Maillot Bottom ou La Plage de l'Ecole.

Je regarde Zelda dans les yeux, un air amusé. Elle me propose la plage. Sans lui répondre, je le lève, et lui fais signe de la tête, de venir. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi dans l'Atlantide, ou Triangle des Bermudes, il y a une plage. Théoriquement, c'est censé être une ville sous-marine. Si on part de ce principe, pourquoi y a-t-il une forêt qui normalement devrait être détruite par les eaux, et comment se fait-il que les Fires puissent utiliser leurs pouvoirs? J'ai arrêté de chercher des réponses à ces questions dès l'instant où j'ai compris que rien n'est logique dans cette école. Mais je l'aime, c'est ma maison, je ne peux pas réellement la critiquer. Bref.

En sortant du self, je transplane avec Zelda à ce fameux Maillot Bottom. J'enlève mes chaussures et chaussettes et les prends dans une main. De l'autre je tenais celle de ma camarade. On s'approche du bord de la mer et on marche le long, de l'eau, laissant l'écume se casser sur nos pieds. On parle de tout et de rien. C'est bon d'agir amicalement avec une femme sans réellement vouloir quelque chose de sérieux avec elle. Je la regarde et remonte un peu plus vers le sable, voyant la marée haute monter. Je la taquine, et m'en vais en courant, un sourire collé à mes lèvres. On joue et rigole comme des gamins allant pour la première fois à la plage. Je ralentis pour qu'elle puisse me rattraper. Je la regarde, qu'elle est jolie les cheveux dans le vent. Zelda me fait oublier à cet instant les soucis qui me contrarient. Je lui en suis reconnaissant.

J'aurais voulu la diriger dans l'eau mais j'en ai une peur bleue. C'est un endroit si profond et si vaste, que de voir l'horizon, cela m'effraie. Je me laisse tomber sur le sable bouillant. On est seuls. Les mains derrière la tête, je la regarde rigoler et s'amuser. Un sourire me vient.

Je n'ose pas lui dire que j'ai le trouille de transplaner. Je m'accroche à sa taille, ferme les yeux et serre les dents. Un coup de vent et une secousse dans le ventre plus tard: j'ouvre les yeux face à l'océan. Maillot Bottom, nous voilà!
J'enlève mes chaussures, mes chaussettes, retrousse mon pantalon et cours comme une folle vers l'eau avec Alec.
Pendant que nous marchons dans l'eau, plongés en pleine discussion, je m'engage dans une tirade philosophique sur un des mes sujets favoris: la série Game of Thrones. On a un accès réglementé à Internet à l'école, et il y a deux ans, des élèves ont réussi à obtenir le droit de regarder des films, des séries et de télécharger de la musique. Du coup, on est assez à la page question séries et films. Mais on a le droit qu'à ça.
Bref, je concluais sur le fait que pour moi, Jon Snow et Daenerys étaient l'unique équation d'une solution et d'un final magistraux, quand Alec m'arrosa sans prévenir, et parti en courant, un sourire aux lèvres. Je me lance à sa poursuite en vociférant et rigolant en même temps. Vus de l'extérieur, on doit être comme deux gros gamins qui jouent dans les vagues.
Alec ralenti un moment, et me regarde en souriant. J'ai les cheveux qui volent dans tous les sens, et un sourire indécollable aux lèvres. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Le pire, c'est qu'on a eu beau danser toutes la nuit comme des fous, je n'en ressens pas la moindre fatigue.
Il se laisse tomber sur la sable, les deux mains derrière la tête. Je continue à défier les vagues, qui essaient de me bouffer le pantalon, mais je gagne toujours. Au bout d'un moment, j'ai chaud. Je lance à Alec:

-A poil mon beau, on va se baigner!

Il me fait signe qu'il a la flemme. Je n'insiste pas: j'ai une idée derrière la tête. Je m'enlève le pull, et le pantalon pour me retrouver en débardeur et culotte. Je lui lance un regard...


...il m'observe, amusé, et ne bouge pas. Alors je cours dans l'eau, et plonge dans la première vague qui s'offre à moi. Je remonte à la surface en rigolant. Je suis fière d'avoir eu le cran d'y aller avant lui.


Je le regarde, et le rappelle. Mais il ne veut toujours pas venir.  Je lève un sourcil, et je nage un peu, l'air de rien. Puis avec un sourire malicieux, je me lève d'un coup à la surface.


"Toi, mon coco, tu vas subir ma vengeance de l'arrosage." Il ne me regarde pas: parfait. Je me mets à courir jusqu'à lui. Avant qu'il n'est le temps de réagir, je me couche sur lui, et colle mon corps mouillé et froid contre lui. Je lui plaque les deux mains en arrière, pour l'obliger à ne pus bouger et à me regarder droit dans les yeux. J'éclate de rire en voyant sa réaction.

-Alors, mon petit Fire, on a peur de l'eau?
Aucune once de moquerie dans ma voix. Il sait que je ne me fous pas de sa gueule. Je le provoque un peu: j'ai envie qu'il vienne à l'eau avec moi.
Alec m'explique qu'en effet, il a une belle trouille de l'eau. Je me redresse, et me met assise sur son ventre. Je le regarde, sérieuse.

-Est-ce que tu me fais confiance?

Il acquiesce. Je souris. Je me lève, et l'aide à se relever.

-Je veux te faire entrer dans l'eau. Voyant qu'il s'apprête à rétorquer, j'ajoute: jusqu'aux hanches, pas plus. Je te jure. Je te lâche pas les mains, promis. Je veux juste que tu enlèves ce T-shirt et ce pantalon pour que je puisse t'admirer en cal'bard.

Je lui fais un clin d'oeil.

Zelda part dans l'eau, me laissant seul sur le sable mais cette chipie revient à l'attaque. Elle s'allonge sur moi pour ne pas que je bouge et se redresse. Elle veut que je la suive dans l'eau, me faisant un clin d'oeil. Mon sourire s'efface aussitôt. Je dois apprendre à gérer ma peur et les actes, mais cette faveur. C'est trop demander. Je me relève, et la fais tomber sur le sable.

-Je suis désolé, je ne peux pas faire ça..

Elle me regarde, je baisse la garde. Je dois affronter mes peurs, tout se passera bien. J'enlève mon haut et mon bas, histoire de finir en caleçon. Je prends un air fier et la dirige d'un pas lent, jusqu'à la mer. Je commence à rentrer dans l'eau, à faire des va-et-vient à cause de l'hésitation. Dois-je le faire ou pas? Je ne suis plus à ça près. Je rentre de plus en plus dans les profondeurs, attrapant toujours les mains de Zelda. Je lui laisse apercevoir le haut de mon corps, qu'elle agrippe pour me donner confiance et force, mais surtout envie. Je n'y serais jamais arrivé si elle n'avait pas été là, disons que je n'aurais pas pu le faire tout seul. Au bout d'un moment, je me sens comme un poisson dans l'eau, du moins un poisson curieux qui cherche à aller dans les moindre recoins. Je laisse glisser mes doigts sur ses formes et je mets ma tête sous l'eau pour m'habituer à être mouillé. Avec ma langue, j'essaie de la mettre en contact le plus possible avec ce liquide qui remplit de joie mes papilles. Je remonte à la surface. J'épouse ce corps avec qui je ne fais plus qu'un, je touche à ces courbes qui s'éclatent contre moi. Zelda me tient encore. Je baisse la tête en arrière. Qu'est ce qu'il fait chaud. Le soleil nous tape sur la tête. Le visage de Zelda se prend quelques vagues et ne pouvant rien faire, elle boit la tasse à petites gorgées. Je lui redresse la tête. Je me retire finalement de ce corps. Mes lèvres sont charmées et ma soif de découverte est comblée. Après deux bonnes heures de baignade, je repars sur le sable, les goutes d'eau mélangées au sable dégoulinent sur mes jambes, et avec la chaleur, elles s'évaporent, ne laissant que le sable collé sur mes cuisses. Je laisse Zelda nager de bonheur. Qu'avais-je donc fait?

Un marchand de chouchou bonheur arrive devant moi avec sa malle remplie de sucreries en tout genre.

-Qui veut des chouchous bonheur?

Je décline l'offre. Je n'ai pas assez, je dois économiser pour plus important. Je regarde Zelda dans l'eau.

-Zelda, dis-je en la rejoignant, Je voulais juste te remercier pour ce moment. Je... Tu... Tu es adorable. Je ne l'aurais jamais fait si tu ne m'avais pas poussé.

Je baisse la tête, l'écume s'écrase toujours à mes pieds. Le soleil commence à se coucher. Je le fixe, ainsi que Zelda qui avec un effet d'optique, se retrouve au centre. J'ai devant moi un magnifique paysage. Je lui tends la main pour la ramener vers moi et lui propose un château de sable. Avec une pelle, j'élargie le trou pour laisser place à la forteresse. Zelda construit une simple tour à l'aide de ses mains, et elle me sourit. Le château une fois construit, je regarde cette belle monture et décide de faire une porte à l'arrière grâce à un de mes poing mais ayant été trop fort, je fissure le tout. Zelda m'arrête brutalement. Il semblerait que cette façon de faire ne lui plaise pas. Je retire alors mon poing et l'essuie avec l'eau qui commence à monter.

Bercés par la douceur et l'extase d'avoir fini ce château, nous nous couchons côte à côte dans le sable. Epuisés par la nuit et la journée folles que nous avons enchaîner, nous nous taisons en regardant la lune commencer sa lente poursuite de son amour le soleil. Il n'est d'ailleurs plus visible, mais ses dernières lueurs tintent le ciel d'un rose virant au violet. Des étoiles apparaissent un peu partout au-dessus de nous, éclatantes, comme toujours. Le vent fait frissonner mes épaules nues. Je me colle contre Alec, et pose ma tête sur son torse. Il passe un bras autour de moi. Etant bouillant par sa nature de Fire, je ne mets pas longtemps à me réchauffer.
Il me dit qu'il a envie de fumer. Il attrape deux cigarettes dans la poche de son pantalon, et m'en tend une. Il claque des doigts, et une flamme apparaît. Je me penche, et aspire lentement sur ma cigarette tout en le regardant. Il me regarde aussi, un sourire en coin. On s'est compris. Je me recouche sur le sable, collée contre lui. Nos fumées respectives se rejoignent quelque centimètres au-dessus de nous, et se fusionnent comme nos deux corps dans une harmonie parfaite.
Je me perds dans mes pensées, et une phrase qu'Alec m'a dit plus tôt me revient en tête: "Je voulais juste te remercier pour ce moment. Je... Tu... Tu es adorable. Je ne l'aurais jamais fait si tu ne m'avais pas poussé. " Je souris, et rigole un peu. Je peux me montrer assez persuasive par moment.
Alec se met sur son flanc droit, la tête appuyée sur son bras, et me demande ce qui me fait sourire. Je le regarde à mon tour, sans lui répondre. Mes yeux se referment sur sa bouche. J'ai l'impression que son visage se fond dans le ciel partiellement étoilé. Je rêve quelque seconde que j'approche de près ces étoiles, sans toutefois pouvoir les toucher.

Un vent vient de nouveau me faire frissonner. En plus de ça, le ventre d'Alec se met à gargouiller. Je le regarde en souriant, pas étonnant qu'il est faim après nos danses endiablées et nos courses dans l'eau, à aller et venir sans arrêt sur la plage pour ne pas se prendre de vagues. Comme pour lui répondre, mon ventre se met à ronchonner aussi. On se regarde, et on rigole.
Je me relève, et attrape mon T-shirt que j'enfile, en même temps que mon pantalon. Mes chaussures et mon pull ne doivent pas être loin. Je les trouve, me rhabille, et attend qu'Alec est terminé. Je me recolle à lui, et le serre fort. Nous transplanons jusqu'au réfectoire, où nous arrivons juste à temps avant qu'il ne ferme.

Suite au réfectoire...

Je n'ai plus rien à faire.

Avec moi-même principalement.

J'ai besoin de sortir. Cette prison appelée chambre me rend complètement fou. Je décide de m'habiller, tremblant de tous mes membres sous la nervosité. J'ai froid. Ou chaud. Je suis tiraillé dans la sensation de tiedeur qui traverse tout mon corps. Je me couvre pour aller dehors, au bord de la plage. Il ne fait pas si beau, il ne devrait pas y avoir grand monde. Tant mieux d'un côté. Je ne suis pas devenu une bête de foire. L'ours aussi sait rugir quand on le pousse à bout et il sait attaquer et mordre lorsqu'on le cherche au moment où il veut être tranquille. Je transplane jusqu'à la plage et effectivement, je suis seul. Je marche le long de la mer, tout en parralèle de l'écume, les mains dans les poches, la bruine s'écrasant sur mon visage.

Je regarde la mer et me revois petit en compagnie de mes parents ainsi que ce de Zephyr. Un souvenir qui semblait s'être sorti de ma mémoire. Nous étions là, tous ensemble, autour d'une nappe sur les côtes de l'Irlande, aux Aillte an Mhothair ou aux Cliffs of Moher si vous préférez. Nous étions en vacances, nous n'allions pas souvent au bord de mer mais lorsqu'on avait le temps et l'argent, c'est le principal lieu de vacances où l'on déboullait. Je me revois jouais à chat perché ou au jeu des couleurs avec Zephyr. On courrait souvent prêt du bord. Nos mères arrêtaient leurs éclats de rire lorsqu'elles nous voyaient froler la catastrophe. Nos pères nous courraient après en faisant l'avion pour nous attraper, mais on courrait comme des fous jusqu'à nous épuiser et ces derniers nous prenaient en sac à patates sur le dos, pour nous ramener à nos mères.

C'est un souvenir parmi tant d'autres mais ils me manquent. Cette complicité, cet amour d'une mère, et d'un père, d'une famille qui t'aime. J'ai besoin de tout cela. Je laisse échapper un soupire et baisse la tête en continuant ma route. Je sifflote un  air de The Pogues qui peut me rappeler la certaine nostalgie, ce mal du pays que j'ai dans le coeur comme tu crois pas. Pas que je me sente concerné par les paroles, mais cette mélodie me rappelle toute mon adolescence à traîner dans les pubs, une chope à la main, ivre mort par la bière, à chanter cela comme des fous. Un sourire endurant s'affiche sur mes lèvres.

Il te reste toujours quelque chose à faire

Avec Alec

Après avoir passé une nuit avec la serveuse du café du centre commercial Fitzgerald, j'ai besoin d'aller le vider la tête. Mes ébats sexuels avec elle ne m'ont rien apporté, niveau jouissance comme changement d'idées. J'aurais pu aller dans la forêt, mais mes pas m'ont guidés ici, à Maillot-Bottom.
Je n'ai jamais été que rarement à la plage depuis que je suis ici. J'ai beau paraître insensible, et je m'en foutiste, la plage est un lieu remplit de souvenirs pour moi. C'est pour ça que j'ai un peu de mal à y aller sans me pourrir le moral.
Dans ma vie d'avant, c'était le QG de mes potes et moi. On se faisait des sessions surfs quasiment tous les jours. Même quand ça n'allait pas avec Tracy, je venais hurler ma colère à la mer. Elle seule est capable d'engloutir mes larmes et de les dissoudre dans le large. Grande flaque d'eau au tempérament de feu, et très difficile à dompter: la mer était comme une mère pour moi.
J'attrape une clope dans la poche de ma veste en cuir, et me l'allume avec mon briquet métallisé. Je devais arrêter, c'est vrai, mais je n'en ai pas la volonté au final. Je tire sur le rouleau toxique, et retient un moment la fumée dans mes poumons. Puis je la recrache, en regardant le sable sous mes pieds. Il est mouillé, et quand on marche dessus, on laisse facilement des empreintes. Je me laisse embarqué dans mes pensées, le regard cloué sur mes pieds, quand je percute soudainement quelqu'un de dos de plein fouet.

-Merde!

La plage. Quel bel endroit lorsqu'on est mélancolique et nostalgique comme je le suis en ce moment. Cette marche m'a légèrement calmé de cette nervosité et haine constante. Je me repasse la scène de ce poison que j'ai avalé contre mon gré je le précise. Elle avait limite enfoncé sa langue jusqu'au fond de ma gorge pour me le faire avaler et elle me retenait pour que je ne réagisse pas. Elle n'a pourtant aucune force physique. Je ne comprends toujours pas. Mon expression faciale se durcit.

Je ressens à nouveau ce picotement constant dans mes mains. Soudainement quelqu'un me percute et lance un juron face à cette rencontre inattendue. Je me retourne et dévisage d'un air mauvais la personne en question. Un homme, qui de tête ne me dit rien. Je l'avais sûrement croisé quelque part mais sans m'en préoccupé. Mes lèvres me trahissent montrant cette haine qui ne semble pas être partie. Au contraire.

-T'es qui toi? lui demandais-je d'un ton sec et agressif.

En temps normal, je n'aurais pas réagi comme ça, juste un ce n'est rien et j'aurais continué ma route mais ce poison me pousse à réagir différemment.

Avec Alec

-T'es qui toi?

Je recule d'un pas, frappé par le ton agressif de ma victime bousculée. Je relève la tête pour regarder ce type immense aux traits fortement masculins. Je fronce les sourcils, non pas pour lui faire peur, mais parce que sa tête me dit quelque chose... eurêka!

-Mais t'es le gars qui dansait avec Zelda au Lodbrock, l'autre soir!

Je mets les deux poings sur ma taille, fier de ma mémoire. Mais le mec n'a pas l'air commode. J'essaie de détendre l'atmosphère en lui faisant une courbette feinte.

-Pardonnez ma profonde indélicatesse, Sir. Je suis Jael Conley, 5 ème année en Earth.

Je lui tend ma main, amenant l'autre à ma bouche pour tirer sur ma cigarette. Je lui fais un sourire en coin, histoire de le dérider. Mais il ne bouge pas, et a le regard fixé sur ma main. Il a les mâchoires serrées, comme si il se...contrôlait? Je retire ma main rapidement, pour la passer dans mes cheveux. Puis je me tourne vers la mer, comme si de rien n'était.

-Moche temps, hein mon frère?

Je tire sur ma cigarette, et recrache la fumée qui vire sur ma gauche en suivant le vent.

-Moche journée, aussi. Quand il ne fait pas beau, cette plage et cette mer s'amusent  à tourmenter les âmes habituellement cachées dans des carapaces épaisses. Ici, elles ne servent plus à rien, elle ne protège plus les plaies à vif. Surtout quand on est seul, c'est quasimment impossible d'y faire face! C'est comme si l'eau froide et salée s'introduisait partout dans notre corps, et remontait presque jusqu'à nos yeux.

Je tourne mon visage vers lui, cigarette à la bouche. J'attrape le paquet dans ma poche, et le lui présente ouvert pour lui offrir une de mes clopes adorées.

-Tu sais comment on appelle ça, mon joli?

Il prend une clope, et m'adresse un hochement de tête en guise de remerciement. Ou en signe de langue aux chats, je ne sais pas. Je me retourne vers la mer, tire et recrache la fumée de ma clope dans la foulée.

-Ça s'appelle la nostalgie. Ce putain de sentiment vaseux qui accompagne chacun de tes souvenirs. Et ouais, mon joli.

Je laisse le silence nous envahir, mais celui-ci se laisse envahir par trois vagues qui viennent s'écraser sur le sable avec fracas.

Je le regarde toujours d'un air sérieux. Oui j'avais dansé avec mais lui qui était-il? Il me semble avoir vu un homme parler à une fille à côté de moi. Ça doit probablement être lui. Il me tend la main, que je regarde avec un certain mépris. Jael. Je retiens ce nom. Je ne bouge pas. Il me fait toute un monologue sur la mer et ses effets. De quoi il me parle? J'en ai rien à cirer. Il me propose une cigarette que j'accepte volontiers. Je regarde droit devant moi, la mer. Elle est assez hargneuse aujourd'hui et n'a pas l'air tranquille. Je me reconnais en cette image.

-Je m'appelle Alec. 4e année en Fire. 

Mon ton est si sérieux et si froid pour une simple présentation. J'essaie de me contrôler pour ne pas lui mettre un poing sur son visage. Je n'ai aucune raison de le faire mais j'ai besoin de cogner quelqu'un ou quelque chose. Si je le voulais, Joy me servirait bien de pushing ball mais je respecte trop les femmes pour cela. J'allume ma cigarette toujours par la même méthode et en tire quelques tafes. J'observe la mer et lui porte un regard meurtrier. Je ne sais pourquoi il est là, l'autre. La plage n'est peut-être pas assez grande pour lui. Et comme par hasard il me percute. Je le regarde en coin, de haut en bas. 

-Qu'est ce que tu es venu faire ici? lui demandais-je de ce même ton agressif.

Je tente de me contrôler et d'avoir une conversation normale avec cet individu mais je ne suis pas d'humeur bavarde. Je fixe la mer encore une fois. Le souvenir de nos vacances me revient. Un jour lorsqu'on était là-bas, au bord de la mer cette fois, je me rappelle avoir péché avec mon père, d'homme à homme. L'eau était encore plus sauvage quelle ne l'est à présent et une vague emporta ma canne à pêche. J'ai voulu la récupérer et je l'ai suivi jusque dans l'eau. Mais cette dernière ne voulut plus me laisser partir et m'emporta par sa force dans un rouleau où je faillis me noyer. Mon père était venu me chercher, d'après ce qu'il en disait. Je ne me rappelle pas de ça. J'étais apparemment inconscient. Depuis ce jour, je ne voulais plus retourner dans l'eau, ou avoir un contact avec l'eau où je risquais de me noyer et d'y finir mes jours. J'avais aux alentours de sept ans. Je comprends à présent où cette peur de l'eau me vient bien que je m'y soigne petit à petit. 

Un courant d'air se fait sentir, faisant voler mes cheveux et consume avec une certaine rapidité ma cigarette. Je l'éteins et la jette au sol. Je regarde Jael à côté de moi et sans prévenir je repars dans ma course. Mon frère, mon joli qu'il m'avait appelé. Je laisse un petit rire hystérique sortir de mis lèvres. Pour qui il se prend? Ma bouche se forme sous un sourire sadique, un sourire qui montre que mon mal intérieur veut se répercuter physiquement sur quelqu'un. Sur moi ou sur un autre. Ça l'est égal du moment que quelqu'un souffre. Que suis-je en train de devenir? Je regarde ma montre qui affiche aussi la date. Cela fait deux jours que cette comédie dure. J'en ai assez. Dans trois jours elle commencera à s'atténuer mais c'est beaucoup trop. Je ne supporterai pas. Pas encore.

Je ne sais pas vraiment quoi faire cet Apres-midi, alors je décide de retourner sur le lieu que je considère maintenant comme magique : La plage, la ou j'ai donné mon premier baiser a Maxence..
En arrivant, je découvre de silhouette distinctes en pleine conversation. Je vais dans l'au quelques metres plus loin, devenant le liquide transparants qui m'emporte et écoutant les conversations défilées.

Jael Conley

Je me prépare à ouvrir la bouche pour lui répondre, mais sans prévenir, il écrase sa clope, et continue son chemin, comme si de rien n'était. Je regarde le mégot fumant en clignant des yeux, puis relève la tête vers ce Alec-4ème-en-Fire.

-Putain... je souffle.

Je teste mon haleine, et renifle mes aisselles. A pars l'odeur de clope, je sens le mâle fraîchement lavé, et parfumé. Je comprends pas ce qu'ont les gens avec moi ces derniers jours. Je regarde ce Alec s'éloigner. Tu vas pas me dire que je suis plus bizarre que toi, grand dadet! Et toi en plus, avec tes mains qui tremblent et ta voix hypra agressive, on dirait un dealer over-camé.
J'hallucine. Je ne dis pas que je suis le mec le plus intéressant du monde, loin de là. Mais merde, les gens pourraient faire un minimum d'efforts pour s'efforcer de tenir une conversation sérieuse! Je bougonne, tirant lattes sur lattes. Je me le recroise celui-là, vous pouvez être sûr que je le snoberais comme un prince.

Je remarque une touffe de cheveux rouges dans la mer agitée. Lura. Assez timbrée pour se baigner par ce temps de malade, où la mer autant en rogne que moi. Je jette ma clope au sol, et l'écrase hargneusement. Pas envie de croiser sa gueule de lesbienne superficielle. Oui, je suis vexé, et alors? Elle fait partie de la troisième personne qui m'a foutu un vent, et considéré comme une merde. J'ai beau être un mec intelligent, ma fierté reste quand même mal placée. Les filles savent pas ce que ça fait de se faire remettre en place par une, ou un sans-couilles!
Je me retourne, et marche énervé sur la plage. Je crois que je vais aller me défouler sur ma guitare. Je vais faire péter le flamenco, tu vas voir. Toute l'émotion est dans le frappé. Je crache sur le sol tandis que mes pieds s'enfoncent rageusement dans le sable.

Je me retourne vite fait et aperçois Jael partir énervé. C'est lui qui vient faire chier les gens et c'est lui qui réagit de la sorte? Les gens m'étonneront toujours, enfin, pas tant que ça. Je regarde devant moi et sens mes mains commencer à s'embraser. Ce n'est pas me moment non. J'essaie de me contrôler mais mes mains réagissent tout différemment. Elles commencent à prendre feu petit à petit. Mon expression se durcit plus quelle ne l'était déjà. Un cri de douleur sort de ma bouche. J'essaie de regarder autour de moi pour voir si je peux éteindre cela. L'eau, la mer. Je ne veux pas m'en approcher. J'ai besoin d'exploser. Je craque. Mon poing commence à partir contre les murs de pierres qui entourent la plage. Un putain sonore se fait entendre. Mon bras reste de long, ayant brisé un peu le mur. Mon respiration est forte et haletante, non soulagée de cette explosion interne. De la fumée sort de ma main. 

Je fixe le mur comme si je m'étais retrouvé nez à nez avec un gang de l'époque. Avant je n'avais pas autant de force ni autant de pouvoir mais j'avais déjà ces envies de meurtres qui me viennent parfois. Qu'est-ce que j'aurais pu faire comme dégâts si j'étais aussi fort? Je m'imagine en face de moi, toutes les personnes qui selon moi, mériteraient de crever comme des chiens. Je retire ma main doucement me retourne mais commence à repartir de plus bel avec mes deux poings qui viennent s'écraser contre le mur, comme si j'étais dans une prison et que je m'énervais contre les barreaux pour en sortir. 

Cette image de prison me rappelle un de mes séjours là-bas. J'ai beau ne jamais me faire prendre, le karma te tombe toujours sur la gueule lorsque tu t'y attends le moins. Je me rappelle être traité comme le bizu de l'établissement. Non, je n'ai pas toujours été ce leader détestable et solitaire. J'y suis resté presque deux mois. Je me faisais latter la gueule comme on le dit maintenant. C'est là-bas, dans cet enfer que j'ai appris à me battre. Il le fallait bien pour se faire respecter bien que malgré les efforts j'étais toujours à ce statut de merde. J'ai vécu ma première fois là-bas. Sachant que j'étais dans la partie des hommes et que la prison où j'étais n'était pas mixte, j'ai dû y passer. Une tournante contre mon gré, certains me tenaient, les autres regardaient ou me passaient dessus. 

J'ai toujours voulu effacé ce souvenir de ma mémoire ainsi que les autres mais je ne peux pas oublier le passé. Ces expériences bonnes ou mauvaises, ce sont elles qui m'ont forgé et qui ont fait l'homme que je suis maintenant. D'un certain côté j'en suis bien content car si je n'avais rien connu de toute cette misère, que serais-je aujourd'hui? Une merde ne connaissant rien à la vie? Un naïf de premier pensant que tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau? Probablement. Je ne regrette pas mon passé. Je ne sais même pas pourquoi à cause de cette putain de drogue je réagis comme ça car je connais et accepte mon passé bien que comme beaucoup de personnes j'ai des remords malgré le fait que j'ai perdu fois en l'humanité. 

Je tourne ma tête vers l'homme qui est en train de marcher sur le sable. Je suis désolé bonhomme, ce n'est pas le moment. Je te retrouverai, je te l'assure. Et ça se passera différemment, tu verras. Je me remets à regarder droit devant moi, toujours en me tenant au mur à l'aide de mes poings. Je parais si ridicule, c'est à en pleurer.

Jael Conley

Un putain enragé se fraye en chemin jusqu'à mes oreilles, malgré le vent et les vagues, malgré le bourdonnement de ma vexi...vexe..ouais bon, de ma vexitude. Je me retourne, et aperçoit Alec, poings contre le mur. Je fronce les sourcils, et quelque chose me pique dans ma poitrine. Je râle. Fichu sens de l'altruisme.
Je reviens trottinant sur mes pas. J'arrive un peu essoufflé à côté du jeune homme, visiblement en proie à un grand mal intérieur. Je n'ose pas m'approcher, car ses mains fument. C'est un Fire les gars, et j'ai peur du feu. Une peur bleue, vraiment.

-Qu'est-ce qui t'arrives?

Ma voix grave et préoccupée semble le réveiller de sa torpeur. Je le regarde, sourcil froncés, et la bouche en moue inquiète. Je ne sais pas ce que je peux faire, je suis en Earth, et dans la logique des choses, si il s'enflamme, mes plantes , ne pourront rien y faire. Feu contre terre, feu vainqueur.
Mais prenant mon courage et mes *ouilles à deux mains, je pose une main sur son dos, et me penche à hauteur de son visage. C'est pas du manque à la drogue, ou un semblant de haut-le-coeur que je vois: c'est une putain de rage noire, un truc ignoble qui déforme son visage. Bordel, qu'est-ce qui lui arrive?
Je ne me recule pas pour autant. Je ne sais pas de quoi il est capable, c'est vrai. Et si c'est un Fire, il peut très bien me mettre un poing enflammé dans le ventre, ou dans la tronche. C'est pas le fait d'avoir une ou deux côtes brisées qui me donnent un frisson: c'est le fait d'être brûler. Je hais le feu, vraiment.

Titre

Avec Prénom Nom

le grand jeune homme brun s'enerve, pour quoi je l'ignore mais il est extremement enervé.
Je sors de ma cachette en voyant ses mains rougire; C'est un fire, et il pourrai faire n'importe quoi dans cet état de haine.
Je m'approche timidement de la scene, jettant au passage un regard complice a Jael.
Je m'approche du jeune homme qui me fusille du regard, calme toi coco ! je veux juste t'aider.
Je prends dans mes mains, les siennes et les entoures de bulles d'eau.

Jael Conley

Lura sort je ne sais d'où, et prend les mains de Alec. Elle les entoure d'une bulle d'eau. Je la regarde, sceptique. Elle m'adresse un clin d'oeil complice. Je ne lui souris pas en retour.

-T'es sure de ce que tu fais?

Je lui demande ça d'une voix légèrement sceptique.

Je ferme les yeux pour oublier le mal de mes mains et ces putains de souvenirs qui me reviennent. Une voix me coupe de mes pensées. Cette voix je la reconnais immédiatement vu que je viens de la lâcher il n'y a même pas dix minutes de ça. Je sens une main se poser sur mon dos, mes mains se remettent à trembler mais j'essaie de me contrôler. Je garde les yeux fermés face au mur, essayant de retrouve une stabilité pendant au moins quelques minutes. Je me redresse petit à petit en enlevant mes mains. Je fais craquer mes doigts et mon coup et passe sur une sur ma nuque tout en bougeant la tête. Une jeune fille arrive de nulle part et me prend aussitôt les mains pour me les entourer d'eau.

-Je n'ai rien, ça va aller, merci. 

Je me fais craquer le dos pour repartir sur de bonnes bases. Je scrute d'un regard vide l'individu à mes côtés ainsi que la jolie rousse et leur dis d'une voix monotone : 

-Je vais m'en aller de ce pas je pense. Jael si tu veux te joindre à moi. Et merci beaucoup... Quel est ton nom? 

Mes sourcils reviennent en place, laissant apparaitre un regard ennuyé et épuisé. A m'entendre, ils vont me prendre pour un bipolaire puissance mille. Ou en essayant d'agir normalement face à eux alors qu'il y a dix minutes j'étais prêt à péter cette muraille de pierres, ils peuvent penser que je cherche une certaine attention.

Jael Conley

Je regarde Alec, un sourcil levé. Aller mieux, tu parles.

-Je te suis, frère.

Ouais, je vais me joindre à lui. Peu importe où il va, je l'accompagne.

J'essaie de garder mes pulsions qui semblent s'être calmées grâce à cette fille aux cheveux rouges, qui me semble avoir croisé un jour à l'étang. J'amène une de ses mains vers ma bouche pour la remercier et lui fais un sourire désolé. Je lui les lui lâche aussitôt et je me mets à marcher, me retournant légèrement pour faire comprendre à Jael, que s'il veut me suivre c'est maintenant ou jamais. Je mets une main dans mes poches et en retire un paquet de cigarettes. J'en porte une à ma bouche et en sors une autre pour Jael. J'allume immédiatement les cigarettes à l'aide de mes doigts et calle une de mes mains dans mon blouson noir.

-D'où viens tu Jael? Ces plages semblent te rappeler des souvenirs particuliers vu la façon dont tu m'en as parlé. Vivais-tu près des côtes? 

J'essaie de m'intéresser un minimum à lui pour oublier la douleur que mes membres me font. Je fume quelques lattes et recrache la fumée. De temps à autre, mes sourcils se froncent sans que je ne puisse mes contrôler. J'ai toujours cet air sérieux collé au visage et je ne peux pas le changer même si je le voulais. Je reprends une bouffée et pense à la première fois que j'ai fumé. 

On avait trouvé un paquet de cigarettes plein au sol avec Zephyr. On avait 13 ans et on était con. Les autres gangs fumaient et ça les rendait plus fort et plus puissant qu'on a voulu essayer à notre tour. C'était tellement ridicule. On toussait comme des malades mais ça ne empêchait pas de continuer pour apprendre. En une journée c'était plus ou moins fait. Avec un paquet entier on avait de quoi s'entrainer. Je vois cela comme une erreur de jeunesse à présent mais je ne parviens plus à m'imaginer sans une cigarette clouée au bec. Un sourire nostalgique vient s'afficher sur mes lèvres et un soupire s'échappe par la même occasion.

Titre

Avec Prénom Nom

Il prends dans sa mains mes petits doigts freles et les portes a sa bouches. Elles sont brulantes.
Je fini par reussir au bout d'un certain temps a murmurer :

- Lura, je m'appelle Lura.

Puis je baisse les yeux. Il a un drole d'accent, irlandais peut-etre ? Il n'y a qu'une maniere de le verifier. ma voisine a Sydney etait native d'Irlande, elle etait vieille et y avait passée toute son enfance.
Je me mis inconsciemment a fredonner :

-Bryan O'Lynn was a gentleman born,
He lived at a time when no clothes they were worn,
But as fashion went out, of course Bryan walked in,
"Whoo! I'll soon lead the fashions," says Bryan O'Lynn.

Bryan O'Lynn had no breeches to wear
He got a sheepskin for to make him a pair,
With the fleshy side out, and the woolly side in,
"Whoo! They're pleasant and cool," says Bryan O'Lynn.

Jael Conley

Je suis Alec tout en regardant la jeune fille avec des yeux ronds. Elle se met à chanter en souriant d'un air débile, comme si elle était soudainement possédée. Ça me donne des frissons dans le dos... Et j'avance plus vite pour rejoindre Alec. Il me tend un paquet de cigarette, et je m'en sers une. J'attrape le briquet dans ma poche, et me l'allume. Je relève la tête, regardant devant moi quand je tire une deuxième latte.

-D'où viens tu Jael? Ces plages semblent te rappeler des souvenirs particuliers vu la façon dont tu m'en as parlé. Vivais-tu près des côtes?

La voix grave d'Alec vient interrompre le silence ponctué par des vagues et par le vent. Et le chant lointain de la folle.
Je regarde Alec, qui semble vraiment tendu. Cette question, il me l'a posé pour penser à autre chose. Il a besoin de dialoguer, visiblement.
Je passe une main dans mes cheveux, et regarde au loin. L'image de ma maison me vient à l'esprit.

-Yep. Je vivais en Nouvelle-Zélande. Ma famille et moi, on avait une grande baraque en bois, style un peu australien, en bord de mer.

Je reporte la cigarette à mes lèvres, me brûlant avec le filtre bouillant au passage. Je me lèche légèrement la lèvre d'en bas.

-Et comme t'as si bien deviné, les plages d'ici m'apportent pleins de souvenirs. La mer était comme une deuxième maman pour mes potes et moi. On allait surfer souvent, même quand elle était furieuse. On aimait bien claquer la bise au vague.

Je marque une pause, et baisse la tête.

-Rassure-toi, je vais éviter de me moucher sur tes épaules. Je suis quelqu'un de nostalgique seulement quand le temps rend de mauvaise humeur la mer, je lui dit en désignant la grande flaque d'eau déchaînée à ma droite.

Alec ne dit rien, continuant à fumer sa cigarette. Je ne m'attends pas à ce qu'il s'intéresse franchement à ma vie. Mais si lui en parler peut le soulager, en quelque sorte, lui faire penser à autre chose, je me décide de continuer à radoter sur mon passé.

-Je vivais avec mes parents, et ma p'tite grand-mère. J'avais une bonne bande de cinq gars aussi timbrés que moi. On se connaissait depuis tout petit, et on ne s'est jamais séparés. On s'appelait tous frères, parce qu'on voyait pas quels autres surnoms utiliser. Je ne sais pas si tu as connu des amis avec qui tu peux être si proche. Je veux pas faire ma fille avec ma petite séquence souvenirs et larmes, mais ils me manquent terriblement. J'avais une petite amie, Tracy. La plus belle fille de toute la côte, pour moi. Mais mis à part son physique, ce que j'adorais chez elle, c'était son répondant, et son originalité.

J'aspire sur ma clope, et relâche la fumée en serrant les dents.

-Ils me manquent tous d'autant plus que je sais qu'ils ne pensent pas à moi. Ils ne le peuvent pas. Ils ne se souviennent tout simplement pas qu'ils peuvent le faire.

Je finis ma clope, et jette le mégot au loin.

-Et toi Alec-4ème-année-en-Fire, quelles sont tes origines?

Nous marchons ici, sur la plage, comme deux étrangers qu'on force à faire connaissance. Aussitôt partis, la Lura se met a fredonner un air mais à cause de la distance qui nous sépare je ne l'entends pas. La seule mélodie de ma voix interne me parle. Après avoir quitté cette rousse, Jael me raconte sa vie. Que bien entendu cela ne me dérange pas car j'ai demandé qu'il le fasse. Il est nostalgique. Nous y voilà. Deux abrutis, nostalgiques tous les deux, vivant dans le cliché de se retrouver au bord de mer avec un air sérieux et une clope au bec. 

Je sens mes muscles se détendre et s contracter, comme s'ils ne savaient plus où ils en sont. Peut-être comme ma propre personne. Jael me demande de parler de mes origines. Je n'ai rien de tout aussi croustillant, mais je tente de broder quelque chose.

-Je viens d'Irlande. J'y ai vécu toute ma vie. 

Cette réponse froide m'embête. J'aurais pu lui raconter une anecdote à mon tour mais malgré tous les souvenirs qui me viennent en tête depuis maintenant quatre jours, je ne trouve rien à en dire. Mais je me sens obligé de répondre à une de ses remarques de sa longue tirade.

-Et je n'ai pas connu d'ami avec qui j'ai été aussi proche. Je n'ai jamais réellement eu d'amis, j'suis quelqu'un qui différencie les relations. Les amis sont des gens de confiance et je ne donne jamais ma confiance entièrement. La vie et les gens m'ont montré cela. Je n'ai donc confiance en personne, si ce n'est en Zephyr, mon cousin, en Air. 

Je finis ma cigarette et la jette au sol. Je pollue. Pauvre de moi. Mais ça m'est égal. Ça finira bien par se dégrader. Je remets mes mains dans mes poches et regarde Jael. Je n'ai rien à lui dire mais s'il pouvait parler pour que je puisse rebondir, ça m'arrangerait. Vu l'état où je suis je n'ai envie de rien, j'ai perdu l'envie. Je suis comme un homme qui est là, mais qui ne sait pas pourquoi. Juste pour combler. Mes mains me piquent toujours mais mon envie de vomir m'est passé. Les seuls souvenirs qui me restent en tête et repassent en boucle sont ces morceaux de passé vécu à la plage, avec encore une fois, mes parents et la famille de mon cousin.

Jael Conley

Je l'écoute attentivement. Il est nerveux, et approximatif, et sa première réponse est sèche, et froide. Mais il se rattrape en donnant sont avis sur les amis. Sage pensées, et point de vue intéressant. Il me parle de son cousin, Zephyr. Je ne connais pas, je ne l'ai jamais vu. Mais Alec a l'air d'y tenir autant que la prunelle de ses yeux. Je crois que la valeur de la famille est importante pour lui. Enfin, j'en déduis tout ça à l'intonation qu'il a pris en parlant de son cousin.
Il jette son mégot par terre, et replonge ses mains dans les poches. Je l'observe attentivement, même s'il ne semble pas le remarquer. Je ne sais pas si son visage a toujours l'air aussi tendu, et aussi ravagé. Ce mec là souffre. Mais de quoi?
A tous les coups, vu sa réaction de toute à l'heure contre le mur, il a du se faire plaquer par sa nana.
Il semble attendre avec impatience que je fasse rebondir la conversation. Bien, je reprend le flambeau de la parole olympique de la nostalgie!
Je me repasse ses quelque paroles de présentation assez vague. Je veux en savoir plus. C'est un bon départ de conversation.

-Irlande, hein? je souris, narquois. Encore une destination que je pourrais pas voir de si tôt. On m'a toujours dit que les filles irlandaises étaient chaudes comme la braise. Loin de moi l'idée de pervertir la réputation de ton pays, hein. Mais tu m'as pas trop l'air coincé comme mec, et comme t'es plutôt de jolie apparence, mes avis que ces dames apprécient ta compagnie. Je me trompe?

Je m'esclaffe. Ouais, c'est ma seule façon d'essayer de détendre l'atmosphère. Je sors souvent des trucs lourds comme ça...la faute à mon pervers de pote, Austin. Du coup, je passe allégrement pour un petit con pervers et vicieux. Ça me plaît pas tant que ça. J'ai une image de bad boy sexy à entretenir moi! Mais je suis sûr qu'Alec y répondra avec humour. Si je l'ai bien cerné. Parce que ces derniers, mon radar-observateur me fait défaut...
Je baisse la tête, et regarde mes pieds s'enfoncer dans le sable. Un autre petit silence s'introduit entre nous. Mais ce n'est pas un blanc gênant, du moins je ne le sens pas comme ça. Ce que je ressens, c'est plus la détresse d'Alec. Il a besoin de parler, ça se voit. Ou de penser à autre chose. Mais moi, je veux percer l'abcès. Ma nature curieuse est plus forte que tout. Et puis, je veux pouvoir l'aider. Je sais que parler, souvent, ça fait du bien. Ça libère. Mais c'est souvent difficile pour nous, les hommes, de s'étendre sur les sujets sensibles. Il faut nous tirer les vers du nez, quoi.

-Et ta famille, en Irlande, elle te manque pas trop? Ta vie d'avant, tout ça... tes parents, tes grands-parents, tes conquêtes...tu les regrettes pas?

J'ai le pressentiment que sa réponse va me mener droit au but à son sujet.

Il me parle de mon Irlande natale. Je souris en coin, d'une façon nostalgique. Je reprends une cigarette. La troisième en même pas quelques heures. Soit je m'ennuie, soit je suis énervé, soit c'est pour m'occuper les mains. Cette dernière proposition doit être la bonne. Alors mon coco, les filles d'Irlande? Comment dire...

-Les filles d'Irlande sont belles et chaud oui. Et ce qui est des filles, j'ai une réputation de Don Juan, je ne sais pas comment je dois le prendre entre nous, lui dis-je en laissant échapper un rire.

Un rire? Ça va faire longtemps que je n'ai pas ris ou souris ou montrer un signe de gaité. Les effets sont probablement en train de s'atténuer. Je me sens moins énervé et tendu mais je sais que ça peut repartir en un rien de tant. Je me sens surtout vide et nostalgique. Jael tente de me parler de ma famille. Je t'ai vu venir à des kilomètres. Je le regarde et souris malicieusement.

-Et toi? 

Je commence à marcher encore. Cette question n'est pas juste une question pour éviter le sujet mais il doit savoir ce que ça fait. Pas qu'il est quelque chose d'aussi tragique mais pour que quelqu'un nous manque, on n'a pas besoin qu'il soit mort. De plus ses discours nostalgiques cachent bien des choses. 

Il me demande cela comme s'il chercher à me connaitre vraiment mais je lui ai dit que je n'accorde pas ma confiance aussi facilement, voire pas du tout. Je peux lui parler de choses qui me tiennent à coeur mais pas maintenant, je n'en ai point envie. J'ai envie d'oublier un peu et de penser à autre chose. C'est tout ce que je demande, et de la bonne compagnie par la même occasion. Je ne sais pas pourquoi mais je le sens bien ce garçon.

Jael Conley

-Et toi?me dit Alec en souriant malicieusement.

Je rigole légèrement en baissant la tête. Tentative d'enquête raté, inspecteur Jael...
Je redresse la tête, et lui lance un sourire narquois. Trop prévisible je fus... On enquêtera une autre fois.
Une autre fois, parce que je sais que je serais amené à recroiser ce type. Même si là, mes premières impressions sont mitigées, il a l'air cool parce qu'il a un peu d'humour. Je dis ça parce qu'il n'a pas rejeté mon humour de pervers...J'APPRECIE!
Alec sort une clope, et se l'allume. Je reste émerveillé et à la fois apeuré par la capacité des ses mains-briquets. Puis je regarde devant moi, et serre les poings dans les poches de ma veste en cuir.
Je sais très bien que le "Et toi?" n'attendait pas de réponses en retour. Je n'insisterais pas pour en apprendre plus sur lui, je pense qu'il n'est pas du genre à étaler sa vie à la première conversation. Moi non plus, en temps normal. Je joue la carte du mec mystérieux quasiment tout le temps. Mais aujourd'hui, c'est différent: ce mec m'inspire une confiance irréprochable. C'est rare que je ressente ça auprès des gens que je rencontre. Il a l'air d'avoir acquit une certaine maturité, et de la sagesse, pour en somme en faire quelqu'un de vraiment intéressant. Comment je le sais? Sa démarche assurée. C'est sa façon d'ancré les pieds dans le sol, de balancer ses épaules et de tenir son dos, sa taille, et sa tête. Tout ça, c'est pleins de petits message dans un seul langage: celui du corps.
Je ne dis rien pendant que nous parcourons un bout de plage. Je ne suis pas à l'aise, parce que je sais qu'il attend que je parle, mais je ne sais pas quoi lui dire. Je veux lui changer les idées, mais les miennes sont si confuses en ce moment...
SON sourire m'apparaît en tête. J'esquisse un sourire en coin. C'est peut-être pas autant intéressant pour lui de parler d'elle, mais je sais que ça lui fera penser à autre chose, avec un peu de chances.

-Tu connais Zelda depuis longtemps?je lui lance d'une voix posée, le sourire aux lèvres. C'est plus fort que moi. J'ai eu beau me faire jeter par cette fille, penser à elle me fait sourire quand même.
Mais là, si je souris, c'est par pur malice. J'ai trouvé un autre moyen d'en savoir un peu plus sur ce mystérieux Alec.
Et c'est donc sur une musique de Navarro que l'inspecteur Jael continu son enquête!

Un soupire m'échappe mais se mélange à ma fumée donc Jael ne semble pas l'avoir remarqué. Tant mieux. Il me voit comme quelqu'un de perché. Je repense à la drogue en elle-même. Elle me fait passer pour un perché. Je le sais, je le sens. J'ai l'impression d'être un Air à ce moment présent. Ou à un Water au choix.

Penser aux Waters me fait penser à Martin, donc à Zephyr. Je ne sais pas ce qu'il fait, où il est et avec qui. J'ai l'impression que le temps nous sépare. Que les galères nous séparent alors quelles devraient nous rapprocher. Le passage de Lowell, notre engueulade, notre réconciliation et dès que ça va mieux, le diable te tombe dessus et te drogue, ce qui, pendant presque une semaine, nous a séparé. Nous faire du mal comme ça, je vais finir par croire à un complot. Mais je ne vais pas me replonger dans ça. Du moins je vais essayer ou notre virée entre connaissance risque de prendre fin rapidement et pas tout en douceur comme un atterrissage. Mes mains commencent à me refaire mal. Pas maintenant oh non... Ce n'est pas le moment. Laisser moi un peu de repos, je vous en prie.

Il commence soudainement à me parler de Zelda, ce qui me coupe dans mes théories de complot. Pourquoi me parler d'elle ? S'il veut des informations à son sujet, il a frappé à la mauvaise porte. Autant s'adresser à elle directement. Je reste de glace à l'entente de son prénom. Je ne lui ai pas parlé depuis un moment. Faudrait que je lui reparle mais j'attends d'être complètement guéri pour cela.

-Pas depuis une éternité mais pas récemment non plus. Tu as une vue sur elle ou elle t'a mis un vent peut-être? 

Je le regarde, un sourire en coin, lui lâchant un petit rire de moquerie dans la face.