Chambre d'Alec, finalement.

Après la pissotière

Je lui souris. Je lui serre la main pour ne pas qu'il me lâche et transplane au dortoir pour récupérer ma bourse. C'est plus facile d'avoir un peu d'argent pour aller aux galeries marchandes. Arrivés au dortoir, je lâche sa main et pars en éclaireur jusqu'à ma chambre et l'ouvre. Je reste au seuil de la porte, jetant un œil rapide sur toute la surface. Tout est en cendres, seul la table de nuit est intacte. Un sourire méprisant s'affiche alors sur mon visage. Elle a dû se faire plaisir après ça, pensais-je. La seule chose, c'est que je ne suis pas matérialiste donc ça ne m'atteint pas de tout perdre. Des cds? La galerie marchande. Des habits? La galerie marchande. Un lit, une table, des chaises? La galerie marchande. Et pour la guitare, je suis même plutôt heureux. Moi qui attendait une raison pour la changer, en voilà une. La chose qui m'ennuie le plus c'est de nettoyer cette cendre. J'ai souvent une idée.

-Zephyr, toi qui manie l'air, tu ne peux pas faire quelque chose pour que tout soit comme neuf, balancer tout la cendre dehors de sorte qu'il n'y ait que la table de nuit de restante. Pendant ce temps je me charge des gros morceaux et après on va à la galerie.

Je me dirige immédiatement vers la table de nuit pour récupérer ma bourse et la lettre de Zephyr. Je la mets dans la bourse, que je range bien sur moi. J'aperçois le collier de Joy. Maintenant que c'est fini il ne doit plus y avoir de signification. Je le prends en main et fais fondre le métal. Celui-ci coule entre mes doigts, je souris. J'augmente la puissance de la chaleur pour que celui-ci se dégrade en cendre. Un objet de plus ou de moins, on n'est plus à ça prêt. Je me débarrasse de la petite table de nuit, autant que ça soit vide jusqu'au bout. Je récupère les morceaux de ma guitare et les brûle par la fenêtre. Je m'étire et m'essuie les mains puis regarde Zephyr en poussant un soupir.

Après la pissotière.

Alec Ó Súilleabháin.

-Zephyr, toi qui manie l'air, tu ne peux pas faire quelque chose pour que tout soit comme neuf, balancer tout la cendre dehors de sorte qu'il n'y ait que la table de nuit de restante. Pendant ce temps je me charge des gros morceaux et après on va à la galerie.

Je regarde alors Alec qui semble être de récupérer des objets dans le seul meuble survivant : Une table de nuit. Je ne comprends pas pourquoi seul cet objets s'en est sorti vivant.. Façon de parler bien évidemment.
Je hoche vivement la tête et commence à créer des courants d'airs naissant du sol afin de soulever des cendres et de les balancer par la fenêtre. Voyant qu'il n'y a plus aucun objets, je hausse les épaules et m'autorise à créer un courant d'air bien plus grand pour désincruster tout la poussière de la chambre, ce qui économisera un coup de balais. Ceci fait, je ferme les yeux un instant, laissant l'énergie retomber avec de me tourner vers Alec.

- Je crois que nous pouvons y aller mon général !

Je remarque alors qu'il est en train de faire fondre un autre objet dont les cendres se déposent sur le sol. Vraiment aucun respect pour mon boulot.. Je grogne et me mets à compatir pour Dredon qui lui aussi voit son travail se faire saboter tout les jours. Je projette alors les dernières cendres par la fenêtre d'un rapide courant d'air avant de m'approcher du rebord pour voir les dégâts sur le sol. Un gros monticule de cendres se dresse juste en dessous de la fenêtre de Alec..

- On dirait la dune du Pilat.. Si Maugrey voit ça, tu es un homme mort.

Je décide alors de joindre mes mains et d'envoyer un courant d'air en pic sur la dune afin de séparer les cendres un peu dans tous les sens. En effet, les cendres se mettent à virevolter dans tous les sens, se séparant en une pluie fine et se déposant un peu partout.

- Cette fois-ci, on peut vraiment y aller !

Après Maxence.

Je me retrouve enfin dans ma chambre. J'allume la lumière et aperçois les affaires que j'ai acheté plus tôt. J'ai plus ou moins une idée de comment j'allais aménager ma chambre. Je commence à me mettre torse nu et commence à préparer mon lit. Je le déballe et le mets à l'angle du mur de la porte. Je fais les draps et rajoute les coussins. Une fois ça de fait, je sors les planches de bois pour monter la commode qui sera sur le mur d'en face. Je récupère dans ma table de nuit, un marteau et des tournevis. Au bout d'une demi-heure, ma commode est faite. Je me relève, me dirige vers la salle de bain et m'essuie le font avec une serviette. Je reviens dans la pièce principale, la serviette autour du cou. Je range mes affaires à l'intérieur. Ensuite, je passe au bureau. C'est un bureau en angle, simple que je mets à l'opposé de mon lit avec la chaise, ça sera plus pratique. Je me mets au milieu de la salle et observe la place qu'il me reste. Théoriquement j'ai toute la place qui me faut mais je réfléchis pour savoir où mettre ma platine et ma guitare. Je prends la guitare en main et m'assois sur ma chaise. Je commence à jouer les arpèges de Stairway To Heaven. Effectivement, elle a un bon son. Je la pose contre le mur.

Je regarde ensuite la commode. Elle est basse, le tourne disque sera parfait la dessus. Je l'installe et la branche en réglant les enceintes pour quelles soient en stéréo. Je récupère les vinyles et me dirige vers la salle de bain. Un bac en plastique s'y trouve. Je le vide et ramène ce bac à côté de la commode où je range les disques. J'en ai que 5 pour l'instant: Status Qui, Simon and Garfunkel, AC/DC, Dire Straits et Kiss. Je me dirige vers la porte et la ferme à clef, histoire de ne pas être dérangé. Je me déplace vers la salle de bain pour prendre une douche froide. Une fois fini, je me mets un boxer et sors de la pièce. Je sors le vinyle de Dire Straits de sa pochette et le mets sur la platine face A. Je lève la branche et pose le diamant délicatement sur le disque. Down To The Waterline se joue. Je monte le son pour bien entendre le début de guitare, joué par Mark Knopfler et je décide de m'allonger sur mon lit, jambes croisées et mains derrière la tête pour écouter cette merveille. Je ferme les yeux et me perds dans mes pensées. Pour une seconde fois Joy, tu m'as été utile. J'avais besoin de changer d'air et de refaire le neuf. Ça a été plus tôt que prévu. Je prends un paquet de cigarettes dans la table de nuit, qui n'a jamais changer de place depuid et je l'allume. Je souris écoutant toujours le disque tourner et enchaîner sur In The Gallery.

Je décide de me rendre dans un endroit où je ne devrais pas me trouver: les dortoirs des Fires. Je regarde les noms sur les portes et aperçois celle d'Alec. Je ne peux plus attendre. L'excuse d'être indisposée était juste pour me laisser le temps de réfléchir. Je reste devant le seuil de la porte. Devrais-je lui dire que je suis là et me faire remarquer? Les idées traînent dans ma tête. Je reprends ma respiration et expire un bon coup. Je frappe finalement à la porte.

-Alec, c'est Max. Je suis prête. Je t'attends, lui dis-je d'une voix sensuelle.

J'attends là, impatiemment. Je pose un bras sur la porte et me penche sur le côté, les jambes croisées. J'espère qu'il va m'ouvrir... On vient de se rencontrer mais je ne suis plus à ça prêt. Ce n'est pas comme si on était ensemble. C'est histoire d'oublier et de passer du bon temps. Ça ne fait rien. Ce n'est rien.

Quelqu'un frappe à ma porte. Qui ose me déranger pendant cette heure de jouissance extrême? Je reconnais à travers la musique, la voix douce de Maxence. Que fait-elle ici? Heureusement que je viens de faire ma chambre. Ça allait se faire aujourd'hui? Moi qui pensait que ça se ferait dans quelques jours. Elle est indisposée, apparemment. Si c'est le cas, j'espère qu'elle ne sentira pas humiliée lorsque je lui dirais que baigner dans le sang n'est pas mon délire. Je m'étire et me relève. Je passe ma main sur mon visage. Allez Alec, tu peux le faire, tu n'es pas déjà fatigué. Je me relève, me prépare mentalement à l'accueillir et déverrouille la porte pour enfin l'ouvrir. Elle est là, d'une position sensuelle. C'est le jour J. Je fais un sourire signifiant que je l'avais eu comme un chef. Ce n'était pas très difficile.

-Hi beautiful. May I help you, darling? lui dis-je d'une voix envieuse.

Soudainement je me sens pousser en arrière et entends claquer la porte. Ooh, le chat serait-il en train de se transformer en une lionne sauvage? Je rugis d'excitation. Elle me saute dessus, me planquant sur le mur avec sa puissance et elle met ses jambes autour de mon tronc et me plaque les bras contre ce mur froid. Elle veut être la dominante? Je me laisserai soumis sans problème alors. Elle veut jouer? On va jouer, honey. Ce n'est pas un problème. J'espère qu'elle ne tombera jamais sous mes "charmes" au point d'exploiter des sentiments. Ça serait dommage et stupide de sa part au vue de notre contract.

Je lui lâche les mains et commence à enlever mon haut pour être complètement nue. Je l'embrasse de partout, où mes lèvres peuvent s'y frotter. Sa barbe me gêne bien quelle soit tout aussi gênante que celle d'Aaron. Pourquoi est-ce que je pense à lui à ce moment présent? Si je fais ça, c'est justement pour l'oublier et passer à autre chose. Je redescends sur terre dans tous les sens du termes et retire les habits d'Alec, qui est mien, l'espace d'une heure ou deux. Je l'embrasse le long de son torse et enlève son pantalon. Rien de mieux que des préliminaires pour commencer et faire durer le plaisir. Je ne réalise pas réellement ce qui se passe mais tout se fait si vite. Une demi-heure et voilà qui se laisse allonger sur le lit, me laissant dominer la situation. Ce n'est pas tous les jours que je profite de ça. Je le caresse en monte cet étalon, sans être trop vulgaire ni trop imagée. Tout ça est comme nouveau pour moi. Ce n'est que ma deuxième fois, mais c'est comme si c'était ma première. Il doit être expérimenté et je ne saurais rivaliser avec ses autres conquêtes. Il est tellement charmant. Je le vois gémir et se tordre de plaisir. Un sourire apparaît sur mes lèvres.

Après cet épisode qui est clair pour beaucoup d'entre vous, on s'allonge côte à côté. Nos corps nus se serre l'un contre l'autre. Je sens son bras passer derrière mon cou pour me ramener plus vers lui. Je lui caresse à nouveau le torse et souris. Je suis heureuse, du moins satisfaite pour le moment. Etre heureux n'est qu'un sentiment qui dure sur longue durée et je n'ai pas besoin d'Alec pour me rendre heureuse, bien que c'est vrai, je vois un peu la vie en rose depuis que je l'ai rencontré. Ca fait à peine un jour et je me sens comme, attachée à lui.

-Je t'aime... dis-je en un murmure, en espérant qu'il ne l'entende pas malgré le silence.

Je l'embrasse et on reste là, attendant que le temps passe. Pourquoi lui avais-je dis je t'aime? Je ne connais rien de lui, si ce n'est que c'est le Don Juan de l'école. J'espère au plus fond de mon être qu'il n'a rien entendu. Sinon, je suis une fille finie, ainsi que notre relation si peu existante.

Je me laisse dominer. Qu'est-ce que ça fait plaisir de n'avoir rien à faire et de recevoir du plaisir lorsqu'on a la flemme de passer à l'acte. Bien que je l'aide à se sentir à l'aise avec quelques caresses sur son corps. Une fois fini, on s'allonge. Je ressens quelques frissons. Je ne sens rien pour elle. J'étais tranquille, maintenant que je l'ai eu, elle peut repartir immédiatemment. Je penche ma tête vers elle et l'embrasse sur la tête en guise de remerciements. Je ne remercie jamais les gens par la parole, juste pas quelques petites attentions. Soudainement je l'entends murmurer des mots que je ne voulais pas entendre. Je me relève en furie et la toise.

-Désolé de te dire cela ainsi Maxence, mais rhabilles toi et sors. On ne se connait pas, je t'ai dit clairement ce que je voulais et tu trouves le moyen de me dire que tu m'aimes? C'est intolérable. Sors maintenant! lui dis-je en essayant de garder mon sang-froid.

Lorsqu'on dit après les faits que ne veut que du sexe, vos exs crâment tout. Et dès que vous leur dites clairement ce que vous voulez, elles trouvent le moyen de vous aimer. Je n'arrive pas à y croire. Je prends une cigarette de ma table de nuit et l'allume sur le champ. Je récupère mon pantalon ainsi que mon caleçon et les enfile. C'était trop beau pour être vrai. J'espère qu'en plus ce n'est pas le genre à être collante et à se justifier sans arrêt de ses faits et gestes. Je me dirige vers la fenêtre, l'ouvre, la laissant s'habiller et partir.

-Alec... me dit-elle d'une voix désolée.

Je lui fais un signe de la main pour l'arrêter. Et en refais un autre pour lui dire de partir.

-Ferme la porte derrière toi surtout. Je n'aime pas être dérangé de ce genre de moment, lui dis-je sèchement.

Je le regarde stupéfaite de ce qu'il me dit. On vient de coucher ensemble et il me dit de fuir? Les larmes me montent aux yeux. Tout est de ma faute, si seulement je n'avais rien dit. Maxence, tu as été fini à la pisse ou quoi? Je laisse échapper son prénom de mes lèvres mais il ne veut rien savoir et me dit de partir. Je me rhabille comme il me l'a demandé, j'essaye de me coiffer un minimum pour paraître inaperçue et récupère mon sac que je mets sur le don. Je me dirige lentement vers la porte et le regarde avant de partir.

Je repense à sa réputation. Don Juan, il doit les enchaîner. Un bon coup, le meilleur de mes deux expériences. Un connard... Je ne peux pas dire qu'il en est un. Il m'a prévenu et j'ai tenu tête en lui disant ces choses. Je ne sais même pas pourquoi je les lui ai dite. Ce n'est pas comme si je ressens quelque chose. C'est juste dans le feu de l'action et de la situation. Ca m'a échappé. J'aurais dû le contrôler mais c'est trop tard maintenant. Je regrette. Je baisse la tête et ouvre la porte en douceur, le laissant là avec sa solitude de toujours. Je referme la porte derrière moi et m'en vais.

Je continue de regarder par la fenêtre en fumant ma cigarette. Je passe une de mes mains sur mon menton et réfléchis. Du moins, j'essaye de me calmer. Je n'arrive pas y croire. Je bous. Pas au point de détruite un mur mais à un autre niveau, un peu plus inférieur. Point positif de cette histoire: un moment de plaisir. Point négatif: elle. J'espère ne pas la revoir. Son "je t'aime" me sort déjà par les yeux. Elle me sort par les yeux. J'aurais dû le voir que c'était ce genre de fille. A tomber amoureuse pour un rien, à tomber pour une personne qui commence à s'intéresser à elle. Je le savais. C'est ridicule. Qu'est ce qu'elle va faire maintenant? Pleurer la première bonne âme qui s'intéressera à elle et ainsi de suite? Elle s'entraîne dans un cercle vicieux ma parole! Mais ce n'est plus mon problème. Ça ne l'a jamais été.

Ma clope se consume. Je l'apporte à ma bouche et aspire ce poisson à plein poumon. Autant se tuer, que ça soit avec quelque chose de toxique autre que les personnes ambiantes. Je n'ai pas de temps à perdre avec ces sottises. J'ai plus important à faire. Si j'avais su bon sang... Je regrette. C'est peut-être une des seules fois que je regrette ce genre d'événements. Pas l'acte en lui même, car pour ça je suis toujours le premier pour une partie de scrabble mais le reste, le surplus. Je ne peux pas. Putain!

J'éteins ma cigarette qui est e' train de brûler le filtre. Oui j'ai cette manie lorsque je suis énervé. Cela pose un problème messieurs, dames? Non? Très bien. Je me retourne et fais les cents pas dans ma chambre. Je pars dans la salle de bain et me prends une douche froide pour garder mon sang-froid. C'est la deuxième douche en une après-midi que je prends. C'est pour dire. Je ressors nickel chrome et m'essuie la nuque en attachant une serviette pour cacher mes organes génitaux. Je mets un vinyle en route. AC/DC avec Back In Black. Je monte le son de sorte que je ne puisse pas entendre le bruit constant des gens en dehors de ma chambre. Je fouille mon armoire et choisis un simple t-shirt avec un bermuda. J'enfile mes bateaux et m'assois à ma chaise.

J'ai encore envie de fumer. Je pourrais me faire le paquet à ce stade mais ces bâtons ne sont pas gratuits malheureusement. Je me relève et éteins la platine. Je m'en vais prendre une autre cigarette de mon paquet et me rassois en prenant ma guitare en main. J'écarte les jambes pour plus d'appui et clope au coin de la bouche, je commence à gratter un air. Je m'arrête, prends la cigarette et recrache la fumée. Je la remets en bouche et tout en jouant, fume comme un pompier. Je me surprends à jouer et à chantonner Initials B.B par Serge Gainsbourg. Je me pause pour recracher la fumée encore une fois. La tête penchée en arrière, je me laisse bercer par les violons et les trompettes que je pense m'imaginer et entendre.

Je m’arrête devant la porte de notre cher Alec, Je m'approche et hésite quelques secondes. Je pousse la porte sans le moindre effort. Tiens, il aurait oublier de fermer à clé ? Je rentre dans la pièce qui est pour moi si familière. Je ballade mon regard et mes doigts sur les nouveaux meubles, la nouvelle chambre, tout est nouveau ici ! comme c'est beau. Mon regard s'attarde sur le tourne disque tout neuf. Je penche la tête en souriant. He bien ! notre cher Alec n'y est point allé de main morte on dirait. Je m'approche du bureau et en sors une feuille blanche ainsi qu'un crayon a papier. Je pense aussi à prendre un support pour rendre mon travail plus facile.
Je m'installe sur mon lit et attend simplement, tout en dessinant.
Je fais apparaître petit a petit des traits grossiers qui s'affinent au fur et à mesure de mon travail.
Puis la porte s'ouvre, et Alec pénètre dans le lieu.

Après la rencontre avec Martin, futur copain de mon cousin, je retourne au dortoir. Je m'avance vers ma chambre et aperçois la porte ouverte. Moi qui était persuadé de l'avoir fermé. Bref. J'entre et scrute chaque recoin de la pièce et reste bloqué sur la tête blonde de Joy. Je repasse en coup de vent un regard sur chaque élément. Bravo Joy, tu n'as rien brûler de plus. Je suis fier de toi. Je m'approche de mon bureau puis m'assois sur la chaise. Je me tourne vers Joy et l'observe pendant quelques secondes.

-L'endroit te manquait? lui dis-je d'un ton normal, comme blasé, endormi.

Je respire un grand coup et continue de la fixer. Elle est là, il n'y a que ça a faire. J'aimerais bien pouvoir la jeter de ma chambre, si ça ne tenait qu'à moi mais au cas où, je préfère ne pas agir. Peut-être qu'elle a des choses à dire, qui sait? Je me retourne pour attraper ma guitare et joue quelques notes, histoire d'attendre une réponse. Pourquoi est-elle là? Pourquoi?

Joy Brownd

Je penche la tête et ne répond pas a sa question. Je ferme les yeux écoutant simplement les notes de sa nouvelle guitare. J’espère que l'ancienne ne lui manque pas..Comme tout le reste en fait.
J'ouvre les yeux, me lève du lit et m'avance doucement. Je m'assois sur son bureau et balance mes deux pieds telle une enfant.

-Je vais te raconter une histoire, elle est amusante tu vas voir !
Narcisse est l'enfant que Liriope a eu avec le fleuve Céphise. Il est doté d'une beauté rare, digne d'être aimé de toutes les nymphes.

Alec arreta soudainement de jouer de la guitare et se mit a m’écouter d'un air incompréhension et intrigué. Le voyant ecouter, je reprends de plus belle toujours assise sur le bureau :

-La beauté exceptionnelle de Narcisse fait naître le désir. Nombreux jeunes gens en sont épris. Mais derrière cette beauté tendre se cache une indifférence si dure que ni jeunes hommes ni jeunes filles ne peuvent s'approcher.
La nymphe Echo,  éprouve malheureusement une muette adoration pour Narcisse, le suit partout espérant un signe d'amour, d'affection, mais il la rejette avec mépris. Triste, pleine de honte, elle se cache au fond d'un bois et se laisse dépérir : son corps devient pierre, ne laissant d'elle que sa voix intacte. Pleine d'amour et de ressentiment, Echo continue inlassablement à renvoyer la fin des phrases de Narcisse jusqu'à la mort de ce dernier.
Une des victimes du dédain et de l'indifférence de Narcisse se plaint à la déesse de la vengeance. Le verdict est prononcé. Au cours d'une chasse, la déesse pousse le jeune homme à se désaltérer au bord d'un étang situé dans un magnifique endroit. Narcisse s'éprend alors d'amour pour le reflet de son visage que lui renvoie l'eau, pour cette image qu'il ne peut atteindre et dont il est incapable de se détacher. Plus il se regarde, plus folle est sa passion, il soupire, il pleure, il se frappe devant son reflet. Narcisse oublie de boire et de manger. Prenant racine au bord de l'étang, il se transforme peu à peu en la fleur qui porte son nom et qui, depuis, se reflète dans l'eau à la belle saison, pour dépérir à l'été.

Je reprend mon souffle en fermant les yeux, un fin sourire flotte sur mes lèvres.

-Elle est belle n'est-ce-pas ? Tu sais, on ne change pas une légende. Quand j'etais plus jeune, ou plutot, il y a encore quelque semaine, j'étais persuadée que Narcisse et Echo pouvaient s'aimer et vivre heureux pour toujours. J'étais naïve.. Aujourd'hui je sais que c'est impossible..Pourtant il semble manquer une partie de l'histoire ! Ou a bien pu passer la vengeance d'Echo ? La fameuse vengeance, pour son coeur briser ..?

je m'approche a pas de Felin, de plus en plus dangereuse, de plus en plus heureuse. Alec parait surprit, Il s'est levé et me fixe les bras croisé.Il me défit du regards Serte, mais je l'ai vu hésiter et reculer d'un pas. Aurais-tu peur pour cher Alec ? Peur de moi ? Non tu es bien trop fiere pour avoir peur. Et tu es bien trop fière pour avoir un minimum de respect. Je m'approche encore avalant chaque centimètres qui nous séparent a la même allure lente et langoureuse.
Je me penche alors sur le jeune homme, respirant son parfum si familier, cette odeur douce qui m'a tant bercée. Je me penche jusqu'a son oreille et j'enlace notre cher Alec de mes bras destructeurs.
Je lui murmure tout bas et d'une manière des plus sadique :

- Je t'ai jamais aimé Joy. Je ne voulais que passer à l'acte et tu le savais au fond de toi. Je t'ai toujours dit que tu ne m'avais jamais intéressé. Je ne vois pas pourquoi ça aurait changé.


Tel un echo je repete ses paroles de maniere incessant en boucle. Puis je me tais et porte docement le collier en forme de coeur a ma bouche. j'ouvre le pendentif avec mes dents et attrappe une petite pillule moelleuse avec mes levres. Ce collier represente l'amour. L'amour de la vengeance.
Je regarde Alec droit dans les yeux, et plonge mes levres contre les siennes, le tenant de toutes mes forces et l'obligent a entrouvrir ses levres afin d'y enfoncer sauvagement ma langue avec la petite pillule. Je reussi a le forcer a avaler mon venin. Mon regard planté dans le siens, je vois ses pupilles se dilater de surprise.
Je me recule lentement, il tousse et se penche legerement. Mon sourire carnassier ne cesse de grandir. Les effets son immédiats. Cette drogue produit d'atroces douleurs mentales, elle ramene a la surface toute les blessures emotionnelles d'une personne faisant apparaitre d'horribles Images, Des cauchemards immondes ainsi que des Allucinations épouvantable d'une durées de 8 a 15 jours. Et le plus amusants, c'est qu'elle rend la personne Impulsive, Agressive et Impuissante sexuellement parlant pendant environs 20 jours. Cette drogue et atroce mais non mortelle bien entendue.
Je fixe Alec avec un regard répugnant. Je le regarde s'effondrer a Genoux et trembler legerement. Il leve vers moi des yeux vides et apeurés.

- Je t'ai jamais aimé Joy... Je ne voulais que passer à l'acte et tu le savais au fond de toi... Je t'ai toujours dit que tu ne m'avais jamais intéressé... Je ne vois pas pourquoi ça aurait changé...

Je repete une derniere fois ses mots avec une sensation des plus agreable. Je me tourne, lance un regard a mon croquis gribouillé. Un ciel etoilé et deux silhouette entrelacés. Moi et Alec.Ce fut un bon moment. Je  sors de la piece dans une indifference la plus totale. Au moins nous sommes quitte, ne t'amuse plus a me traité comme une enfant. Meme un chaton peut etre dangeureux, il peut te crever les yeux s' il le souhaite.
Les douze coup de minuit ont sonnés. L'horloge s'est enfin arrété.

   

Je l'écoute attentivement. Son histoire ne me fait ni chaud ni froid car je la connais déjà. Soudainement, l'ambiance prend une toute différente ampleur. Elle se jette sur moi et m'embrasse avec une fausse passion. Je ne comprends même pas pourquoi je ne réagis pas. En temps normal, je l'aurais repoussé immédiatement mais elle ne m'en laisse pas le temps. Elle me fait avaler une pilule contre mon gré, une pilule russe qui a des effets de nostalgie et mélancolie permanentes pendant une semaine si on n'en prend qu'une et ceci étant le cas pour ma part. Elle s'en va par la porte, me laissant seul contre moi-même. Aurait-elle gagné? Cela se pourrait. Je ne perds pas souvent mais elle est allée trop loin et trop fort pour que je puisse contre-attaquer.

Je me retrouve genoux au sol, me tenant la gorge avec une main et essayant de me faire vomir de l'autre mais sans succès. Je sens les effets monter. Ma respiration devient saccadée par faute de l'énervement qui est en train de m'envahir. Il faut que je garde mon calme. Ce n'est pas le moment de péter un autre mur ni de brûler quoique ce soit à cause de la progression de mon pouvoir qui n'a pas l'air de s'améliorer. Je revois des images défiler dans ma tête. Des images, des scènes que je connais par coeur. Des moments précis de ma vie qui me donnent une boule au ventre et à la gorge. Je revis minute par minute, seconde par seconde un des souvenirs qui m'a le plus marqué : la mort de mes parents.

Cela fait maintenant huit longues années que mes parents ainsi que ceux de Zephyr sont morts. Nous étions avec la nourrice tous les deux, en train de préparer le sapin pour le réveillon de Noël. Nous étions tout petiots, les éclats de rire résonnaient dans le salon durant la préparation. Je me rappelle m'être levé et être parti vers la fenêtre. Les lumières des guirlandes se reflétaient sur la neige qui se faisait voir dehors. Zephyr vint à mes côtés et tout en regardant le ciel, il me murmura «j'aimerais que papa et maman soit là ». J'hochais la tête et expirais l'air chaud que j'avais gardé en moi, faisant une marque sur la vitre. Un son de plateau se fit entendre derrière nous. On s'était retournés immédiatement et aperçut la nourrice les larmes aux yeux. On s'approcha inquiets. C'était noël et elle semblait au plus mal. Elle tomba à terre et s'effondra en pleurs. Elle nous récupéra dans ses bras en nous serrant fort et murmurait des «désolé». On 'e savait comment réagir. On ne savait ce qui se passait. « Vos parents » nous avait-elle dit. Soudainement des gens en costards sombres arrivèrent et se rapprochèrent de nous. « Fuyez les enfants, fuyez » nous criait-elle. On s'en alla de ses bras, je faisais passer Zephyr en avant lui ordonnant de courir. Avant de le rejoindre je regardais notre nourrice. Les hommes étaient en train de la réduire à un tas de chair ensanglanté. A la vue d'un de ces hommes, je me mis à suivre les pas que Zephyr avait laissé dans la neige, le rattrapant. Nos parents avaient aussi des pouvoirs. Je compris de suite qui furent ces gens vêtus de noir. Ils étaient venus nous séparer pour qu'on se reconstruise mais notre famille venait de mourir. Et ils ne pouvaient pas nous séparer, c'était impossible. Nous étions là, seuls face au monde, dans la neige, je prenais Zephyr dans mes bras, comme pour le rassurer.

C'est la dernière image que j'ai de ce souvenir. Il me hante depuis mes dix ans. Et ce n'en est qu'un parmi tant d'autres. Autant que cette pilule fonctionne par ordre chronologique, où les ennuis et épisodes douloureux ont vraiment commencé. Je me sens faible et épuisé mais je ne peux pas me reposer. Je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Je m'allonge au sol les bras derrière la tête et attends que ce petit enfer passe.

Zephyr Ò Broin.

Han, je l'ai enfin trouvé ! Alec va être fou de joie. Une collection de mediators à l'effigie de ses rockeurs favoris. Ça fait quelque temps que j'avais mis de l'argent de côté pour pouvoir lui offrir.. Après tout ce qu'il a fait pour moi, tout ce qu'il a enduré par ma faute, il faut bien que je me rattrape dés que je peux. Alec, ma seule famille. Je donnerai ma vie et mon corps pour lui. Je me mets à rire, cette pensée sonnait mieux à l'état de concept.. On pourrait presque croire que je compte me prostituer dit comme ça. Et franchement, loin de moi cette idée. J'ai eu ma dose de sexe pour un long moment. Haha.. Mieux vaut en rire. Le rire est la seule chose qui peut nous sauver dans ce monde. J'ai compris ça grâce à Martin. Cet homme est génial. Il ne se rend pas compte de tout ce qu'il m'apprend.

Me voilà arrivé au dortoir des Fire. Je n'aime vraiment pas cet endroit.. Je le connais un peu trop bien maintenant et la chambre juste après celle d'Alec est encore verrouillée. Vu l'état dans lequel elle se trouve.. Si Maugrey n'ouvre pas un minimum son porte-monnaie, la chambre n'est pas prête d'être réouverte. Je suis quand même frustré de ne pas avoir eu l'occasion de riposter.. Lowell, mon amour, pour ton bien reste loin. Ne reviens jamais car je te promets de te tuer. Ton corps inerte sera la vue la plus excitante que je n'aurai jamais pu voir. Je pense que je serai capable d'en jouir. Haha. Pendant, un instant, j'ai cru que tu t'en prendrais à Alec. Tu as bien fait de t'en prendre à moi.. Si tu avais oser toucher mon cousin, j'aurai été obligé de te tuer. Personne ne touche à mon amour de cousin. Personne. Surtout pas toi. Crois moi mon chéri, niveau vengeance je m'y connais. Ose remettre un pied ici et je te promets que j'atteindrai l'orgasme dans ton cadavre. Je veux glisser mon membre dans ta trachée ouverte.. Une fellation un peu plus sanglante que la normal. Tu ne sais pas de quoi je suis capable quand on ose m'humilier.. Ou pire, m'énerver.

Mh, j'en ai marre de penser à toi des que je mets les pieds dans ce foutu dortoir. Si tu ne sors pas de ma tête, je continue de te demembrer et de me fister avec chacun de tes membres et organes dans mes rêves.. Oh mon dieu, tu n'imagines pas les idées sales que je peux avoir lorsque je sens la colère monter en moi.. Ça m'excite. Continue de me hanter, je n'ai jamais autant bander.
Je me retrouve devant la chambre de mon cousin, je toque à la porte. Oui, je suis un mec poli moi. Au moment où mon poing entre en contact avec la porte, celle-ci s'ouvre légèrement. Je suppose que c'est une invitation à entrer. Je suis donc mes instincs, le cadeau dans ma main. J'affiche un immense sourire à la vue de ma touffe de cheveux favorite.. Mais il s'efface bien vite en voyant le regard vide et sanguin qu'il arbore.. Il regarde au loin, comme si un film invisible se jouait sous ses yeux. Étrange. Je m'approche alors de lui, posant mes doigts sur son épaule pour le prévenir de ma présence.

- Alec.. Tu as vu un fantôme ou ça se passe comment ?

Ce souvenir ou plutôt ce cauchemar me hante. Je n'arrive pas à me l'enlever de la tête. La haine me monte. Je sens mes mains piquer comme si on lui enfonçait des milliers d'aiguilles. Je sais très bien ce que ça signifie mais essaie de ne pas y penser. Je me sens obligé de tout contenir mais cette épreuve me semble assez difficile étant une personne plutôt explosive. Je me relève petit à petit pour ne pas brûler le parquet si mes mains venaient à s'embraser. J'expire l'air de mes poumons comme si cela m'empressait. Cette sensation a souvent le don de me mettre hors de moi et de ne plis avoir réellement toute ma tête.

Je n'entends rien si ce n'est qu'un bourdonnement constant et sonore dans ma tête, comme des acouphènes mais en pire, comme un ultra son mais en plus strident. Une voix se fait entendre mais je ne parviens pas à analyser les mots bien que je reconnaisse la mélodie de la voix de mon cousin. Une main se fait sentir sur mon épaule et d'un coup violent je me retourne, sa main en main et la retourne comme pour le faire souffrir. Toutes ces actions se font inconsciemment.

-Zephyr barre toi. Ce n'est pas le moment.

Les veines de mon visage se forment en relief sur ma peau. Je lui balance la main et le pousse vers la sortie. Je n'arrive pas à contrôler mes gestes. Il semble être apeuré ou déçu ou pire. Je ne saurais dire comment il est. Je n'arrive plus à me concentrer sur les réactions des gens, ni les miennes et encore moins les siennes.

-PUTAIN T'ES ENCORE LÀ ? DÉGAGE MAINTENANT! BARRE TOI, FUIS! JE NE VEUX PAS TE VOIR. NI TOI NI QUELQU'UN D'AUTRE! Donc tu me lâches et tu retournes gentiment d'où tu viens. TOUT DE SUITE! lui dis-je d'un air menaçant lié à l'hystérie.

Je lui tourne le dos et me prends la tête dans les mains. Ces dernières remontent jusqu'à ma crinière, serrant entre mes doux es cheveux prêt à être arrachés. Je me rabas sur moi-même, les genoux à terre. Je sens encore ça présence.

-Ce n'est pas vrai, vire je te dis putain!

Mes dents se serrent. J'ai l'impression de devenir fou. Je ne suis que drogué. Je respire encore certes, mais comme si j'allais rendre l'âme d'un instant ou autre.

Zephyr Ò Broin.

Je ne partirai pas. Peu importe son humeur, peu importe ce qu'il peut me faire. Il est hors de question que je me barre d'ici sans comprendre. Ça va faire des années que je n'avais pas vu Alec dans cet état. Mais bizarrement.. Je n'ai pas peur. Je respire fortement et avance de quelques pas. Il insiste encore pour que je me tire, mais sache très cher cousin que malgré tes menaces, je ne decollerai pas d'ici. Pas tant que tu es dans cet état.
En avançant, je le contourne pour me retrouver debout face à lui. Son regard est rempli d'une haine immense mêlée à une forme d'hystérie. Je ne vois pas ce qui aurait pu le rendre comme ça. Et comme il l'a fait pour moi, je compte bien forcer l'accès de son jardin secret. Ma main passe dans ma poche et j'en sors un couteau que je serre dans la paume de ma main avant de le cacher derrière mon dos. Je ne compte pas m'en servir. C'est uniquement par mesure de précaution. Dans cet état, il serait certainement capable de me tuer. Je ne compte pas perdre la vie si facilement et si pour cela je dois abîmer la belle peau de mon cher et tendre cousin, je n'hésiterai pas. Je peux mourir pour toi, mais pas entre tes mains. Tes flammes ne me font pas peur, d'un coup de vent je te les renvoie au visage.
Je reste debout, si je me baisse ma gorge sera a la hauteur de ses mains et je ne veux pas courir ce risque inutilement. Mon couteau dans ma main, prêt à être sorti pour l'entailler, je pose mon regard sur lui.

- Je ne partirai pas. Je m'en fous que tu ne veuilles pas de moi. Tant que tu ne m'expliquera pas ce qu'il se passe actuellement, je ne bougerai pas. Je resterai là. Comme à chaque fois que tu es resté à mes côtés. Dis-je d'un ton glacial.

Je ne m'approche pas de lui. N'allons pas tenter le diable. Le diable.. C'est le cas de le dire. Son visage est déformé par la douleur et la haine, on croirait voir un démon. L'effet est à s'y méprendre. Je ne sais pas ce qui le rend dans cet état mais j'espère que ça ne vas pas durer trop longtemps. Si il faut remonter à la source du problème, je le ferai. Alec est une personne extrêmement forte mentalement, il ne s'est pas mis dans cet état tout seul. C'est obligatoirement dû à un evement. Depuis tout petit, il ne se met dans ce genre d'état que lorsqu'il perd le contrôle sur son mental. Ce qui signifie que quelque chose ou quelqu'un l'a poussé à bout.. Ou à trouvé un quelconque moyen de le mettre hors de contrôle. Il faut que je détruise ce qui te rend comme ça Alec. Je detruirai toute chose qui se mettra en travers de ton chemin.. Même si pour ça, mes mains doivent se teinter de ce liquide pourpre que je déteste tant. Je vais peindre de ce sang poisseux chacune de tes blessures afin de les cicatriser. Personne ne peut te faire du mal, personne. Je me mets à rire et agite mon couteau dans ma main. Détruire. Exterminer. Anéantir.. Pour mieux reconstruir. Depuis petit, on a toujours fonctionné comme ça. Essayez de nous détruire.. Vous ne feriez que nous rendre plus forts et plus sauvages. Hargneux. Haineux. Monstrueux.

Je m'approche alors de quelques pas, agacé. Je me tiens à presque un mètre de mon cousin. La distance de sécurité est importante. Si il me blesse.. Je promet à ce qui a pu le rendre dans cet état de lui faire vivre un enfer. Tu verras Alec, même si je dois être viré de cette école, je te vengerai. Peu importe les conséquences. Personne ne s'en prend à toi. Personne. Tant que je n'aurai pas terminé mon travail.. Ils n'auront aucune raison de me virer d'ici. Ah.. Si tu me voyais Lowell, tu serais si fier de moi. Haha. Je deviens comme toi.

- Parle moi. Tant que tu ne me diras rien, je resterai la. Plus vite tu auras parlé, plus vite tu pourras être débarrassé de moi. Allez.

Je fais claquer ma langue et me prépare à sortir mon couteau, juste au cas où.

Je le vois faire des vas et viens dans ma direction. Pars, je t'en supplie, vas t'en. Tu ne dois pas me voir comme ça. Je suis si faible et si minable. Quitte cette putain de chambre avant que du mal se fasse, avant qu'un meurtre s'y commet. Je serre les dents. Comment lui expliquer que je me suis fait avoir contre mon gré, comme une merde? Il le voit dans un état des plus pathétiques, lui qui a l'habitude de me voir fort, je ne peux que le décevoir. Je sais comment il est, comment il fonctionne, il pourrait faire du mal s'il le voulait mais qu'il s'en aille c'est la seule chose que je veux. Je ne veux pas le blesser à nouveau, c'est hors de question. Il force et insiste pour que je parle mais je ne trouve pas les mots.

Je me lâche la tête et rigole sous la folie qui m'envahit. Je ne peux pas Zephyr, je ne peux plus. Je t'en prie...

-PARS DE SUITE! lui dis-je.Tu ne peux rien pour moi, tu ne peux rien.

Mes yeux se remplissent de larmes. La défaite y est. Je suis vaincu. Je n'aime pas perdre, j'ai de quoi me mettre dans ces états. Je suis au pied du mur, je l'ai été, forcé d'y être. J'essaie de me relever mais je m'effondre immédiatement au sol. Mes jambes ne me tiennent plus. Je ne suis pas assez faible mentalement, il faut que ça se répercute physiquement bien entendu. Un autre rire jaillit de mes lèvres. Les larmes commencent à couler le long de les joues, mon rire s'efface et j'attrape en me redressant les bras de Zephyr et y aperçois un couteau.

-Non, non, NON. TU N'ES PAS DANS LE COUP DIS MOI? PAS TOI! APRÈS TOUT CE QUE J'AI FAIT POUR TOI! Tu décides de mettre un terme à ma vie...

Je pleure en sanglots. Je lui faisais confiance. Je ne le reconnais pas. Lui et Joy contre moi? Pourquoi? Je revois l'image de mon père, seul avec lui, où il m'apprenait à vivre et a être un homme fort. Je suis désolé. Tu dois avoir honte d'avoir un fils aussi minable que moi. Tu ne t'en remettrai pas si tu étais encore en vie. Je n'arrive plus à rien. Sous la douleur, mes mains se resserrent sur les poignets de Zephyr, à un point où je pourrais les lui briser.

-VAS Y. FAIS LE. Tu n'attends que ça, ordure. TUE MOI OU C'EST MOI QUI LE FERAIT.

Zephyr Ò Broin.

- VAS Y. FAIS LE. Tu n'attends que ça, ordure. TUE MOI OU C'EST MOI QUI LE FERAIT.

Je ne sais pas qui est le bâtard qui organise ce canular et si c'est une caméra cachée je jure de démonter cette personne, de l'égorger et de me branler dans ses restes. Ses mains me font mal.. Bordel. Il a toujours eu plus de force que moi, je le sens bien aujourd'hui. Mais n'oublie pas que je suis le fourbe mon chéri. Je donne alors un coup de pied dans le torse de Alec, l'envoyant en arrière. Je viens alors m'asseoir sur son estomac, l'attrapant par le col de son haut pour remonter son visage. Ses larmes me brisent le cœur.. Tu n'es décidément plus toi.

- Enfoiré. Si tu penses que je suis capable de te tuer.. Alors je ne sais pas ce qui me retient de te defoncer. La, tout de suite. TU PENSES RÉELLEMENT QUE JE SERAI CAPABLE DE TE TUER ? TOI.. MON COUSIN.

Je grogne et plante violemment le couteau dans le plancher. Bordel.. Je ne m'énerve pas souvent mais quand je le fais je sais que je perds petit à petit tout humanité. Je serai prêt à le frapper, le détruire pour les mots qui viennent de traverser ses lèvres.. Mais je ne le ferais pas. Il est déjà assez mal comme ça. Putain. MAIS D'OÙ IL VIENT CE MAL ?! Je resserre ma main autour de son col.. Je ne dois pas céder à la colère. Non. Surtout pas. Frapper sur Alec n'arrangera rien.
Je soupire et viens le prendre dans mes bras. Je le serre fortement contre mon corps et caresse son cou. Je ferme les yeux un instant, être contre lui me calme instantanément. Je desserre les dents et viens déposer un baiser sur son front. Mes mains viennent prendre chacun des côtés de sa tête et mes pouces essayent d'essuyer ses larmes. Je ne sais pas comment lui prouver que je suis incapable de le tuer.. Je ne sais même pas POURQUOI j'aurai à le faire. Il me semble que c'est évident. Bordel. Je ne dois pas lui en vouloir.. Il n'est pas dans son état normal. Il va donc me falloir de la patience. Expliquer les choses calmement sans s'emporter.. C'est vraiment pas mon fort. Je viens alors poser mes lèvres sur les siennes, je ne l'embrasse pas réellement. Disons que je pose juste mes lèvres contre les siennes. Rien de plus. Je me recule alors et le regarde droit dans les yeux.

- Tu crois que si j'étais un connard capable de tuer son cousin, je serai capable de faire ça, hein Alec ?

Je prends la voix la plus douce possible en lui caressant le visage tendrement. Mon dieu.. Je n'arrive même pas à te reconnaître. Ce regard n'est pas le tien. Et il ne sera jamais le tien. Actuellement, ce n'est pas toi. Je le sais. Tu n'es plus toi-même..

- Écoutes moi, Alec. Je ne te veux aucun mal. Vraiment aucun, d'accord ? Regarde, je t'avais même apporté un cadeau. Je lui montre le coffret de mediator qui se trouve désormais sur le sol. Je ne peux pas te faire de mal. Tu sais très bien que j'ai toujours un couteau sur moi, hein ? Je l'ai pris pour me protéger. Même si je sais que tu ne me ferais aucun mal intentionnellement.

J'essaye de garder une voix calme même si je sens qu'elle tremble sous la colère.. Je detruirai ce qui a pu te mettre dans un tel état. Mon dieu. Je ne cesse de caresser ton visage. Je ne sais plus si c'est pour me rassurer moi ou pour essayer de te calmer. Je te reprends dans les bras, faisant glisser l'une de mes mains dans ton dos pour y tracer de petits cercles que je veux apaisants.

- Je suis là pour toi Alec, tu n'oublies pas ça, hein ? Si tu ne veux pas parler aujourd'hui, alors ne parle pas. Je n'aurais pas du te forcer. Pardonne moi.

Je caresse doucement ton crâne avant de venir embrasser ta joue. Je ne sais pas ce que je fais.. Je ne sais pas ce qui est en train de se passer mais la colère boue en moi. Les verbes "detruire", "anéantir" et "exterminer" se répètent sans arrêt dans mon esprit. Je te vengerai Alec, je te vengerai.

Je le sens contre moi, je pleurs de plus bel. Mon visage et ma bouche se déforment à cause de la douleur. Je n'arrive même plus à sortir le moindre mot, le moindre son. J'aimerais lui dire ce qui ne va pas, lui expliquer de a à z ce qui s'est passé. J'essaie de me retourner à plat ventre et je rampe jusqu'à mon lit. Cette corvée est rude pour l'état que je suis. Des bruits de douleur parviennent à sortir de ma gorge. Ma respiration ne fait que s'accélérer. Ainsi que les battements de mon coeur. Je ne suis même pas encore arrivé au lit que j'ai déjà l'impression d'avoir franchi la manche à la nage tellement je rame. Ma vision se fait floue mais je persiste. J'attrape mon drap et le fais venir jusqu'à moi, laissant apparaître aux yeux de Zephyr, un dessin de Joy. J'espère qu'il comprendra la source bien qu'il ne sache pas le reste.

J'essaie de repartir vers mon bureau, toujours en rampant pour y attraper un stylo mais mes bras sont mous et ne réagissent plus. J'ai l'impression de mourir. J'ai envie de mourir et d'en finir mais ça serait lâche de ma part, et Papa, je ne suis pas un lâche. J'ai enduré des épreuves dans ma vie qui ont fait de moi un homme comme tu aurais aimé me voir. Je te rendrai fier et me relèverai plus fort après cette galère. Je te le promets, je te le jure. Tu peux me faire confiance Papa, je ne te décevrai pas. J'essaie encore de dégager quelques mots. J'ai compris le message. Mon cousin ne me fera rien, quel imbécile d'avoir pensé une seule seconde le contraire. Je m'en veux, j'aimerais me battre pour me sortir ces idées de la tête. Je m'allonge au sol, épuisé, après si peu d'efforts.

-Zephyr... lui dis-je dans un souffle faible. Tarrtháil...

Je ne sais pas s'il a gardé le gaélique de notre enfance mais ce dernier me revient plus ou moins en mémoire. Mes souvenirs me font rappeler cette langue que j'avais essayé d'oublier, pour ne plus penser à mon passé, à ma famille, aux affaires. Ma tête s'écrase au sol et laisse un bruit sourd s'y échapper. Les traits de mon visage continuent à se tordre de douleur. Ma bouche reste à moitié ouverte au cas où qu'on son voudrait sortir. Je respire fortement.

-Is as... I... Joy... Drug..

Ma respiration se fait de plus en plus entendre. Je pose mes mains sur mon torse et ferme les yeux pour me calmer mais cela me fait voir des choses horribles comme des meurtres dans les rues de Dublin, auxquels on a assisté avec Zephyr, lors de malentendus durant des négociations. Je revois chaque scène comme étant spectateur. Mes mains se ferment en poing, mes sourcils se froncent par la haine. J'ai encore cette impression d'être là-bas, dans ce pays qui m'a laissé toutes ces entrailles et cicatrices qui aujourd'hui se sont remises à saigner.

Zephyr Ò Broin.

J'essaye de me concentrer sur les quelques mots qu'il prononce. Mon dieu.. Je me sens tellement mal. Mon cousin à l'air de perdre la vie à chaque mouvement. Je vois bien qu'il lutte et ça me rend le coeur. Je me rapproche de lui, penchant mon visage vers le sein afin d'entendre ce qu'il me dit.

- Is as... I... Joy... Drug.. 

Les seuls mots qui m'intéressent son Joy et Drug. Je fronce les sourcils et serré les poings avant de récupérer mon couteau que je glisse dans ma poche. Bordel.. Je comprends mieux son état. Une putain de drogue. MAIS COMMENT IL A PU SE LAISSER AVOIR ?! Je boue intérieurement. Au moins maintenant je peux poser un visage sur le mot "coupable". Haha.. Toi ma jolie, on va s'amuser tout les deux. T'inquiète pas. On va bien rigoler. Je caresse la poche ou se trouve mon couteau en commençant à rire de manière presque hystérique. Mon dieu.. Le vilain Zephyr va reprendre du service. Enfin. Le côté léger et enfantin peut allé se faire foutre royalement.
Je me retourne alors vers Alec. Je ne peux pas le laisser comme ça. Je me rapproche de lui et essaye de le porter dans mes bras pour le poser sur le lit. Je finis par y arriver en manquant de nous faire tomber. Il va falloir que je me muscle si je veux réussir à le porter dans mes bras un jour. Je secoue mon visage avant d'attraper sa couette que j'installe sur lui. Je viens m'asseoir près de lui afin de pouvoir caresser sa joue. Je viens alors déposer un baiser sur son front.

- Alec, je te promets qu'on va arrêter tout ça. Sois fort, je sais que tu es fort. Tu es un homme très fort. Tu peux endurer ça.. Je veux juste que tu me promettes de rester sage. De ne rien tenter de stupide.. Parce que je te le ferais regretter.

En disant cela, je viens poser mon index sur le bout de son nez avant de le remplacer par mes lèvres. Je ne peux définitivement pas le laisser seul. Si elle revenait ici.. Il faudrait que j'installe des pièges fauchant la tête de toute personne qui osera ouvrir cette porte. Bordel. Je me lève alors, cherchant une bouteille d'eau. J'en trouve une sur le sol, je l'attrape et reviens vers Alec.

- Il faut que tu essayes de boire. Ne bouge surtout pas, je m'en occupe.

En disant cela, je viens doucement et délicatement relever sa tête pour amener la bouteille à ses lèvres et essayer de le faire boire.. Il a l'air de mourir de chaud. Mais surtout de douleur.. Ma jolie, court, court.. Si je t'attrape il ne te restera que des prières alors trouve toi vite un Dieu pour qu'il puisse te pardonner. Car ce ne sera pas mon cas. Je prendrai même un malin plaisir à tailler le prénom de mon cousin dans ta chair.
Je repose la bouteille et passe ma main dans ses cheveux. Comment pourrais-je te laisser la, hein ? Tu as tellement mal. Je ne sais pas combien de temps cette drogue fait effet.. J'espère seulement qu'elle ne laissera pas de séquelle.

Je dois me la jouer technique pour cette vengeance. Je ne vais pas attaquer la jolie fille de chine tout de suite. Je vais attendre quelques jours. Ce serait bête de mettre en l'air la soirée du Passeur. Même elle a déjà commencé à le faire en mettant Alec dans cet état. Il ne viendra certainement pas. Je grogne. Je ne vais pas la tuer tout de suite. Ce serait bête de se faire virer tout de suite. Je vais attendre encore un peu avant de rejoindre Lowell. Mais tu ne gagneras pas ma chérie, ça je peux te le jurer. Chez nous, on paye ce genre d'affront de notre vie. Si Lowell était resté un peu plus longtemps, tu aurais pu comprendre comment on règle ça afin de voir ce qui allait t'attendre. Personne ne touche à mon cousin. Surtout pas une petite princesse déçue d'une peine de coeur. Si tu avais eu un minimum de bon sens ma fille, tu n'en serai pas la. Je ne vois pas pourquoi t'en prendre à lui alors que c'est toi qui est aveugle. Punir les autres pour sa propre connerie, il n'y a rien de plus lâche. Je me mets à rire légèrement. Dire que je commencai à t'apprécier ma chérie.. C'est vraiment con que je te préfère morte a présent.

- Je vais te laisser tranquille mon cheri, d'accord ? Reste sage, je t'en supplie. Je te promets que tu l'auras ta vengeance. Une vraie vengeance.

Je viens dépose un petit baiser sur son front en terminant ma phrase. Son visage est crispé par la douleur mais il reste tout de même adorable. Je soupire et passe mes doigts sur sa joue avant de ramasser le coffret de mediator que je viens poser à côté de lui. Un dernier coup d'œil à mon cousin, vérifiant que la bouteille d'eau soit à proximité et je commence à me retourner pour partir.

- Je te laisse tranquille Alec.

Avant de quitter la pièce, j'attrape la clé de Alec et sort de la chambre en la fermant à double tour derrière moi. Avant de glisser la clé dans ma poche. Repose toi Alec..

Je ne supporte pas le fait d'être dans cet état. J'essaie de regarder mon cousin pour voir s'il a compris le message. D'après ses grognements et son expression, il semble l'avoir pigé. Je crois que j'ai activé cette part d'ombre qui dormait en lui. Il me parle probablement pour me rassurer mais comment lui dire que je ne distingue aucun mot? Ce dernier vient à moi. Je me laisse faire par mon cousin. J'ai l'impression d'être un malade dans un asile bien que l'infirmier soit plus doux pour mon putain de cas. Ça ne fait que quelques heures et j'ai déjà envie de tout envoyer en l'air. Je ne bouge plus et je suis des yeux la silhouette de Zephyr sortir, m'enfermant dans ma propre chambre. J'ai l'impression d'être lui dans les chambres du château. Je pense soudainement à Lowell. Après une telle action il a était viré de l'école. Joy par contre, chouchou de merde de la directrice, n'aura aucune sanction. Bien entendu, même pas une minute de colle. Ça serait de la folie. Hahaha. Si elle voyait ce qu'était la folie. Elle étant à ma place, elle se jetterai par dessus bord dans l'heure qui vient. Pourriture. On est quitte tu disais? Tu as deux vengeance à ton effigie. N'oublie pas cet incendie que tu as créé dans ma chambre. Je ne rentrerai pas dans ton jeu. Je ne risquerai pas ma vie pour toi. Une fille comme toi n'en vaut pas la peine.

Je tente de m'endormir malgré les souvenirs et les cauchemars que cela provoque. J'essaie de passer outre bien que la tâche soit difficile. Les yeux fermés, je me tourne et retourne sans arrêt. De la sueur commence à se former et à couler le long de mon front. Cela va durer une heure, peut-être cinq. Je perds la notion de temps mais j'ai apparemment retrouvé un peu de force. Je me redresse sur mes bras et essaie de voir l'heure qu'il est. Ma vision semble être revenue intacte. J'aperçois les plectres au sol et pense à Zephyr. Je ne sais pas quand il est parti mais il a oublié que je pouvais sortir en transplanant. Mais je n'en ferais rien pour l'instant. Je sortirai seulement quand j'en sentirai le besoin.

Repenser à lui me fait voir un autre épisode de ma vie. Pas le plus joyeux mais pas le plus triste non plus. C'était la première fois que je tuais un homme mais c'était pour la bonne cause. On s'attaquait directement à Zephyr, autrement dit ma seule famille. On avait 13 ans. Ça se passait encore à Dublin. De Cork, on avait marché jusqu'à là-bas pour essayer de s'enfuir et depuis nous y sommes restés. La capitale était grande et c'était plus simple de passer incognito. Nous étions dans une ruelle, prêts à conclure un contract pour une grande somme. Nous avions dit au gang de n'envoyer qu'une personne pour nous donner les billets et cette personne est venue. Malheureusement ce fut un piège. Des hommes arrivèrent par derrière et attrapèrent Zephyr, pour me faire du chantage, voyant que j'étais celui qui prenait les décisions. J'étais encerclé. Je récupérais lentement un flingue qui se trouvait dans ma poche et immédiatement je tirais deux balles qui vinrent viser la tête des deux autres complices. Zephyr était comme sonné. Je me mis à pointer mon arme vers la personne de départ. Celle-ci nous passa le sac et s'enfuit en courant. Je me retournais vers Zephyr et lui adressais un sourire de vainqueur qu'il me rendit aussitôt. C'est la dernière image que j'ai de ce passage.

Heureusement que j'ai appris à manier ces petits bijoux. Je n'ai eu aucune peine en les visant, aucun regret, aucun sentiment si ce n'est celui de ma satisfaction. On ne s'est jamais fait attraper. Peut-être qu'une bonne étoile veillait et veille sur nous. Peut-être que nos parents observent chaque fait et geste et essaient de faire ce qui est en leur pouvoir. Je ne saurais dire.

Je me décide à me ballader dans les couloirs de l'école. Je ne sais pas à qui rendre visite. J'ai toujours aussi peur de ce que peuvent penser les personnes avec qui j'ai créé des liens. Je n'ai qu'une relations plus ou moins honnête avec la jeune Zelda et le grand Alec. Mais j'ai quitté depuis peu Zelda, je ne vais pas aller la retrouver. Je me dirige donc vers le dortoir des Fires en espérant y trouver Alec. 

Je frappe à la porte mais je n'ai aucune réponse. Je tente d'ouvrir la porte qui semble ouverte. Je m'infiltre à l'intérieur et regarde tout autour de moi. Personne. Ça ne fait rien, je l'attendrai même s'il ne devait revenir que d'ici un ou deux jours. Je n'ai que ça a faire. Je ne veux pas encore affronter la réalité. Elle me fascine autant qu'elle me fait peur.

Je ferme la porte derrière moi sans faire de bruit et viens m'installer à son bureau, que j'observe. Il n'y a pas grand chose de plus depuis la dernière fois que je suis venu. Je regarde sa guitare, et essaie de jouer un air, ma main gauche essayant de frapper quelques cordes et ma main droite tenant le manche. Ça donne un son affreux, qui me fait froncer les sourcils.

Je m'en vais rejoindre ma chambre après le dortoir de Martin. Je respire un grand coup. Je me sens libre. Je me sens moins nerveux, voire pas du tout. Je me sens bien et moi-même. Les effets ont dû s'être dissimulés. Ce n'est pas trop tôt. Ce fut long, mais ça doit être moins long que ce que Zephyr doit endurer. Mon sourire de joie s'efface. Je n'en reviens toujours pas que Lowell soit allé si loin même si d'un côté on ne peut attendre que ça venant de lui. C'est la seule chose qu'il sait faire, il se doit d'exploiter son soi-disant talent. 

Arrivé vers mon dortoir, j'entends un son de guitare venant de ma chambre. J'avance à pas de loup et ouvre discrètement la porte de ma chambre et y aperçois une tête rousse aux cheveux courts. Je souris. Cela doit être Maxence. Je laisse faire et m'approche doucement de son oreille.

-Peut-être que si tu tenais la guitare à l'endroit ça sonnerait mieux, tu ne crois pas? lui dis-je en un murmure.

Je retourne ma chaise pour que Maxence soit en face de moi. Il. C'est maintenant un il. Un il qui s'assume enfin. Ses traits sont si marqués. Dire qu'il les a effacé pour être une femme. C'est du gâchis. Je souris de nouveau et lui ébouriffe les cheveux.

-C'est bon de te revoir ainsi. Ça te va beaucoup mieux tu sais?

Je vais chercher des cigarettes dans ma table de nuit et reviens vers lui, lui tendant le paquet pour qu'il prenne une cigarette.

-Ne m'en veux pas mais tu as une tête de fumeur comme ça. 

J'en prends une et l'allume pour ensuite balancer le paquet sur mon bureau. Je m'approche de la fenêtre pour l'ouvrir et fumer. Je croise les jambes, m'acoude au rebord de la fenêtre et me tourne vers Maxence.

-Que me vaut l'honneur de ta visite, mon cher? lui demandais-je en crachant la fumée.

Je sursaute en entendant la voix d'Alec derrière moi. Je pose la guitare et me laisse tourner. Je lui souris en gage de remerciement. Quand je disais qu'il était le seul à m'accepter, je ne rigolais pas. Il me propose une cigarette que j'accepte volontiers. Je lui demande de l'allumer et le suis du regard jusqu'à la fenêtre. Je reste assis, les jambes grandes écartées en fumant. Ça faisait longtemps que je ne pouvais pas faire ça. Lorsqu'on est une fille on ne doit ni fumer, ni écarter les jambes. Vous savez, ça donne un mauvais genre à ce qu'on dit mais "on" est un con et je l'emmerde bien profond à présent. 

-Que me vaut l'honneur de ta visite, mon cher?

Je me relève rapidement et marche vers Alec, m'accoudant à mon tour à la fenêtre. Je baisse la tête et prends quelques taffes avant de répondre.

-J'avais besoin de voir quelqu'un qui je sais, ne me rejetterait pas. 

Je reprends une bouffée et recrache la fumée à l'extérieur. J'aimerais lui parler car la dernière fois, lorsqu'il y avait Aaron, il a su trouver les mots juste pour me rassurer.

-Je suis à nouveau moi. Maxence Chevalier, un mâle et fier de l'être mais un mâle ayant peur de blesser les personnes qui lui sont chères à cause de ce changement soudain. 

Je laisse tomber ma tête le plus bas possible et recule mes jambes comme pour me faire un appui, en en pliant une pour ne pas glisser sur le plancher. Je n'ai rien de plus à expliquer. Peut-être me comprendra-t-il? Je n'arrive pas à me faire à l'idée que c'est à lui que je me confie. Ce n'est pas comme un meilleur ami mais plutôt une connaissance avec qui j'ai eu des rapports mais qui m'inspire confiance.

-Mais je ne vais pas t'importuner plus longtemps. Même en restant avec toi sans parler, ça me suffit. 

Je me sens comme en sécurité avec lui à côté de moi. Je ne peux pas dire pourquoi mais comme c'est un homme qui a assez confiance en lui, je me sers de cette confiance pour me rassurer et me ressourcer sans lui pomper.

Je me recule de la fenêtre et gardant ma cigarette dans ma main droite. Je pages derrière lui et pose mon corps contre le sien en le rapprochant de la fenêtre. Je lui passe mon bras gauche autour de la taille pour le tenir et pose ma tête sur son épaule. Il est à peine plus petit que moi donc il me sert de repose tête. C'est vrai que dans cette position nous ne semblons pas très viril et hétéro, bien que pour lui, ça ne risque pas de l'être mais c'est pour le rassurer. 

-Je ne te rejetterai pas. Pourquoi rejeter quelqu'un qui s'assume? C'est insensé. Si tu blesses les gens et qu'ils ne te pardonnent pas, laisse faire, ceux sont des cons. Tu as peut-être menti en te montrant sous un autre jour mais à t'entendre tu restes le même. Ça ne devrait poser aucun problème, rassure toi. 

Je reprends une taffe. Je ne lui parle que du côté positif pratiquement et il est en mon devoir de lui dire les mais qui sont vraiment possibles, bien que je les ai plus ou moins mentionné. Je me recule de quelques pas et le retourne face à moi en l'adossant à la fenêtre. Je lui tiens la tête de ma main gauche en lui caressant la joue avec mon pouce.

-Si au contraire, tu devais perdre tout le monde à cause de cela, sache que je suis là pour toi et que tes camarades de chambres, comme Martin que je connais, t'accepteront. Il est ouvert d'esprit, lui je le sais. L'autre je ne le connais mais peu importe. 

Je prends une pause avant de continuer. Je tire la dernière taffe et balance la cigarette par la fenêtre. C'est ça que j'ai oublié de prendre. Un cendrier. Je lâche Maxence et lui prends la main pour l'assoir sur la chaise. Je m'accroupis devant lui en me retenant à ses genoux.

-Je sais, ou du moins je devine que lorsque tu parles de personnes que tu peux blesser, Aaron doit être dans le lot. Si j'ai l'occasion de le voir avant toi je lui ferais savoir la nouvelle pour le préparer. Si après cette préparation mentale il te rejette, ainsi que les autres personnes que ça peut blesser, sache qu'au début ça sera dur à accepter mais que si au fil du temps ils n'acceptent toujours pas, c'est qu'ils sont idiots. 

Je respire un grand coup afin de finir ma tirade. Ou plutôt mon monologue actuellement car il m'écoute plus qu'il ne parle.

-Ils seraient idiots car tu es quelqu'un d'un grand charisme, prêt à tout pour les autres, pour les aider. Ça serait une erreur de te lâcher. Et j'espère que si ça devait en venir jusqu'à là, ils le regretteront toute leur vie, jusqu'à leur dernier souffle.

Je le redresse en me servant de ses genoux pour appui et lui attrape la tête pour l'embrasser sur le front, comme un frère le ferait. Je pose mon front sur le sien et parviens à regarder ses yeux bicolores.

-Et surtout Maxence, ne laisse jamais personne te faire regretter ce que tu es maintenant. Tu peux être fier de la personne que tu es. Ne leur laisse pas le pouvoir de te détruire. Jamais. 

Je lui redépose un baiser sur sa chevelure rousse et me recule de quelques pas.