arrive à voyager jusqu'à la France pour le retrouver. Ce n'est pas par manque d'argent que le voyage me pose problème, mais si lui, contrairement à moi, il m'a oublié et est passé à autre chose? Ou s'il lui arrive quelque chose de mal, de tragique, je ne pourrais même pas être au courant. Tout est fini! Tout est fini...

Il ne faut pas que je commence à m'empoisonner l'esprit avec ce genre de pensées. Je dois partir du principe qu'on pensera toujours au fond l'un à l'autre, et que s'il n'a aucun souvenir de moi matériellement parlant, il pensera peut-être à tout ce que j'ai pu faire pour lui. Quant à moi, j'aurais cette photo de lui. Je la plie en quatre pour la ranger soigneusement dans mon porte feuille bien rangé dans mon sac, celui que je prends toujours avec moi.

Ma principale mission en venant ici n'était pas de me morfondre sur le départ de mon ami mais de chercher quelque chose qui puisse nous aider, Zephyr et moi, à trouver le mystère qui se cache derrière ce trou rempli de cadavre. Je me redresse, respire un grand coup pour reprendre mes esprits et me mets enfin à chercher des pelles que j'ai caché dans la chambre et que par bonheur, Joy n'a pas brûlé. Disons qu'elle a brûlé ma chambre certes, mais pas les autres pièces. Je me dirige dans la salle de bain et à l'aide d'un tabouret je fouille au dessus d'une grande armoire, ces pelles qui peuvent nous aider. Je faille à plusieurs reprises de tomber mais au moment où ça commence à arriver, j'empoigne les pelles et transplane au cimetière illico presto.