Beds are burning
Avec Aaron Grey
Je laisse ses lèvres m'enlever tout once de raison. J'ai envie de lui comme jamais il ne m'est arrivé de désirer quelqu'un. A côté de ça, l'aventure avec Alec n'est que sable dans l'eau.
Mes mains fourragent dans ses cheveux, tandis que sa bouche bénit mon sein. Je la sens se dresser contre mon bas-ventre, faisant pression à travers les tissus qu'il porte.
Il quitte alors ma poitrine pour remonter jusqu'à mes lèvres. et nous nous embrassons encore plus intensément. J'attrape sa ceinture, la lui défait, et nous dégrafons son pantalon ensemble.
Aaron me pousse doucement en arrière, me faisant tomber sur son lit. Lui arrive à quatre pattes au dessus de mon corps, tel un félin en chasse, ne lâchant pas mon regard un seul instant. Mais cette attente est abominable pour mon corps et moi: j'attire son visage à moi et l'embrasse avec fougue.
Nos deux corps nus s'unissent dans une danse au rythme lent, mais pleine de puissance et d'émotions. C'est une célébration physique de l'amour charnel. Et si l'Ode à la Joie avait pu être jouée en fond, nul doute qu'elle aurait paru bien faible à côté ce bel opéra
a capela dont nous seuls découvrions les limites vocales. Cette danse se danse lui contre moi, et moi contre lui. C'est comme s'il s'agissait de refaire un monde où il n'y aurait plus qu'Aaron et moi. Nous avons du interpréter ce petit ballet au moins trois fois, car jamais nous ne nous sentions épuisés.
Je ne sais combien de temps a duré cette célébration corporelle exquise. Aaron est couché sur moi, sa tête sous mon menton. L'odeur de ses cheveux emplit mes narines, et finit de m'apaiser entièrement. Je caresse lentement sa nuque, de la racine de ses cheveux jusqu'à la porte de son dos.
Il respire lentement, et semble s'être assoupit. Ma vision ne tarde pas à s'assombrir tandis qu'un sourire continue d'éclairer mon visage...
...
Un rayon de soleil me chatouille le nez. J'ouvre lentement les yeux, et me rend compte que je ne suis pas dans mon lit quand je sens quelqu'un de nu collé contre mon dos, une main sur mon ventre. Tout me revient en mémoire en une fraction de seconde: j'ai passé ma nuit avec Aaron. Nuit exquise, entre parenthèses.
Je me retourne lentement pour ne pas le réveiller. Je me retrouve nez à nez avec son visage endormi. Mon coeur fait un bond, et un sourire attendri involontaire se dessine sur mes lèvres quand je le découvre sous la lumière du jour. Il est vraiment très beau. Ses cheveux brun et bouclés sont dans un désordre qui témoigne notre activité nocturne. Ses yeux fermés révèlent des cils nombreux mais courts, qui caressent le haut de ses joues. Il a les lèvres entrouvertes, et respire paisiblement. Je n'ose pas le réveiller. Je n'en ai pas envie. Il est vraiment trop mignon quand il dort, je n'ai pas envie de gâcher pareil tableau.
Mais, logiquement, que suis-je censée faire maintenant? Mon visage se déforme, et abandonne mon sourire. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un en soirée, et que ça part aussi loin et aussi sérieux. Je sais qu'au fond de moi, la gentille et naïve Zelda n'est pas tout à fait partie. Si je reste encore une minute de plus, je sais que mon cerveau va commencer à m'envoyer des messages d'espoir et des pellicules entières de films. Et je pense savoir qu'Aaron n'est pas du genre à être sérieux. Il aime s'amuser, et je suis sûre que je ne suis pas la première qu'il emmène ici.
Loin d'être fataliste, je me dégage tout doucement de ses bras, et sors de son lit. Sans bruits, j'attrape mes habits au pied du lit. J'enfile en vitesse ma culotte, agrafe mon soutient-gorge, passe la tête dans mon débardeur et ne prend pas la peine de remonter le zip de ma jupe et de remettre mes talons. Je me dépêche parce qu'il ne faut pas qu'il se réveille tant que je suis encore là. Mais juste avant de me refermer la porte, je lance encore un regard au bel endormi. Je ne dis rien, trop cliché le petit "
merci" en guise d'au revoir. Mais je souris, et je ferme lentement la porte dans un cliquetis que je maudis au fond de moi.
Je prend le couloir à gauche, et traverse les dortoirs des Fires jusqu'à arriver à une sortie de secours coupe-feu, qui mène à un escalier de secours. Je le descend en vitesse, avant de me retrouver dans le hall et de prendre la direction de mon dortoir.
Je ne sais pas pourquoi je marche pratiquement en courant. Je ne sais pas pourquoi j'ai le sentiment de le fuir. Je sais que cette nuit ne devrait être que ma première nuit de folie et de plaisir pour moi. Je devrais le voir comme ça. Mais je n'y arrive pas. Aaron me plaît, et c'est une torture de me dire que je ne devrais pas le revoir. Et je hais la phase dans laquelle je suis: celle où l'ancienne Zelda, la fille naïve et fragile, essaie de se faufiler par toutes les failles pour réussir à semer le doute en moi.
Je cours presque jusqu'à ma chambre, comme pour laisser derrière moi toutes ses hésitations et ses frustrations.